Ces Américains veillent pour les prisonniers de l'assaut du Capitole
Agence France Presse
Emmitouflés dans leurs épais manteaux, une dizaine de personnes font face au froid devant une prison de Washington. Ils prient et chantent leur soutien pour ceux de l'autre côté de la grille, détenus pour leur rôle dans l'attaque du Capitole après la défaite de Donald Trump, il y a trois ans.
Chaque soir ou presque, ces défenseurs de l'ancien président se rassemblent dans ce «coin de la liberté», dans un quartier tranquille de la capitale américaine, pour partager pizzas, chocolats chauds, soutenir leurs proches et porter un message politique.
«J'ai le sentiment qu'il est important de montrer aux autres familles du 6 janvier qu'elles peuvent tenir bon, qu'elles iront bien», explique à l'AFP Nicole Reffitt. Son mari a été le premier à être condamné pour son rôle dans l'assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, quand le Congrès certifiait la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle.
Cette petite foule nocturne qui agite des drapeaux américains n'est pas isolée: de très nombreux Américains pensent encore que, malgré toutes les preuves du contraire et alors que s'ouvre une nouvelle année électorale, Donald Trump a remporté l'élection en 2020.
«Prisonniers politiques»
Près de 1 300 personnes ont été inculpées dans le tentaculaire dossier de l'assaut du Capitole, et une quarantaine d'entre eux sont actuellement en détention provisoire dans l'attente d'une condamnation dans cette prison de Washington, selon ce petit groupe.
Il s'est formé à partir de 2022, notamment autour de la mère de Ashli Babbitt, une assaillante qui avait été tuée par la police le 6 janvier. «Après que Ashli ait été tuée, je voulais lui donner une voix», déclare sa mère, Micki Witthoeft. «Je pense qu'elle aurait soutenu les hommes qui sont à l'intérieur.»
Si elle dit ne pas être pour accorder la grâce à tous ceux impliqués ce jour-là, elle assure qu'ils ont été condamnés trop fermement.
Ce soir-là devant la prison, la police surveille le cercle de fidèles, tandis que certains diffusent en direct sur YouTube ces petites cérémonies. Et comme souvent, ils appellent au téléphone ceux à l'intérieur, qu'ils désignent comme des «prisonniers politiques».
«Une farce»
Ces derniers parlent, durant leurs quelques minutes autorisées, de la météo, des nouvelles de la journée, ou encore demandent une aide financière. À 21h00, plusieurs coups de fil sont passés en même temps pour chanter ensemble l'hymne américain.
C'est cet esprit de solidarité que vient chercher Nicole Reffitt, pour être «l'équipe de terrain» qui apporte chaleur et réconfort aux autres familles et aide certains des proches accusés lors d'audiences au tribunal. En ce début janvier, au moment où Joe Biden, 81 ans, lance sa campagne en attaquant frontalement Donald Trump, 77 ans, elle préférait «une plus grande jeunesse» pour mener le pays.
Au téléphone, Tamara Perryman, dont le mari est accusé de violence sur un policier le 6 janvier 2021, discute de l'élection avec un autre détenu de l'assaut du Capitole, Frank Rocco Giustino. «Vous n'êtes pas vraiment des délinquants», lui dit-elle, celui-ci acquiesce et dénonce «une farce», avant que le téléphone ne coupe après la limite de temps autorisée.
Pour achever leur soirée à la lumière des lampadaires, ces veilleurs se tiennent par les épaules en cercle et chantent en coeur «God bless the USA», fameuse ode patriotique sur lequel Donald Trump entre en scène lors de ses réunions.