Trump se moque du monde entier
La guerre commerciale qu’il mène, notamment envers le Canada, est en train de devenir un conflit mondial

Guillaume St-Pierre – analyse
Un appui prudent des Européens et des signaux contradictoires de l’administration Trump concernant la souveraineté canadienne : le monde entier marche sur des œufs face au président américain, qui multiplie les déclarations grotesques envers ses supposés alliés.
Après la récente humiliation du président ukrainien Volodymyr Zelensky, une autre scène surréelle s’est jouée hier dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche.
Le président Trump, qui reprend ses menaces d’annexion du Canada et du Groenland, avec, assis à côté de lui, le grand patron de l’OTAN, l’alliance militaire des pays occidentaux.
« Pour être honnête, le Canada ne fonctionne qu’en tant qu’État, a craché Donald Trump à côté de Mark Rutte. Nous n’avons besoin de rien de ce qu’ils ont. En tant qu’État, ce serait l’un des plus grands. Ce serait un pays visuellement incroyable. Si vous regardez une carte, ils ont tracé une ligne artificielle qui le traverse. »
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Petits appuis
Visiblement embarrassé, Mark Rutte lui a répondu par un silence assourdissant.
Il n’est pas plus venu au secours du Groenland, qui en tant que territoire autonome rattaché au Danemark, fait partie de l’alliance que le Canada a aidé à fonder en 1949.
« Je vais rester en dehors de cette discussion », a-t-il souligné avec un rire gêné.
Contrairement au chef de l’OTAN, les pays européens se sont faits plus vocaux, tout en restant prudents, lors du G7 des Affaires étrangères qui se tient dans Charlevoix, dans la Capitale-Nationale.
« Je crois que le Canada restera le Canada à l’avenir », a affirmé le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani.
La représentante allemande, Annalena Baerbock, et celle de l’Union européenne, Kaja Kallas, ont offert un subtil clin d’œil au pays hôte, l’une portant une robe blanche et l’autre une robe rouge en soutien au Canada.

Fallait-il s’attendre à plus ?
Face à Trump, les Européens aussi en ont plein les bottes.
La guerre tarifaire, qui visait surtout, jusqu’à cette semaine, le Mexique, le Canada et la Chine, a rejoint leurs côtes.
Aux tarifs de 50 % sur le whisky américain, Trump a menacé l’Union européenne d’imposer des droits de douane de 200 % sur leurs champagnes, vins et autres alcools.
À cela s’ajoute la guerre en Ukraine qui se joue dans leur cour arrière sans le soutien indéfectible américain depuis l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche.
Interlocuteur moins fou ?
À travers cette mer d’insultes, le Canada pourrait-il éventuellement compter sur un interlocuteur plus raisonnable et respectueux ?
Osons être optimistes avec la nomination de Pete Hoekstra, la personne choisie par Trump comme ambassadeur au Canada.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Assailli de questions de démocrates sur le traitement réservé par Trump à son allié du nord, Pete Hoekstra a fini par lâcher que le « Canada est un pays souverain, oui ».
En arrivant à Québec pour le G7, le secrétaire d’État Marco Rubio a dit qu’il participait à ce genre de rencontre au nom des États-Unis pour « contrer nos adversaires et soutenir nos alliés ».
Il aurait fallu qu’il nomme ces pays par leur nom afin de savoir de quel côté se situe le Canada aux yeux de cette administration délinquante.
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