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L'article provient de TVA Sports
Sports

Trois matchs sans Alphonso Davies pour le Canada

En Alphonso Davies, le Canada sera privé d’un rouage important jeudi soir au Honduras.
En Alphonso Davies, le Canada sera privé d’un rouage important jeudi soir au Honduras. Photo d'archives, AFP
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Photo portrait de Dave Lévesque

Dave Lévesque

2022-01-27T03:31:23Z
2022-01-27T04:02:24Z
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Le Canada amorce jeudi soir le segment possiblement le plus difficile de la phase finale de qualification pour la Coupe du monde de soccer.

L’équipe de John Herdman visite le Honduras avant de retourner au pays pour recevoir les États-Unis à Hamilton, dimanche, pour ensuite se rendre au Salvador mardi prochain.

Et tout ça sans Alphonso Davies qui est sur le carreau en raison d’une myocardite, conséquence de la COVID qu’il a récemment contractée.

« Ça sera une soirée difficile, mais nous sommes prêts pour ce genre de soirée », a insisté Herdman dans son point de presse d’avant-match, mercredi.

Gros morceau 

L’absence de Davies est un handicap pour le Canada puisqu’il est l’un des meilleurs arrières gauches au monde.

« C’est un joueur exceptionnel et tout le monde sait qu’il est important. L’opportunité dans ça, c’est qu’on a tout le temps un gars qui est prêt à prendre la place en relève », a souligné le gardien Maxime Crépeau plus tôt cette semaine.

Son absence pourrait finalement être un mal pour un bien puisque Herdman espère qu’elle ajoutera une petite dose d’imprévisibilité à son équipe.

« Au cours des derniers matchs, nos adversaires ont été en mesure de neutraliser Alphonso d’une certaine manière. »

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Crucial 

 Cette portion de la qualification est particulièrement cruciale pour le Canada qui est actuellement au sommet du classement avec 16 points, un de plus que les États-Unis et deux de mieux que le Mexique et le Panama.

Hormis le match contre les États-Unis, les deux autres adversaires sont très prenables puisque le Honduras est dernier (3 points) et le Salvador est avant-dernier (6 points).

Ce sont toutefois les longs déplacements avec une forte variation des conditions de jeu qui rendent la séquence de trois matchs en six jours complexe.

Qui plus est, le milieu de terrain Stephen Eustaquio représente toujours un cas douteux même si Herdman est optimiste de le voir jouer.

Mêmes conditions 

La rencontre sera disputée à l’Estadio Olimpico Metropolitano de San Pedro Sula, un stade particulièrement austère, voire hostile.

Herdman sait très bien que son équipe y sera froidement accueillie et que les conditions de jeu seront compliquées. Il s’inspire d’ailleurs de ce que son équipe a vécu au Mexique l’automne dernier.

« On a vécu beaucoup d’adversité à l’Azteca et on essaie de recréer le même état d’esprit cette fois-ci.

« C’est un endroit où il est difficile de jouer, où les partisans sont hostiles et en plus, le Honduras va se battre pour sa survie. »

Équipe différente 

Le Honduras a soutiré un match nul au Canada à Toronto lors du tout premier affrontement du tournoi, mais cette équipe présente toujours un visage bien différent quand elle joue dans ses terres.

« Ils créent beaucoup d’occasions de marquer et génèrent en moyenne 17 tirs par match à la maison », a noté Herdman.

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« Le terrain sera difficile et il aura un impact sur le match, il faudra s’adapter rapidement, le gazon sera haut et le ballon sera lent. »

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Cinq Canadiens à surveiller

On fait beaucoup l’éloge de la génération actuelle de l’équipe nationale canadienne et chaque fois, ça commence par le nom d’Alphonso Davies, mais il ne faut pas ignorer d’autres jeunes joueurs qui occupent bien plus que des rôles de soutien. Et ils auront la chance de se faire valoir lors des trois prochains matchs puisque Davies sera absent. Et les partisans montréalais en connaissent deux sur le lot.

Jonathan David

Attaquant | 21 ans

Derrière Cyle Larin, qui a inscrit 22 buts en 44 matchs avec l’équipe nationale, Jonathan David monte en flèche. Il n’a que 21 ans et après avoir marqué 30 buts en 60 matchs avec la Gantoise en Belgique, il a été transféré en Ligue 1 française pour une somme de 27 millions d’euros (38,74 millions $ CA). Avec Lille, une équipe de milieu de peloton (10e) en Ligue, il a déjà inscrit 12 buts cette saison et vient tout juste d’être dépassé au sommet des marqueurs du circuit, mais il est toujours devant des gros noms comme Kylian Mbappé, Neymar Jr et Lionel Messi.

Tajon Buchanan

Milieu | 22 ans

Après trois saisons avec le Revolution de la Nouvelle-Angleterre en Major League Soccer (MLS), il vient d’être transféré à Club Bruges, en Belgique. C’est un ailier dynamique qui déséquilibre énormément l’adversaire dans son couloir par sa grande vitesse et son étonnante mobilité. De plus, il possède une intelligence de jeu supérieure à la moyenne, ce qui lui permet souvent d’avoir un coup d’avance sur ses adversaires.

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Richie Laryea

Milieu | 27 ans

Il n’est plus jeune, mais c’est réellement cette année qu’il a émergé au sein du programme canadien. On aime le détester parce qu’il est très rugueux et qu’il a le don d’entrer sous la peau de ses adversaires. Ce n’est pas le plus talentueux de la bande, mais c’est malgré tout un joueur essentiel en raison de sa présence physique qui est toujours à la limite de l’acceptable. Il vient d’être transféré du Toronto FC à Nottingham Forest en seconde division anglaise.

Alistair Johnston

Défenseur | 23 ans

La nouvelle acquisition du CF Montréal s’est fait un nom avec le Canada. C’est un défenseur intelligent, fluide et juste assez abrasif qui est capable de dénouer des situations serrées en plus d’offrir une bonne première passe pour lancer l’équipe vers l’avant. Toujours très juste dans ses interventions, il a aussi le don de revenir de nulle part pour sauver des situations difficiles.

Kamal Miller

Défenseur | 24 ans

En seulement une saison avec le CF Montréal, il s’est forgé une réputation de défenseur solide et fiable, ce que l’on voit aussi quand il revêt le maillot rouge du Canada. Même s’il possède une certaine force brute, Miller joue avec une élégance indéniable et une assurance apaisante pour ses coéquipiers. Il sait être précis, voire chirurgical, dans ses interventions, ce qui limite de beaucoup le danger. Son jeu fluide entre la défense et l’attaque est un plus pour la brigade canadienne et à seulement 24 ans, il présente déjà des qualités de leader dignes d’un vétéran.

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Une journée noire pour le Canada 

Le Canada rendra visite au Honduras jeudi soir et il tentera d’exorciser l’une de ses défaites les plus humiliantes de son histoire.

C’est au même endroit, à l’Estadio Olimpico Metropolitano de San Pedro Sula que le Canada a subi une dégelée de 8 à 1 contre les Honduriens, le 16 octobre 2012.

Au-delà de la marque, la défaite a laissé des traces parce que le Canada était alors éliminé d’une participation à la phase finale de qualification pour la Coupe du monde de 2014.

Pourtant, l’équipe canadienne n’avait besoin que d’un verdict nul pour passer à l’étape ultime.

Contexte difficile 

Patrice Bernier se souvient bien de cette rencontre même s’il l’a regardée du bout du banc sans aller sur le terrain. Le contexte était difficile, le stade était négligé et la foule était hostile.

Et une fois au stade, les choses ont rapidement dégénéré. Le Honduras a pris une avance de 4 à 0 en seulement 25 minutes entre la septième et la 32e minute.

«C’est comme si une vague avait déferlé surtout après avoir pris le premier but. Dès le deuxième but, on sentait qu’on était déjà dans les cordes. On essayait de tout faire pour moins encaisser. On dirait que chaque montée qu’ils faisaient, ils avaient de la réussite.»

Pas besoin de dire que tout le monde avait le moral dans les talons à la mi-temps, car comme le mentionne Bernier, «à 4 à 0 dans le monde du soccer, normalement tu es éliminé».

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À tout cela, on ajoute des Honduriens métamorphosés lors de ce match.

«Certains des joueurs du Honduras jouaient en Major League Soccer (MLS) et ils n’étaient pas dominants. C’était le cas de Jerry Bengtson qui a marqué trois buts.»

«Benny Feilhaber de la Nouvelle-Angleterre m’avait même demandé comment Bengtson avait marqué trois fois contre nous quand il n’arrivait pas à marquer avec eux.»

«Les joueurs de ces petits pays, quand c’est le temps de jouer pour leur sélection, ils veulent vraiment tout donner et nous remettre dans le visage qu’on est meilleurs au hockey qu’au foot.»

Humiliation 

«C’est un match que tu veux oublier, mais que tu ne peux pas oublier parce que tu avais besoin d’un point dans un match crucial et tu te fais lessiver 8 à 1 comme si c’était un match amical.

«Les images ont fait le tour du monde. On sentait qu’on était un peu la risée du soccer à ce moment-là parce que d’habitude, ce sont des grandes nations contre les petites qui font des scores comme ça.»

D’ailleurs, ce revers a laissé des traces au sein de l’effectif qui a grandement été renouvelé par la suite.

«Je sais que les joueurs qui étaient là ont écopé et n’ont pas été rappelés en sélection. On a eu l’impression que plusieurs avaient été pris comme boucs émissaires de cette défaite.»

Jour sombre 

«Sans le cacher, c’est le jour le plus sombre de ma carrière, admet Bernier. Quand je suis revenu à la maison, les gens m’ont dit que j’étais chanceux de ne pas avoir joué ce match. Mais c’est un jour qui te marque et qui reste gravé dans ta mémoire.»

C’est précisément pourquoi il a continué de jouer plus longtemps qu’il l’entendait avec la sélection nationale.

«C’est une des raisons pourquoi en 2017, quand je n’avais pas besoin de retourner en équipe nationale, j’y suis retourné.

«Je sentais qu’il y avait une vague qui changeait avec les jeunes joueurs aspirants comme Mark-Anthony Kaye, Jonathan Osorio et Alphonso Davies qui était mon cochambreur. C’était un baume sur la plaie.»

Transition 

Il y a eu une période de transition pendant quelques années, mais les choses sont tranquillement rentrées dans l’ordre avec un bel essor à la fin de sa carrière internationale.

«C’était une période grise parce que c’était la fin d’une génération et il y a eu du flottement jusqu’à la Gold Cup de 2017 où on a vu qu’il y avait un nouvel élan avec une finale contre la Jamaïque.»

Sans que Bernier le dise ainsi, on sent qu’un tel massacre ne pourrait pas se reproduire.

«Le programme est maintenant entre bonnes mains et est positif et j’ai l’impression que ça va durer longtemps», souligne l’ancien capitaine de l’Impact.

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