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L'article provient de 24 heures

Témoignage: les personnes non binaires aussi peuvent être enceintes, pas juste les femmes

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Photo portrait de Léa  Martin

Léa Martin

2023-05-02T19:27:28Z
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Il n'y a pas que les femmes cisgenres qui peuvent être enceintes, c'est aussi le cas de personnes non binaires, d'hommes trans: de toutes les personnes possédant un utérus, dans le fond. Pour mieux comprendre pourquoi il est important de bien choisir ses mots quand il est question de grossesse, on s'est entretenus avec une personne non binaire qui a vécu cette expérience. 

«Pour moi, ce n’était pas possible de porter un enfant», MD Dussault, 33 ans, est non binaire. Nee se reconnaissant pas dans les modèles de maternité traditionnels, iel ne se voyait pas tomber enceinte.  

Avec sa blonde de l’époque, c’est sa partenaire qui souhaitait porter les éventuels enfants. Par la suite, quand iel est sorti avec un homme cisgenre, le couple regardait les options d’adoption... jusqu’à ce qu’elle assiste à une conférence sur les parentalités queers, qui a tout changé pour iel. 

Là-bas, iel a rencontré des parents non binaires qui ont porté leurs enfants. «Ça a vraiment résonné en moi. J’ai compris que j’étais non binaire et que je pouvais être enceinte. Que ce n’était pas juste une affaire de femme», explique celle qui a finalement porté ses deux enfants. 

Aujourd’hui, iel est à la direction des communications et du développement de la Coalition des familles LGBTQ+, qui avait organisé la fameuse conférence.  

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MD trouve que, dans notre société, on va souvent considérer la grossesse comme le summum de la féminité, ce pour quoi les femmes sont faites. «[On va dire] que les femmes sont fortes parce qu’elles peuvent porter la vie. C’est très imbriqué», explique-t-iel.  

C’était ça qui iel bloquait.  

Dès que l’on ouvre un livre sur la maternité, ou de la documentation sur la grossesse, on ne parle presque que de femmes. «On ne s’en rend pas compte, mais c’est aliénant quand ça ne nous rejoint pas.»  

Femmes c. personnes 

Iel ne se retrouvait pas non plus dans certains milieux féministes plus traditionnels, où la défense des droits des femmes semble parfois considérée comme étant en compétition avec la défense des droits des personnes ayant une identité de genre qui sort de la binarité. Le discours qui prétend que parler de «personnes enceintes» plutôt que de «femmes enceintes» contribue à l’effacement des femmes est un exemple de propos associés à cette approche du féminisme. 

«Je ne comprends pas la fragilité de certaines féministes d’avoir peur de perdre leur place alors que, au contraire, c’est quelque chose qui leur est concédé et dont certaines veulent se débarrasser, de cette naturalisation-là d’être enceinte.»  

Iel pense que dans les documents d’éducation populaire et d’information, il est très bien de garder les deux termes: «femmes et personnes enceintes». Dans ce contexte, tout le monde est représenté.  

Cependant, au niveau de la loi, iel a eu plus de difficulté à comprendre le débat de la semaine dernière vu que le mot «personne» inclut aussi les femmes.   

Controverse à l’Assemblée nationale 

Rappelons que le député libéral André Albert Morin avait déposé un amendement au projet de réforme du droit de la famille, qui vise à encadrer la gestation pour autrui (GPA).  

Il demandait qu’on retire le terme «femme» pour ne laisser que «la personne qui a donné naissance à l’enfant», pour être plus inclusif. 

La question a fait beaucoup réagir à l’Assemblée nationale et plusieurs disaient qu’enlever le mot «femme» invisibilisait les femmes dans la loi ainsi que leur combat historique pour l’égalité.  

Les élus ont finalement adopté à l’unanimité une motion reconnaissant l’importance de conserver le mot «femme» dans les lois québécoises. 

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