Tennis: à 21 ans, Gabriel Diallo réalisera son rêve de devenir un joueur professionnel
Grâce à son travail acharné, le Québécois fera ses débuts chez les pros plus tôt qu’il le pensait


Jessica Lapinski
Devenir un joueur de tennis professionnel a toujours été l’objectif ultime du Québécois Gabriel Diallo. Et l’y voilà, à 21 ans. Plus tard que la majorité des athlètes de son sport, peut-être. Mais plus tôt que le laissait prévoir son propre échéancier.
• À lire aussi: Challenger de Granby: Gabriel Diallo repéré par papa Aliassime à 12 ans
«C’est mon rêve depuis que j’ai 6 ans, raconte-t-il en entrevue au Journal. C’est sûr que j’ai eu des bas dans ma carrière, mais aussi de très, très bons moments, comme cet été [il a remporté le tournoi de Granby, son premier titre Challenger] ou cet automne, quand on a gagné la Coupe Davis.»
En effet, la route vers les pros du géant de 6 pi 7 po n’a pas été un long fleuve tranquille. En fait, jamais le Montréalais, actuellement 227e au monde, n’a considéré passer chez les professionnels dès ses 18 ans, ou même avant, comme le font plusieurs athlètes.
Diallo a plutôt opté pour les rangs universitaires américains. C’est l’Université du Kentucky qui a été la première à lui ouvrir les portes. Le mariage était parfait : là-bas se trouve un entraîneur francophone, Cédric Kauffman. Ce dernier dirige les Wildcats depuis plus d’une décennie.
Manger du tennis
Diallo aurait pu retourner au Kentucky en 2023, pour une dernière saison. Mais ses résultats des derniers mois sur le circuit Challenger ont changé la donne. De concert avec Kauffman et son entraîneur à Montréal, Martin Laurendeau, il a décidé de faire le grand saut dès cette saison.

«Ils considéraient que j’étais prêt, dit Diallo. Ça n’a pas été facile. Mes coéquipiers [à l’université], ce sont comme mes frères. J’étais très proche de certains d’entre eux. Mais c’était la bonne décision à prendre.»
«Chez les juniors, je n’étais pas un Félix [Auger-Aliassime] ni un Denis [Shapovalov], ajoute Diallo, pour expliquer son passage dans la NCAA. Je n’étais pas très bien classé. Je n’avais pas joué beaucoup sur la scène internationale. On ne s’est jamais posé la question à savoir s’il fallait que je passe chez les professionnels à ce moment.»
«On», c’est notamment Diallo et le père de Félix, Sam Aliassime, qui l’a pris sous son aile quand il avait 15 ans. Produit de Tennis Montréal, puis du Centre national d’entraînement, le jeune Gabriel est déménagé chez M. Aliassime au milieu de l’adolescence.

Là où «tout ce que l’on faisait, c’était parler de tennis», ajoute-t-il.
«Non mais c’est vrai ! lance Diallo. On mangeait du tennis. On jouait beaucoup de tournois, on trouvait le plus de tournois que l’on pouvait jouer.»
Comme un fils
Le jeune joueur le reconnaît : cette grande proximité avec la famille Aliassime l’a beaucoup aidé à se développer. «J’ai commencé à m’entraîner beaucoup plus que je ne le faisais avant», souligne-t-il.
Au Journal, durant le US Open, Sam Aliassime s’était aussi ouvert sur sa relation avec Diallo. «Il a beaucoup côtoyé Félix, avait expliqué l’entraîneur. C’est comme son frère. Alors, j’ai voulu lui donner la même éducation, les mêmes valeurs qu’à mon fils.»
C’est peut-être pour cela que lorsque Diallo parle, on croit parfois entendre le sixième mondial. Les deux jeunes hommes s’expriment avec le même ton posé, mais assuré.
Et les ressemblances ne s’arrêtent pas là, malgré leurs parcours fort différents. Quand on lui demande de décrire son tennis, Diallo le définit comme «très agressif». À l’instar d’un certain «frère».
«J’y vais pour mes coups, ajoute-t-il. J’essaye de dicter le jeu le plus souvent possible. Comme, je dirais, 90 % des joueurs canadiens !»
Le top 100... un jour
Ses débuts chez les pros, Diallo devrait les faire à Canberra en janvier, dans un tournoi Challenger doté d’une bourse totale de 100 000 $. Ensuite viendront les qualifications des Internationaux d’Australie.
Le Québécois le sait : la marche est haute entre les rangs universitaires et le circuit ATP. Même si cette transition a très bien réussi à certains, dont le Sud-Africain Kevin Anderson, qui a déjà occupé le cinquième rang mondial, ou l’Américain John Isner, ancien huitième.
«J’ai le rêve de pouvoir entrer un jour dans le top 100, mais c’est un processus, reconnaît-il. À ma première année, mon objectif est de prendre le plus d’expérience et le plus de plaisir possible.»
«Et, dans le plaisir, de gagner le plus de matchs possible», sourit-il.