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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Tempête «Debby»: les sinistrés demandent l’aide du gouvernement en nombre record

Le nombre de demandes dépasse déjà celles enregistrées lors des crues printanières de 2017 et 2019

Photo Andréanne Lemire
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Photo portrait de Olivier Faucher

Olivier Faucher

2024-09-26T04:00:00Z
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La tempête Debby génère un nombre record de réclamations auprès d’un programme d’aide aux sinistrés du gouvernement du Québec, mais plusieurs se butent déjà à un refus.

Le ministère de la Sécurité publique (MSP) avait reçu pas moins de 8793 réclamations depuis la tempête Debby à son Programme général d’assistance financière lors de sinistres (PGAF) en date du 20 septembre dernier.

Un mois et demi après les pluies diluviennes des 8 et 9 août dernier, ce nombre est déjà plus élevé que ce qui avait été enregistré pour les inondations de 2017 (6572) et de 2019 (7943) dans la province, selon des données fournies par le MSP.

La tempête a d’ailleurs été qualifiée d’événement climatique «le plus coûteux de l’histoire du Québec» par le Bureau d’assurance du Canada la semaine dernière.

Confusion créée par Legault?

Le PGAF se veut une option de dernier recours pour des dommages causés qui ne sont pas nécessairement couverts par les assureurs privés. Pour la tempête Debby, seuls les sinistrés inondés «par refoulement d’égout ou par infiltration à la suite du débordement d’un cours d’eau» sont couverts, précise le MSP.

Cela veut dire que ceux qui ont été inondés uniquement par refoulement d’égout, ruissellement dans les rues ou infiltration d’eau par le sol seront refusés, car il est possible d’être assuré pour ces situations par avenant, explique Mathieu Boudreault, professeur en actuariat à l’UQAM.

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Cette complexité pourrait pousser de nombreux sinistrés à croire que le gouvernement les indemnisera, estime l’expert. Il souligne également la «confusion» créée par une volte-face du premier ministre, François Legault. Celui-ci avait annoncé que le PGAF serait élargi à ceux ayant subi un refoulement d’égout avant de reculer dans les semaines suivantes.

Tout cela pourrait avoir «gonflé artificiellement le nombre de demandes ultimement admissibles», prévient M. Boudreault.

Appelé à préciser combien de demandes ont été acceptées et refusées ainsi qu’à commenter le nombre record de réclamations, le MSP se contente de dire qu’il est «trop tôt» pour dresser un portrait complet du passage de Debby.

«Ils nous laissent avec nos problèmes»

Anick Thériault et Pierre Lacombe, un couple sinistré de Saint-Cuthbert, croyaient pouvoir être indemnisés par le gouvernement lorsque leurs assurances ont refusé de payer pour les 8 po de boue et d’eau qui ont en partie ruiné leur sous-sol. Ils ont découvert après l'inondation que «toutes les ouvertures au sous-sol ne comptaient pas» dans la couverture de leur assureur car leur maison possède un solage en blocs de béton.

Le sous-sol d’Annick Thériault, inondé lors du passage de «Debby».
Le sous-sol d’Annick Thériault, inondé lors du passage de «Debby». Photo fournie par ANNICK THÉRIAULT

«Ça n'a vraiment pas d'allure. On se sent lésés. On a payé sur tous les bords, des assurances et des taxes, et finalement ils nous laissent avec nos problèmes», souffle M. Lacombe, qui déplore les faux espoirs que lui a donnés le gouvernement Legault.

Depuis la tempête, M. Lacombe et Mme Thériault, qui sont respectivement opérateur de machinnerie lourde et camionneuse, travaillent sept jours par semaine pour tenter de payer les réparations.

«La couverture [du gouvernement], c’est trop étroit. Ça fait 25 ans que je reste ici et je n’avais jamais été inondée», déplore de son côté Mme Thériault.

RÉCLAMATIONS AU PGAF DU MINISTÈRE DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE

2017-2018: 6572

2018-2019: 808

2019-2020: 7943

2020-2021: 288

2021-2022: 257

2023: 334

2024 depuis la tempête Debby: 8793 (en date du 20 septembre)

Source: ministère de la Sécurité publique

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