Faute d'argent, un organisme qui aide les personnes trans menace de fermer ses portes
Genevieve Abran
TransEstrie menace de fermer ses portes pour une durée indéterminée dès le 1er avril par manque de financements. L’organisme lance un cri du cœur pour rester en vie.
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«Je garde espoir que nos bailleurs de fonds vont reconnaître la valeur de l’expertise que TransEstrie possède et l’importance des services que nous offrons. On ressent chez nos usagers et nos usagères tout le soulagement que nos services leur offrent, et une fermeture complète à long terme de l’organisme pourrait s’avérer catastrophique pour nos communautés», déplore la responsable de la coordination générale, Geneviève Ste-Marie.
Depuis novembre 2020, TransEstrie reçoit une subvention via le Fonds de développement des capacités communautaires LGBTQ2 de Femmes et Égalité des genres Canada. Cette initiative gouvernementale offre un montant non récurrent à des organismes qui viennent en aide à la communauté LGBTQ+.
Puisque cette subvention n’est pas renouvelable, l’organisme, dont les locaux sont situés à Sherbrooke, a fait plusieurs demandes de financement au cours des derniers mois. Les réponses se font toutefois encore attendre.
Un rôle essentiel
La fermeture de l’organisme serait une bien mauvaise nouvelle pour la communauté trans, insiste Geneviève Ste-Marie.
«Les services pour les personnes trans et non binaires sont ardus, sont difficiles et ne sont pas accessibles. C'est souvent en dernier recours que la personne va se retrouver à l’urgence avec un problème de santé mentale», affirme-t-elle.
Depuis 2019, TransEstrie est la ressource principale en services communautaires pour les personnes trans, non binaires et en questionnement en Estrie. L’organisme travaille aussi à démystifier les questions de genre dans les écoles et le système de la santé.
«Si on n’est pas là pour faire ce bout de chemin et que la personne [trans ou non binaire] ne se sent pas en sécurité, elle n’ira pas voir le médecin», mentionne Geneviève Ste-Marie.
«On comprend mal pourquoi le gouvernement se refuse à financer nos organismes, puisque dans les faits, quand il finance TransEstrie, ça lui permet de ne pas dépenser des milliers de dollars pour un usager ou une usagère qui se retrouve dans les services d’urgence des CIUSSS.»
Des problèmes plus vastes
TransEstrie n’est pas le seul organisme dont la situation financière est précaire, soutient Geneviève Ste-Marie. «C'est l’ensemble des services communautaires aux personnes LGBTQ qui sont sous-financés.»
Selon Ariane Marchand-Labelle, directrice générale du Conseil québécois LGBT, la situation est inquiétante pour la région, mais aussi pour toute la province.
«Ce qui se passe avec TransEstrie est un exemple concret du criant problème de sous-financement du milieu communautaire LGBTQ2+», regrette-t-elle.
«Malheureusement, dans plusieurs cas, c’est toujours une question de vie ou de mort», ajoute Ariane Marchand-Labelle.