12 maisons atteintes par des projectiles en trois mois dans la grande région de Montréal
Laurent Lavoie et Valérie Gonthier
Pour une 12e fois en un peu plus de trois mois, une résidence de la grande région de Montréal a été ciblée par des coups de feu, cette fois à Terrebonne, dans la nuit de mardi à hier.
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Vers 2 h, des citoyens ont appelé le 911 après avoir entendu des coups de feu sur la rue de l’Érable-Noir.
À leur arrivée, les policiers ont localisé au moins un impact de projectile d’arme à feu, près de la porte d’entrée d’un jumelé.
Les cinq personnes occupant les lieux, âgées de 18 à 55 ans, n’ont pas été blessées. On ignore pour l’instant s’ils étaient visés par l’attaque.
L’événement n’est pas unique. Depuis le début de l’année, des coups de feu ont été tirés sur au moins 12 résidences à Montréal, mais également sur la Rive-Sud et la Rive-Nord, selon des données comptabilisées par Le Journal.
L’an dernier, davantage d’événements semblables avaient été recensés. Des projectiles avaient en effet atteint des résidences à au moins 19 reprises, entre juillet et novembre 2021. Et ces chiffres alarmants ne tiennent pas compte des crimes qui ne sont pas rapportés à la police ou de ceux qui ne sont pas rendus publics.
«Menaces de mort claires»
«C’est énorme. Ça devient presque habituel de voir ça et c’est épouvantable. La prolifération des armes amène une banalisation de l’utilisation», s’est insurgé le policier à la retraite François Doré.
Dans la majorité des cas, les coups de feu tirés sur des résidences servent à lancer un message.
«Ce sont des menaces de mort claires. Ça dit : “tu n’es à l’abri nulle part, on sait où tu habites”», a exposé la criminologue Maria Mourani.
Fait inquiétant : comme cela a été observé dans les dernières semaines, les criminels ne prennent pas tous la peine de bien faire leurs recherches et certains ont ciblé les mauvaises personnes.
«Un phénomène [qui est] observé est de faire faire le travail par des jeunes, de la cheap labor, pour passer les messages. Le problème, c’est qu’on donne une adresse qui n’est pas toujours validée, les jeunes vont là, font leur coup pour la glorification», a déploré le policier de Montréal à la retraite Stéphane Wall.
Balles perdues
Il s’inquiète aussi que lors de certaines fusillades ce soient des balles perdues qui ont atteint les résidences.
«C’est une question de temps avant qu’il y ait encore une victime innocente», a-t-il dit.
«Ils sont prêts à tirer n’importe où, sans aucun égard à la vie humaine. Mais tirer avec une arme à feu, ça nécessite un entraînement sérieux. Et ajoute à ça le stress lorsqu’ils tirent... c’est dangereux», a renchéri le sergent détective à la retraite André Gélinas.
Des voisins inquiets
Chaque fois qu’ils surviennent, ces événements ont de quoi troubler le sentiment de sécurité du voisinage.
L’attaque d’hier à Terrebonne, sur la Rive-Nord, a en effet provoqué une onde de choc dans ce quartier familial.
«Normalement, c’est un quartier tranquille, insiste Djenabou Baldé, dont les enfants ont remarqué la présence policière hier matin. Je m’inquiète à partir de maintenant.»
«Nos enfants sortent, promènent le chien. Ils jouent tout le temps dehors », ajoute une mère de famille qui préfère taire son nom, « comme on ne sait jamais avec qui on a affaire».
Les enquêteurs étaient toujours sur place hier en journée pour tenter de clarifier les circonstances de l’événement. Aucun suspect n’a été arrêté pour le moment.
Par ailleurs, dans les derniers mois, des coups de feu ont été tirés à deux reprises sur une bibliothèque, d’abord en décembre à Laval puis la semaine dernière, dans l’arrondissement montréalais d’Anjou.
Les balles pleuvent
Voici quelques exemples de demeures qui ont été visées par des armes à feu depuis le début de l’année.
Terrebonne, Domaine du Parc
◆ Hier
Un projectile d’arme à feu est atterri près de la porte d’entrée d’une résidence de la rue de l’Érable-Noir, à Terrebonne, tôt hier matin, troublant un quartier habituellement tranquille.
Laval, Sainte-Rose
◆ Lundi
Une balle a traversé la fenêtre du salon d’une maison tard lundi soir. Personne n’a été blessé. Deux adultes et trois enfants demeurent à l’adresse visée.
Montréal, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve
◆ Samedi
Des balles provenant d’un véhicule en mouvement ont atteint une résidence ainsi qu’une automobile stationnée vers 21 h 40, sans atteindre qui que ce soit.
Montréal, Île-des-Sœurs
◆ 1er avril
Une famille s’est réveillée avec des impacts de balles sur sa porte d’entrée en verre. « Je ne comprends pas ce qui s’est passé, pourquoi nous ? » s’était interrogée une résidente.
Montréal, Petite-Bourgogne
◆ 25 mars
Des balles perdues ont touché la minifourgonnette et fracassé la porte-fenêtre du salon d’une famille sans histoire.
Saint-Philippe, Rive-Sud
◆ 4 mars
Une maison aurait été ciblée par des coups de feu par erreur, selon la Sûreté du Québec. « Je comprends que les criminels ont des comptes à régler, mais vérifiez de pas vous tromper de personne », avait lancé au Journal le propriétaire.
Montréal, Saint-Michel
◆ 3 mars
Des appels au 911 rapportaient des coups de feu entendus vers minuit sur la 24e Avenue, près de la rue Villeray. Ils auraient été tirés à partir d’un véhicule en mouvement.
Montréal, Saint-Laurent et Ahunstic-Cartierville
◆ 1er janvier
Les policiers avaient d’abord été dépêchés à l’intersection de la rue Achim et du boulevard Keller pour des coups de feu. Un impact de projectile a été recensé sur un logement. Près de 45 minutes plus tard dans Ahuntsic-Cartierville, d’autres détonations ont été répertoriées. Un impact de balle a été trouvé dans la fenêtre d’un appartement.
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