«Tout est possible, dans la mesure du possible!»: cet homme devenu quadriplégique ne s'arrête pas à sa condition
Vingt ans après son accident, Vincent Tremblay a réalisé plusieurs projets, mais en modifiant ses objectifs


Jean-François Racine
Plonger les mains dans la terre, manger un sandwich avant d'aller au lit, apprécier la beauté du monde: des Québécois ont trouvé leur bonheur dans une panoplie de petites et grandes choses. Voici une série de témoignages pour vous inspirer.
Près de 20 ans après un terrible accident de vélo, un homme de 37 ans de Québec a appris à être heureux en réalisant plusieurs projets, mais surtout en modifiant ses objectifs.
Le 19 juillet 2005, alors âgé de 17 ans, Vincent Tremblay a violemment percuté une automobile qui effectuait un virage devant lui.
Adepte de motoneige, d’escalade, de camping et de planche à neige, la suite s’annonçait assez complexe.
Malgré de nombreuses opérations et quelques deuils, il puise sa motivation quotidienne dans ses multiples accomplissements. Sa condition de quadriplégique ne changera pas et son niveau d’autonomie non plus.
Des défis
«Ça conduit à des remises en question. J’ai été charcuté sur un méchant temps! Je n’aurais jamais imaginé être autant un cobaye. J’ai donné mon corps à la science sans le vouloir!», explique-t-il.
Si les premières années ont été marquées par l’adaptation, la dernière décennie a plutôt été une période de réalisations. Un peu de résilience, mais beaucoup d’action.
La famille, les voyages, l’entrepreneuriat et les activités sociales lui apportent sa dose de bonheur.
«Dans les conférences que je donne, je dis que ma vie sur deux pattes était trop parfaite. Elle ne pouvait pas continuer comme ça. Aujourd’hui, tout est possible, dans la mesure du possible! Parce que si je veux remarcher, je connais la réponse», ajoute M. Tremblay, directeur général de l’organisme Mobilité Québec.
Sans surprise, il dit avoir trop souvent entendu la fameuse phrase un peu maladroite: «Moi, si j’étais à ta place...»

Bien sûr, il avoue avoir eu un moment de découragement environ une dizaine d’années après le drame qui a changé sa vie.
«J’avais réalisé que je n’étais jamais satisfait de mes projets qui n’aboutissaient pas comme je voulais. Ce fut mon plus gros combat. Mettre mon énergie sur des trucs que je peux réaliser et améliorer. Les conférences, par exemple. Construire mon message de motivation et être heureux.»
Une source d'inspiration
Vincent Tremblay a même dirigé le chantier de sa nouvelle maison du secteur de Charlesbourg, qui contient toutes les adaptations nécessaires. Du garage au sous-sol, le résultat est impressionnant. Près de sa table de billard, il conserve précieusement un chandail de l’Océanic autographié par Sidney Crosby. En 2005, Maurice Tanguay était venu à son secours avec beaucoup d’émotion.
«J’ai failli mourir souvent, mais ça pourrait être pire. Maintenant, j’aime dédramatiser mon handicap, parfois même rendre les gens mal à l’aise! Tu te plains de quoi? Moi, développer des projets, ça me maintient en vie.»

Vincent travaille d’ailleurs sur la création d’un balado et d’une nouvelle plateforme web pour les gens à mobilité réduite. Optimiste et persévérant, il n’a jamais abandonné et les défis ne le freinent pas.
«J’ai fait une croisière et j’ai vu qu’un bateau pouvait être plus accessible que des hôtels 5 étoiles!»