«Toi, Ellen Ruth... Brosseau, tu devrais être chef de c’te parti-là!»


Antoine Robitaille
Chaque semaine, durant la campagne électorale fédérale, notre chroniqueur politique Antoine Robitaille prend le pouls des électeurs de plusieurs régions du Québec particulièrement touchées par la guerre tarifaire initiée par Donald Trump.
Un des moments forts de mon passage dans Berthier-Maskinongé (BMk) : l’irruption, après mon entrevue avec Ruth Ellen Brosseau, de Richard Girard.
Au sortir du café Les Bricoleuses, dans le vieux Berthierville, ce chauffeur d’autobus moustachu à la retraite appliqua les freins, rue de Frontenac, puis baissa la vitre de sa portière : « Toi, Ellen Ruth... Brosseau, tu devrais être le chef de c’te parti-là ! »
![Quand il a aperçu Mme Brosseau, rue de Frontenac, Richard Girard, ancien chauffeur d’autobus, s’est arrêté et a baissé la vitre : « Toi, Ellen Ruth... Brosseau, tu devrais être le chef de c’te parti-là [NPD] ! »](https://www.qub.ca/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F72949_1549377570faa4-9e6b-4eba-b44f-10395c9da04d_ORIGINAL.jpg%3Fh%3D3750%26impolicy%3Dcrop-resize%26w%3D5000%26width%3D1600%26x%3D0%26y%3D0&w=3840&q=75)
Quelques minutes auparavant, je discutais chefferie du NPD avec le conjoint de l’ex-députée, Nicolas Gauthier, engagé dans la campagne. Plusieurs personnes en « parlent à Ruth Ellen », mais « ce n’est pas sa première motivation ». Elle veut « servir “son” comté d’abord ».
« Son comté ». On connaît l’histoire : 2011, candidate « poteau », vague orange ; élection surprise alors qu’elle festoie à Las Vegas (lieu qu’elle boycotterait aujourd’hui). Ruth Ellen conquiert le cœur de ses électeurs, est réélue en 2015. Défaite en 2019 et 2021 (moins de 1000 voix) par Yves Perron, elle prend racine dans BMk, travaillant sur la ferme de son conjoint. (Cette végétarienne est aussi bouchère ! « C’est moi qui accroche les carcasses, propose les découpes ! »)

Le feu de la candidate
Son histoire a inspiré La candidate, à Tou.tv, série de fiction qui l’a ravie. Elle s’est reconnue dans Alix Mongeau, personnage de jeune femme monoparentale élue par surprise, dont tout le monde doute des capacités. Comme Mongeau, elle a dû « allumer un feu » en elle et « travailler plus fort », afin de prouver qu’elle pouvait être à la hauteur.
Plusieurs éléments de la série ne concordent pas avec l’expérience de Brosseau. Le métier de Mongeau, entre autres : technicienne en pose d’ongles. Je le rappelle à la vraie candidate, qui cache alors ses mains en riant : « Tu veux pas voir mes ongles ! Je suis agricultrice maintenant. J’ai vraiment pas de manucure ! »
Une loi ou non ?
Un des axes de sa campagne sera la gestion de l’offre (GdO). Même chose pour Yves Perron du Bloc Québécois... et Stéphane Bilodeau, du Parti libéral du Canada !

La « question de l’urne », dans BMk, pourrait donc se formuler ainsi : qui a la meilleure stratégie pour sauver la GdO des griffes de Trump ?
Comme député, Yves Perron a trimé dur, ces dernières années à Ottawa, pour assurer le maintien intégral de la GdO.
Créée dans les années 1970, elle fut grugée par des négociateurs canadiens qui s’en servirent comme monnaie d’échange afin de conclure des accords internationaux (Europe notamment). Perron a déposé et défendu le projet de loi C-282, qui faillit être adopté cet automne. Au départ, le NPD ne voyait pas l’intérêt d’adopter une loi interdisant au gouvernement de concéder des morceaux de GdO. Il s’est rallié et défend l’idée.
Sans loi, Perron s’inquiète. Car il faudra renégocier avec Trump, qui déteste le système canadien, « même si on représente un marché minime pour les États-Unis ». Le libéral Stéphane Bilodeau insiste : la gestion de l’offre, c’est « non négociable ». Comme son chef Mark Carney, qui refuse l’idée d’une loi.