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Extrême droite? Camionneurs? Voici ce qui inquiète à propos du «convoi de la liberté»

Photo Agence QMI, René Leclerc
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Photo portrait de Genevieve            Abran

Genevieve Abran

2022-01-28T17:36:20Z
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Le «convoi de la liberté» est passé vendredi par le Québec, avant de se rendre à sa destination finale, Ottawa, où des milliers de camionneurs opposés à l’obligation vaccinale ont commencé à manifester samedi. L'événement suscite de nombreuses craintes.

• À lire aussi: La manif à Ottawa vire en party : résumé de la journée de samedi    

Le convoi de camionneurs est passé vendredi par le Québec avant de se rendre sur la colline du Parlement, dans la capitale fédérale.

Des points de rencontre étaient prévus à plusieurs endroits pour encourager les camionneurs sur la route.  

Vers 11h, quelques dizaines de partisans étaient rassemblés sur le viaduc de la route Lagueux, qui traverse l’autoroute 20 à Lévis. 

À Trois-Rivières, plus d’une centaine de personnes attendent l’arrivée des camionneurs sur un viaduc traversant l’autoroute 40, dans le secteur de Pointe-du-Lac. 

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Même situation à Vaudreuil, où des centaines de sympathisants attendaient l'arrivée des camionneurs, en bordure de l'autoroute 40, à la sortie 17. 

En fin d'après-midi, vendredi, le convoi est passé par Montréal en chemin vers Ottawa. 

De nombreux Montréalais se sont réunis pour les accueillir. 

Bien que l'évènement principal ait lieu samedi, de nombreux manifestants étaient déjà devant le Parlement d'Ottawa vendredi après-midi. 

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GoFundMe

Les contestataires, qui viennent de partout au Canada, ont amassé plus de 6 millions de dollars en dons (qui proviennent de 80 000 donnateurs), par la plateforme GoFundMe.  

GoFundMe a cependant gelé les fonds. 

«Les dons seront conservés en toute sécurité jusqu'à ce que l'organisatrice soit en mesure de fournir à notre équipe les documents relatifs à la manière dont les fonds seront correctement distribués», a confirmé au Journal Rachel Hollis, directrice des communications chez GoFundMe.  

Capture d'écran / Gofundme
Capture d'écran / Gofundme

L’opération a même reçu l’appui du milliardaire Elon Musk, le patron du constructeur de voitures Tesla, ainsi que de Donald Trump Jr., le fils de l’ancien président des États-Unis. Ce dernier voit dans cette manifestation une «idée géniale», un geste «héroïque» contre la «tyrannie médicale».

Un mouvement d’extrême droite?

Des leaders d’extrême droite se sont approprié le mouvement et auraient des ambitions similaires à celles des individus qui ont pris d’assaut le Capitole américain l’an dernier, selon la chroniqueuse Chantal Hébert. 

Au micro de Tout un matin, sur Ici Radio-Canada Première, elle a expliqué que leur objectif était, en effet, de «recréer les événements du 6 janvier [2021] aux États-Unis».

• À lire aussi: Des drapeaux confédérés et nazi aperçus à Ottawa

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«Je ne dis pas que les gens qui ont conduit les poids lourds sont partis avec cette intention-là, mais leur mouvement se fait récupérer de façon magistrale», a-t-elle ajouté. 

Certains membres du «convoi de la liberté» appellent à reproduire à Ottawa l'assaut du Capitole de Washington, survenu le 6 janvier 2021, et à chasser Justin Trudeau du pouvoir.  

Le cabinet du ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, s’inquiète de la présence dans le convoi d’individus appartenant à des groupes d’extrême droite.  

Pas que des camionneurs

Il faut aussi savoir que, parmi les organisateurs, il n’y a pas que des camionneurs. Voici quelques personnalités derrière le mouvement:         

  • Patrick King, bien connu du Réseau canadien anti-haine pour ses appels à la violence contre les groupes antiracistes, est l’un des cofondateurs du mouvement séparatiste Wexit, qui milite pour la séparation des provinces de l'Ouest.         
  • Jason LaFace, qui serait, selon le groupe anti-haine de Sudbury, membre des Soldats d’Odin, s’est présenté sous la bannière du Parti populaire du Canada à Sarnia, en 2019.          
  • Tamara Lich, qui a créé la campagne de sociofinancement, n’est pas camionneuse elle non plus. C’est la secrétaire du Maverick Party, le parti séparatiste albertain. Elle assure que le convoi est pacifique, mais appelle les manifestants à occuper la capitale fédérale jusqu’au retrait de l’ensemble des mesures sanitaires.                 

Facebook / Captures d'écran
Facebook / Captures d'écran

Des camionneurs dénoncent le mouvement   

Ce ne sont pas tous les camionneurs qui sont en accord avec le mouvement, insiste Benoit Therrien, président de Truck Stop Québec.  

«Ça fait longtemps qu’on travaille notre image pour l’améliorer. Au début de la pandémie, on félicitait les camionneurs pour leur travail et, aujourd’hui, en seulement quelques jours, on va “scrapper” notre image à cause de gens qui nous utilisent [pour le mouvement antivaccin].» 

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«Il n’y a aucune compagnie qui va vouloir que son camion se ramasse dans une manifestation qui n’est pas légitime aux yeux de plusieurs gens de l’industrie, surtout lorsque certains parlent de refaire un assaut du 6 janvier au Capitole [de Washington]», déplore-t-il.     

Des craintes de débordements violents  

Les forces de l’ordre seront présentes à Ottawa pour encadrer les manifestants. Elles demandent aux résidents du secteur d’éviter le centre-ville.  

Les agents du Service de police d’Ottawa, de la Police provinciale de l’Ontario, de la Gendarmerie royale du Canada et du Service de protection parlementaire se préparent à tous les scénarios, y compris à des débordements violents qui pourraient durer jusqu’à lundi, jour de reprise des travaux parlementaires. 

Photo Agence QMI, Matthew Usherwood
Photo Agence QMI, Matthew Usherwood

Le cabinet du ministre fédéral de la Sécurité publique craint que des élus reçoivent la visite de manifestants à leur domicile. Quelques manifestants tenteraient de trouver les adresses de politiciens.  

Sur le compte Instagram @freedomconvoy2022, qui compte plus de 290 000 abonnés, on invite les manifestants à rester pacifique lors de la manifestation devant le Parlement d'Ottawa, samedi. «La manifestation doit rester pacifique à tout prix. [...] Une fois arrivé à Ottawa, une personne ne devrait en aucun cas entrer un bâtiment fédéral». On recommande aux protestateurs de faire attention à ce qu'ils disent sur les lieux et avec qui ils s'associent. 

Des pays emboîtent le pas          

Le mouvement pancanadien semble inspirer d’autres personnes opposées aux mesures sanitaires dans le monde.  

Des Français ont offert leur soutien aux camionneurs canadiens. Un groupe Facebook qui rassemble plus de 34 000 membres souhaite même organiser un siège au parlement de Paris ce week-end. 

En Australie, des opposants aux mesures sanitaires souhaitent eux aussi imiter les camionneurs canadiens au parlement de Canberra.

Plus de 67 000 personnes ont rejoint un groupe Facebook qui planifie l’événement.  

- Avec des informations d'Andrea Lubeck, Clara Loiseau et d'Anne Caroline Desplanques

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