Trudeau, ce canard boiteux
Nul besoin d’être devin pour comprendre qui, de Pierre Poilievre ou de Justin Trudeau, a le plus d’atomes crochus avec la future Maison-Blanche


Guillaume St-Pierre
OTTAWA | Le contraste ne peut être plus frappant.
Pendant qu’on fait la longue liste des insultes envoyées par l’entourage de Donald Trump à Justin Trudeau, un député conservateur, Jamil Jivani, est à Washington pour dîner avec son ami d’université, le vice-président J.D. Vance.
Nul besoin d’être devin pour comprendre qui, de Pierre Poilievre ou de Justin Trudeau, a le plus d’atomes crochus avec les occupants de la future Maison-Blanche.
En politique, les relations personnelles ne sont pas à négliger. Sur la base de leur amitié, Brian Mulroney et Ronald Reagan ont accompli de grandes choses.
Jean Chrétien et Bill Clinton étaient eux aussi de bons amis.
On pourrait penser que l’élection de Trump donne l’avantage à Pierre Poilievre.
Cela dépendra surtout des premiers mois de la présidence Trump d’ici aux prochaines élections fédérales. Et ils pourraient être chaotiques.
Avantage Poilievre?
Les forces en faveur du changement qui ont offert la présidence à Donald Trump sont semblables à celles qui permettent à Pierre Poilievre de caracoler dans les sondages.
Un sentiment que les élites ont laissé tomber le travailleur ordinaire et les jeunes, au profit d’un discours identitaire fragmenté dans lequel ils ne se reconnaissent pas.
Tout porte à croire que cette impression est fortement ancrée dans la population. On voit difficilement comment Justin Trudeau peut inverser la tendance qui donnera les clés du pouvoir à Pierre Poilievre.
À moins que Trump ne vire complètement capot dans les semaines suivant son arrivée en poste fin janvier, ce qui reste tout à fait possible, à en croire la bande de loyalistes sans réelles compétences qu’il nomme dans son équipe.
Amitié inconfortable?
Avec des si, on mettrait Paris en bouteille.
Mais que se passerait-il si un conflit armé éclatait dans le monde, si la garde nationale commençait à réprimer avec violence des manifestants, si l’inflation repartait à la hausse et que les bourses se mettaient à piquer du nez à cause de guerres commerciales, si le pays devenait paralysé par des soulèvements populaires?
Si, dans les mois précédant les élections fédérales, le Canada se mettait à souffrir concrètement des actions du plus imprévisible des présidents?
C’est le genre de chaos susceptible de donner la gueule de bois à une partie de l’électorat américain, et de placer les conservateurs de Pierre Poilievre dans une position délicate, de par leur amitié avec notre potentiel bourreau.