Un tramway, même à 8,4 milliards $: «C’est cher, très cher», s’inquiète Legault
Marc-André Gagnon
Le gouvernement caquiste demeure convaincu qu’une grande ville comme Québec a besoin d’un projet majeur de transport, mais un tramway à 8,4 G$, «c’est cher, très cher, c’est inquiétant», signale François Legault.
Bruno Marchand devra encore patienter avant de savoir si le gouvernement embarque dans son plan B pour le tramway.
Le maire de Québec a martelé mercredi matin que la balle est maintenant dans le camp du gouvernement, mais ce dernier ne sait pas encore comment l’attraper.
Le premier ministre et sa vice-première ministre, qui attendaient depuis des semaines la mise à jour que le maire vient de présenter, s’en sont essentiellement tenus à dire qu’ils souhaitent «rencontrer la Ville de Québec pour discuter».
M. Legault a plus tard précisé qu’il sera aussi question de «la gestion du projet», en répétant qu’il n’a pas encore «vu le détail» du plan B somme toute «très coûteux» de la Ville.
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«C’est beaucoup plus cher que, rappelez-vous, les 3,3 milliards initiaux», a observé de son côté Geneviève Guilbault.
«C’est beaucoup d’argent»
Chose certaine, que la facture se chiffre à plus de 10 G$ avec un consortium ou à 8,4 G$ si la Ville réalise elle-même le projet de tramway, «c’est beaucoup d’argent», a laissé tomber M. Legault.
Le ministre Jonatan Julien avoue qu’il a été «un peu surpris» d’apprendre que la facture du tramway, en suivant le processus normal d’appel d’offres, dépassait les 12 G$, comme l’a révélé Le Journal.
Qu’en est-il à 8,4 G$? «Encore là, il faut prendre le temps de regarder qu’est-ce qui est inclus et comment on arrive à ce chiffre-là. Ce sera la discussion qu’on aura avec la Ville», a dit le député de Charlesbourg.
Plus complexe que l'amphithéâtre
«Nous, à la CAQ, on croit à un réseau structurant, un réseau lourd pour la mobilité à Québec, a toutefois assuré M. Julien. Moi, personnellement, comme ministre responsable de la Capitale-Nationale, j’y crois. Maintenant, je suis curieux de voir la proposition de la Ville. On va s’asseoir avec eux, puis on va la regarder.»
Pour l’ex-bras droit de Régis Labeaume au comité exécutif de la Ville de Québec, gérer un projet de tramway à l’interne, «c'est beaucoup plus complexe [...] qu'un amphithéâtre», a observé M. Julien, en faisant référence à la construction du Centre Vidéotron.
Dans le même sens, pour «certains projets», «oui, les villes sont tout à fait capables d'être maître d'œuvre de leur projet», a commenté la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, à la sortie du conseil des ministres. Mais pour ce qui est du tramway, «on parle quand même de 8 G$», a-t-elle observé. «C'est assez complexe, le projet du tramway», a-t-elle lâché.
La ministre des Transports et de la Mobilité durable Geneviève Guilbault, qui a réagi brièvement à l’annonce du maire en marge d’une prise d’images avec la mascotte d’Opération Nez rouge, a également réitéré que «c’est important qu’on ait un projet de transport structurant collectif pour notre capitale nationale».
Dissiper les doutes
Pour sa part, le député solidaire Etienne Grandmont presse la CAQ de «dissiper tout doute quant à [son] appui au projet de tramway».
Il craint notamment que la Ville de Québec ne perde la contribution fédérale d’un milliard de dollars qui est sur la table depuis des années pour le tramway.
«Il y a d’autres villes au Canada qui se battent pour avoir de l’argent pour développer le transport collectif, a-t-il rappelé. Il y en a qui ont compris que c’est important pour le développement économique et pour l’environnement.»
D’importantes retombées économiques sont aussi en jeu avec la construction des rames du tramway à La Pocatière. «C’est des jobs ici au Québec. Moi, je pense qu’il faut absolument qu’on reste alignés sur le projet de tramway pour le tronçon central», a soutenu le député de Taschereau.
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