Tous les commentaires homophobes prouvent que le défilé de la Fierté est encore nécessaire
Julien Bouthillier
L’annonce de l’annulation du défilé de Fierté Montréal dimanche matin a suscité de nombreux commentaires homophobes et transphobes sur les réseaux sociaux. Une preuve que même en 2022, le défilé a toujours sa raison d’être, soutiennent des intervenants de la communauté LGBTQ+.
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«Ce qui m’a vraiment choqué, c’est le nombre de commentaires de gens qui ne comprennent pas du tout pourquoi ça existe [le défilé de la Fierté]», affirme Thomas Dallaire-Boudreault, qui est derrière la populaire page Instagram «Des mèmes gais».
Pour dénoncer l’intolérance, il a utilisé sa page pour repartager des captures d’écran de certains de ces commentaires.
Un manque d’éducation
«Le fameux commentaire “nous autres, on n’a pas de parade hétéro” est vraiment revenu extrêmement souvent et ça démontre une profonde ignorance en fait, puis je trouvais ça complètement aberrant», affirme celui qui est aussi gestionnaire de communauté pour le 24 heures.
Une opinion partagée par le directeur général d’Interligne, Pascal Vaillancourt.
«Ça démontre un manque d’éducation sur les enjeux d’orientation sexuelle et de pluralité des genres», soutient-il, ajoutant ne pas avoir été surpris par l’avalanche de commentaires désobligeants.
«Ce n’est pas un événement isolé [...] On en voit à tous les jours [des commentaires homophobes ou transphobes], et des fois les gens ont des propos homophobes sans même être conscients que c’est de l’homophobie», ajoute-t-il.
Des pistes de solution
La meilleure réponse aux insultes et commentaires désobligeants envers la communauté LGBTQ+: l’éducation, insiste Pascal Vaillancourt. Ce dernier plaide d’ailleurs pour un meilleur financement des organismes qui travaillent à informer la population sur les enjeux liés à la diversité sexuelle et de genre.
«Les groupes communautaires LGBTQ sont les groupes les moins bien financés du milieu communautaire, regrette-t-il. Pour qu’on puisse faire notre travail de sensibilisation et d’éducation auprès de la population, il faudrait qu’on soit mieux soutenus par le gouvernement.»
L’école doit également faire mieux pour sensibiliser les jeunes à ces enjeux, croit Pascal Vaillancourt. Il se réjouit néanmoins du retour des cours d’éducation sexuelle.
«Ce ne sont pas toujours des professionnels qui l’enseignent. Donc, on a souvent une perspective très hétéronormative dans la façon d’enseigner ces cours-là. Ça fait en sorte qu’il manque beaucoup de diversité dans les discours et de compréhension de cette diversité», estime-t-il.
L’acceptation de la diversité sexuelle et de genre passe également par une meilleure représentation des personnes queer, soutient Thomas Dallaire-Boudreault.
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«On voit de plus en plus de drag queens, ça fait beaucoup jaser, se réjouit-il. Ça crée des débats, ça crée des discussions, mais au moins les gens en voient. Et il faut qu’ils en voient pour qu’ils commencent à comprendre, et il faut qu’il y en ait de plus en plus!» conclut-il.