Trudeau et la Chine: pourquoi cette hésitation?
![Photo portrait de Mario Dumont](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FMario_Dumont_404a020e89c-1505-4e20-b889-c4ca888696e6_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Mario Dumont
Le Canada procédera au boycottage diplomatique des Jeux de Pékin. Justin Trudeau et son gouvernement ont pris la bonne décision. Justin Trudeau a peut-être aussi pris la seule décision possible, une fois que ses alliés venaient de prendre la même décision dans les jours précédents.
Après l’annonce du boycottage des jeux par les États-Unis, l’ambassadeur américain ne s’est même pas gêné pour exprimer ses attentes. Il a dit croire que des alliés comme le Canada devraient « s’aligner » sur leur position. Petite tape sur l’épaule de l’ami Justin : « Trompe-toi pas ! »
En parlant le dernier, le Canada prend l’allure d’un suiveux. Et l’impression qu’il donne, c’est de le faire par choix.
L’image qui me vient en tête, c’est celle d’un participant insécure à un nouveau conseil d’administration important. Une proposition est mise sur la table. Il ne veut surtout pas se mouiller le premier. Il laisse parler les autres et écoute. Puis finit par dire « Moi aussi, je pense comme eux » avec la voix chevrotante et les babines molles.
Pourquoi l’hésitation ?
L’attitude de Justin Trudeau face à la Chine mérite qu’on s’y attarde. Pourquoi une telle hésitation ? Pourquoi les demi-mesures ? Après l’épisode des deux Michael, le Canada devrait être un pays particulièrement critique de la Chine en matière de droits de la personne.
Par exemple, dans le cas des Olympiques, est-ce que le Canada a volontairement attendu pour parler après les autres ? Dans une stratégie pour ne pas trop déplaire à la Chine ? Pour essayer d’avoir l’air du bon gars qui n’aurait jamais boycotté la Chine s’il n’en tenait qu’à lui, mais qui a été entraîné de force par ses alliés ?
L’attitude du petit gars qui justifie ses mauvais coups devant sa mère en se disant entraîné par un groupe d’amis. Si c’est le cas, c’est une position de faiblesse qui fera du Canada un pays de moins en moins respecté.
Biais personnel ?
À moins que l’hésitation du Canada face à la Chine ne découle plutôt des opinions personnelles de Justin Trudeau. Il a quand même exprimé il y a quelques années son immense admiration pour la Chine. Serait-il encore à cheval entre son sentiment naturel et la réalité politique que les événements lui ont imposée ?
Ou est-ce que le Canada n’a tout simplement plus de ligne directrice dans sa politique étrangère, au point d’être constamment en réaction ? Un pays ballotté par les événements et les positions des autres.
Ou encore le Canada est tout simplement terrifié par les menaces de la Chine. Peur de représailles économiques, peur de riposte politique ? On reporte les décisions concernant la Chine comme on reporte un rendez-vous chez le dentiste. Et on finit par trancher à minuit moins une, lorsqu’on est vraiment obligé. Cela expliquerait qu’on reporte depuis quatre ans la décision sur l’implication de Huaweï dans le déploiement de notre réseau 5G.
Dans le dossier chinois, le temps n’arrange rien. Courage, fermeté et cohérence, dans une action concertée avec nos alliés, voilà la seule recette.