Tarifs «réciproques»: les États-Unis finiront-ils seuls dans leur coin?
Agence QMI
Les États-Unis pourraient se retrouver isolés du reste du monde d’un point de vue commercial s’ils maintiennent longtemps leurs tarifs «réciproques» annoncés par Donald Trump mercredi, selon le professeur de stratégie à l’Université Laval, Yan Cimon.
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En entrevue à l’émission Le Québec matin, l’expert ne comprend pas la logique du président américain qui justifie ses droits de douane par l’arrivée massive d’investissements.
«L’effet net de ces tarifs, contrairement à ce que l’administration prétend, ça va être une hausse de l’inflation, mentionne-t-il. Ça risque aussi d’induire certains types d’investissements et des annonces d’investissements.»
«Mais des investissements réels trébuchants dans des industries où le cycle de produit et le cycle d’investissement en capital sont plus longs comme l’automobile et les microprocesseurs, ça, il faudra voir, parce qu’on n’est pas avec le bon outil pour promouvoir l’arrivée de ce type d’industrie», ajoute-t-il.
Les tarifs douaniers qui touchent le reste du monde pourraient aussi toucher le marché de l’emploi américain.
«Est-ce que ça va ramener des emplois aux États-Unis? La réponse courte, c’est non. Il y aura des emplois créés aux États-Unis, naturellement, mais les États-Unis risquent fort de connaître des ratés dans leur croissance économique, voire même tomber en récession.»
C’est pourquoi M. Cimon est d’avis que les Américains pourraient se retrouver isolés en raison des décisions de leur président.
«Le monde qui fonctionne encore avec les règles de l’OMC risque de se coaliser et les États-Unis risquent d’être seuls dans leur coin, dit-il. C’est une des raisons pour laquelle Scott Bessent disait hier aux pays d’attendre et de ne pas répliquer. Malheureusement, la première salve est déjà partie et elle est américaine.»
Il est toutefois difficile de dire si le président américain maintiendra longtemps ses droits de douane.
«Donald Trump ne nous a pas habitués à beaucoup de rigueur en politique publique, soutient-il. Il change souvent d’idée selon l’humeur. Dans ce cas-ci, ça se pourrait qu’il change d’idée. Ces tarifs pourraient être pour le président une base de négociation vers quelque chose d’autre.»
«Sauf qu’on ne voit pas comment le fait de taxer des intrants sans discrimination ça va aider à attirer certaines industries sur le sol américain, renchérit-il. Je dirais qu’on est un peu dans un ''twilight zone'' économique.»
Voyez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus