Une demande de sursis rejetée pour les futurs profs faibles en français
Un bras de fer se dessine entre le ministre Drainville et les universités concernant le TECFÉE
Daphnée Dion-Viens
Les universités rejettent la demande du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, qui réclamait un sursis afin que les futurs profs qui échouent au test de français ne soient pas ralentis dans leur formation.
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Les étudiants doivent présentement réussir le test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) avant leur troisième stage, qui survient généralement au début de la troisième année de leur baccalauréat de quatre ans.
Repousser l’exigence de la réussite de cet examen à la fin de la formation, comme le réclame le ministre Drainville, «n’est pas une solution», affirme Jean Bélanger, président de l’association qui réunit les doyens des facultés d’éducation au Québec.
«Ça viendrait plutôt créer de nouveaux problèmes», indique-t-il.
De 5% à 18% des étudiants, selon les universités, doivent retarder leur troisième stage parce qu’ils n’ont pas réussi le TECFEE, un nombre «relativement restreint» selon le doyen de l'UQAM.
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Lors de la pandémie, des étudiants ont pu exceptionnellement faire leur troisième stage même s’ils n’avaient pas réussi l’examen. Or parmi eux, 20% n’ont toujours pas obtenu la note de passage, ce qui les empêche d’obtenir leur brevet d’enseignement. Une fois leur formation terminée, il sera encore plus difficile pour eux de réussir ce test de français, affirme M. Bélanger.
«On ne leur rend pas service de cette façon, c’est clair. Pour nous, la clé, c’est vraiment l’accompagnement en amont afin d’amener les étudiants à passer l’examen pendant leurs études», affirme-t-il.
Les universités doivent «contribuer à trouver des solutions» pour aider le milieu scolaire à passer à travers la pénurie d’enseignants, mais ce n’est pas de cette façon qu’il faut y arriver, ajoute le doyen.
«Déplorable»
Au cabinet du ministre de l’Éducation, on rétorque que «le manque d’ouverture et de flexibilité» des doyens à ce chapitre est «déplorable».
La «mesure exceptionnelle» réclamée par le ministre Drainville représente «un compromis raisonnable» en attendant de mettre en place d'autres solutions pour contrer la pénurie dans le réseau scolaire, affirme son attachée de presse, Florence Plourde.
«Nous aurions aimé que l'ADEREQ fasse partie de la solution pour aider le secteur scolaire qui fait face à une pénurie de main-d’œuvre. C'est une question de gros bon sens», indique-t-elle.
«Une excellente maîtrise du français est primordiale pour les enseignantes et enseignants et nous ne remettons pas ça en question. Mais donner quatre ans aux étudiants en enseignement pour réussir le TECFÉE nous apparaît toujours comme une solution juste, équitable et raisonnable. Nous regardons actuellement nos options pour la suite des choses», ajoute Mme Plourde.
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