Tirs groupés envers la main tendue d’O’Toole aux Québécois
Marc-André Gagnon | Bureau parlementaire
Libéraux, bloquistes et néodémocrates n’ont pas tardé à torpiller la main tendue offerte par Erin O’Toole aux Québécois, notamment en ce qui concerne l’accès à l’avortement.
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Lors de son passage à Québec, mercredi, le chef du Parti conservateur du Canada a offert un « contrat » de 100 jours, qui comprend une dizaine d’engagements phares, entre autres en matière d’immigration, de culture et de langue.
M. O’Toole a insisté, par la même occasion, sur le fait qu’il a « toujours été pro-choix », qu’il croit aux changements climatiques et qu’il veut défendre les droits de la communauté LGBTQ.
Le néodémocrate Alexandre Boulerice s’est empressé de réagir, en demandant « où était ce contrat avec les Québécois » lorsque M. O’Toole était ministre du gouvernement Harper.
En entrevue avec Le Journal, le seul élu québécois sortant du NPD a comparé le contrat offert par M. O’Toole à une tentative « désespérée de la part des conservateurs pour reconnecter avec le Québec ».
Malgré la profession de foi pro-choix effectuée par M. O’Toole, on retrouve au sein de son caucus plusieurs candidats qui ont souvent tenté, par des projets de loi, de restreindre le droit à l’avortement, a rappelé M. Boulerice.
« C'est toujours le vieux parti conservateur de Stephen Harper avec un nouveau visage », a-t-il résumé.
Contradiction
Dans un communiqué diffusé tôt jeudi matin, les candidates libérales Carolyn Bennett et Mélanie Joly ont relevé que dans la plateforme conservatrice, Erin O’Toole promet de « protéger le droit de conscience des professionnels de la santé », ce qui pourrait avoir pour effet de limiter l’accès à l’avortement, estiment les libéraux.
« On voit qu'encore une fois, il y a quelque chose d'assez fondamental qu'Erin O'Toole ne comprend pas : être pro-choix, ce n'est pas une question de choix pour les médecins, c'est une question de choix pour les femmes », a commenté le chef libéral et premier ministre sortant, Justin Trudeau, en Colombie-Britannique.
À Edmonton, le chef néodémocrate Jagmeet Singh a qualifié cet élément de la plateforme conservatrice de « danger » et de « menace » pour l’accès à l’avortement et à l’aide médicale à mourir, qui font déjà défaut à travers le pays.
Un « slogan » dit le Bloc
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet, qui faisait campagne du côté de Lachute, dans les Laurentides, a aussi ajouté son grain de sel. « Il nous dit : "en matière d'avortement, j'agis selon ma conscience, je suis pro-choix", même si la majorité de mon caucus n'est pas pro-choix », a relaté M. Blanchet.
Le leader du Bloc québécois s’est aussi moqué du « contrat » offert par M. O’Toole.
« Le mignon slogan n'est rien d'autre qu'une promesse électorale. À la différence d'un contrat, souvent ce n'est pas respecté », a-t-il exposé.
Selon M. Blanchet, M. O’Toole tente de « réparer l’erreur de son prédécesseur », Andrew Scheer. « Les différences entre les valeurs conservatrices avec les valeurs québécoises ne sont pas différentes ce matin », considère le chef bloquiste.
O’Toole se défend
De retour à Ottawa, M. O’Toole a nié toute contradiction entre ses convictions et son programme électoral.
« Je suis pro-choix, je vais toujours défendre les droits des femmes, les droits humains de tous les Canadiens, incluant les droits de la communauté LGBTQ, point final », a-t-il martelé.
« On va s'assurer que les services d'avortement sont offerts d'un océan à l'autre », a ajouté le chef conservateur.