Tennis Canada : «une année exceptionnelle»
Jessica Lapinski
La victoire en Coupe Davis en novembre aura peut-être été «l’un des plus grands moments du tennis canadien», mais Tennis Canada estime qu’il lui faut encore améliorer «sa profondeur», pour reprendre une expression généralement utilisée afin de décrire une formation de hockey.
Bien sûr, le tennis canadien a connu une année phénoménale. Notamment grâce à cette victoire à Malaga, où le Canada a touché pour la première fois de son histoire au prestigieux saladier d’argent. Il y a aussi eu ce triomphe des Canadiens à la Coupe ATP, autre compétition par équipe, en début d’année en Australie.
- À lire aussi: WTA : un prix spécial pour Gabriela Dabrowski
- À lire aussi: Fini le blanc pour les joueuses à Wimbledon
«Ce que je retiens de cette victoire [à la Coupe Davis], c’est l’opportunité qu’elle représente d’amener la culture du tennis au Canada à un autre niveau, a soulevé Guillaume Marx, chef de la performance de la fédération sportive, en conférence de presse, mardi. C’est maintenant vraiment notre but. Nous voulons inspirer les jeunes.»
Car les autres grandes réussites auront surtout été celles de Félix Auger-Aliassime, qui a raflé les quatre premiers titres ATP de sa carrière et atteint le sixième rang mondial, en plus de contribuer à ces deux conquêtes canadiennes.
Derrière, ils sont tout de même plusieurs à faire partie du top 100: Denis Shapovalov (18e), Leylah Fernandez (39e), Bianca Andreescu (45e), Rebecca Marino (65e) et Vasek Pospisil (99e).
Des athlètes qui pourraient tous améliorer encore leur classement la saison prochaine, foi de Tennis Canada.
Pas le temps de se reposer
Mais Marx le reconnaît: pour assurer la pérennité de ces succès, il «faut augmenter cette culture de la victoire, mais aussi cette culture du tennis au Canada».
«Ce n’est pas parce qu’on a gagné une Coupe Davis qu’il faut s’asseoir sur nos lauriers et attendre que les choses viennent d’elles-mêmes, a-t-il poursuivi. Les choses ne viennent pas d’elles-mêmes dans le sport.»
Le chef de la performance chez Tennis Canada estime qu’il mise sur une bonne relève en Alexis Galarneau et Gabriel Diallo, deux Québécois qui pointent à l’orée du top 200.
Il y a aussi Jaden Weekes, qui a atteint le top 20 chez les juniors, et qui fera cette année ses débuts dans le circuit universitaire américain, en plus de disputer quelques épreuves professionnelles durant l’été.
Doubler le nombre de joueuses
Ces joueurs – mais surtout Galarneau et Diallo, qui sont tous deux chez les pros – viendront ajouter cette fameuse «profondeur» désirée chez Tennis Canada, espère Guillaume Marx.
«La santé d’une fédération passe par la profondeur des joueurs en présence, a ajouté Sylvain Bruneau, chef du tennis féminin professionnel et de transition. On a trois joueuses dans le top 100, cinq dans le top 250, dix dans le top 500, et ce sont des chiffres que l’on veut doubler dans les prochaines années.»
«On est sur la bonne voie. [Du côté féminin], on a un groupe super intéressant qui est en montée et qui est passé par le Centre [national d’entraînement]», a-t-il poursuivi, en nommant notamment Victoria Mboko et Annabelle Xu.
Il ne faut toutefois pas mettre trop de pression sur cette relève assez garnie, mais qui a vu ses compatriotes Eugenie Bouchard, Andreescu et Fernandez atteindre des finales du Grand Chelem (et même en gagner) très jeunes.
«Il faut trouver l’équilibre afin qu’elles ne se comparent pas et qu’elles ne se disent pas que si, à 19 ans, elles n’ont pas les mêmes résultats, c’est qu’elles ne sont pas sur la bonne voie, a assuré Bruneau. En Floride, dans les dernières semaines, on a travaillé de près avec une préparatrice mentale.»
Les Canadiens en 2023, selon Tennis Canada
Félix Auger-Aliassime – sixième mondial
«[2022] a été une année exceptionnelle pour Félix. Il s’installe véritablement dans le top 10. On le voit dans l’autorité avec laquelle il a gagné la Coupe Davis. Il suit son chemin pour gagner un tournoi du Grand Chelem dans les deux prochaines années. Il peut se projeter sur les plus grands tournois à partir de cette année.»
Denis Shapovalov – 18e mondial
«Denis termine l’année dans le top 20. Il était dans le top 10 récemment. Il a fait des ajustements pour stabiliser son équipe et repartir vers l’avant. Je vois Denis profiter de l’élan de la Coupe Davis pour continuer à monter.»
Milos Raonic - Non classé
«J’ai eu Milos [absent du circuit depuis juillet 2021 en raison d’une blessure] au téléphone il y a quelques jours. Il compte toujours revenir. Il a décidé de dire où il en est et quand il sera sûr de sa date de retour. Ce n’est pas du court terme, mais on espère qu’au printemps, il sera de retour sur le circuit.»
– Guillaume Marx, chef de la performance chez Tennis Canada
Leylah Fernandez et Bianca Andreescu – 39e et 45e mondiales
«Plusieurs parlent peut-être d’une année en demi-teinte parce qu’on a vu les résultats de Leylah en Grand Chelem ou ceux de Bianca par le passé dans des tournois majeurs ou de la catégorie 1000. On espérait les voir solidement établies dans le top 20 et même plus. Elles ont eu une petite baisse au classement. Comment l’expliquer? Au tennis féminin, on le voit, quand on obtient un bon résultat en Grand Chelem, ce n’est pas nécessairement facile de le rééditer ou de l’améliorer l’année suivante. Leylah et Bianca ont vécu ça aussi. Dans le cas de Leylah, il y a aussi eu cette blessure à Roland-Garros, qui l’a empêchée de jouer jusqu’à Toronto [une absence de deux mois], alors qu’elle était sur une très belle lancée à Paris. Du côté de Bianca, elle a pris une pause pour régler des trucs. C’est sûr qu’elle va progresser au classement, elle n’a absolument aucun point à défendre durant quatre mois.»
Rebecca Marino – 65e mondiale
«La plus belle nouvelle – je pense que c’est une merveilleuse histoire –, c’est celle de Rebecca Marino qui, à 32 ans, s’est retirée du jeu [pour des enjeux de santé mentale] pendant cinq ans et qui est parvenue à revenir. Elle l’a fait grâce à son talent, à son dévouement et avec l’aide de la fédération. Ce qu’elle a accompli, atteindre le 65e rang, c’est énorme. On pense qu’elle peut percer le top 50 cette année.»
Eugenie Bouchard – 329e mondiale
«Elle s’entraîne, elle est en Floride. La semaine dernière, elle s’est entraînée avec un groupe de joueuses [de la fédération]. Je crois qu’elle fait un très bon retour, car ce n’est quand même pas facile, elle a été presque un an et demi sans faire de compétitions. Elle a gagné de bons matchs, je pense que c’est un retour qui a été positif. Elle sera en Australie, elle veut jouer en 2023 et bien avancer dans les tournois, et je crois que c’est réalisable.»
– Sylvain Bruneau, chef du tennis féminin professionnel et de transition
Optimiser le site du stade IGA, le grand défi de Valérie Tétreault
Optimiser le site du stade IGA, l’un des plus petits parmi les tournois de sa catégorie, et améliorer l’expérience client. Malgré les succès répétés de l’Omnium Banque Nationale de Montréal, Valérie Tétreault, sa nouvelle directrice, ne manque pas de boulot.
Il y a plus de deux mois que Mme Tétreault remplit officiellement «les grandes chaussures» d’Eugène Lapierre, qui était le directeur du tournoi – «et bien plus», ajoute l’ancienne joueuse, depuis deux décennies.
Et même si elle ne veut pas «dénaturer la formule gagnante» de l’événement, la femme de 34 ans se dit fort occupée, sans grande surprise.
Surtout que jusqu’en janvier, et jusqu’à l’entrée en poste de sa successeure, c’est encore elle, la directrice des communications de Tennis Canada.
«On a beau se dire que l’on va faire du 50-50 [entre les deux positions], mais finalement, c’est plutôt du 100-100!», lance-t-elle en riant.
Un des plus petits
Car diriger un tournoi qui tend à battre chaque année son précédent record d’affluence représente en soi un défi, pointe Valérie Tétreault.
«Étant donné qu’on a de plus en plus de gens qui assistent à l’événement, on doit optimiser nos espaces, relève-t-elle. Si on se compare aux autres Masters 1000, et même aux autres WTA 1000, on est probablement l’un des plus petits sites.
«Ça vaut pour nos installations extérieures, mais aussi intérieures, où l’on accueille les athlètes, poursuit Mme Tétreault. Il faut être très créatifs, disons, pour être capable de se renouveler du côté de l’expérience client et de l’expérience des joueurs.»
Des sites satellites?
Aussi, dès 2025, tant Montréal que Toronto devraient accueillir 96 joueurs à leur tournoi masculin, qui se déroulera sur 12 jours. Pour l’instant, les épreuves de la catégorie Masters 1000, à l’exception d’Indian Wells et de Miami, regroupent 56 joueurs sur sept jours.
«On attend toujours les détails finaux pour bien connaître le plan de match, mais on commence une planification pour 2025, car ça promet de grands changements, explique-t-elle. Pour les joueurs, mais aussi pour les amateurs, parce qu’on aura beaucoup plus de séances de tennis à vendre.»
Valérie Tétreault est confiante à la lumière de ses rencontres avec l’ATP que les installations actuelles sont suffisantes pour accueillir plus de joueurs.
Tennis Canada songe toutefois à ajouter une mezzanine au-dessus de l’un de ses terrains afin de donner plus d’espace aux athlètes.
«Il y a des terrains un peu partout à Montréal, alors il n’est pas impossible que l’on ait un site satellite si jamais on a besoin de plus de courts pendant quelques jours», précise-t-elle.