Stéphanie Beaudoin, l’ex-«voleuse sexy», est maintenant sur OnlyFans
Frédéric Guindon
Après avoir fait les manchettes pour les mauvaises raisons il y a sept ans, Stéphanie Beaudoin a repris sa vie en main.
En 2014, cette jeune femme originaire de Victoriaville avait en effet été arrêtée à la suite d’une série de cambriolages dans des domiciles de sa région.
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À l’époque, ses démêlés avec la justice avaient été fort médiatisés, et elle avait hérité des surnoms «la voleuse sexy» et «la criminelle la plus sexy de la planète».
Aujourd’hui âgée de 28 ans et remplie d’ambition, Beaudoin semble bien déterminée à remettre sa vie sur les rails.
Pour arriver à ses fins et financer ses projets futurs, elle s’est lancée à fond dans les réseaux sociaux. Elle est bien sûr sur le traditionnel Instagram... mais aussi sur le controversé OnlyFans.
Désormais en paix avec son passé, Stéphanie Beaudoin nous a offert une longue entrevue dans laquelle elle lève le voile sur son parcours parsemé d’embûches, sur ses problèmes personnels qui l’ont amenée à poser des gestes criminels et sur sa décision de gagner sa vie sur OnlyFans.
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Sac de chips: Stéphanie, tu acceptes aujourd’hui de faire l’entrevue avec nous pour parler de ton passé «trouble» et qu’on parle de toi comme étant l’ex-«voleuse sexy»?
Stéphanie Beaudoin: Oui, je trouve que c’est important [de mentionner le «ex»]. Ça va faire sept ans. Si on continue de dire ça, c’est comme si je n’avais pas évolué. J’ai extrêmement évolué! De plus en plus, j’accepte de parler de mon histoire. J’ai fait du chemin. J’ai compris beaucoup de choses. C’est pour ça que maintenant je suis apte à en parler ouvertement.
SDC: Qu’est-ce qui est arrivé à l’époque où tu as fait les manchettes?
SB: Quand j’avais 7 ans, je me suis fait donner un labrador noir qui s’appelait Shadow. C’était lui mon confident. C’était mon meilleur ami. Mais à 15 ans, je me le suis fait enlever. En le promenant, il est allé plus loin et il est disparu.
SDC: Il est revenu?
SB: Non. On l’a cherché partout, mais il n’est pas revenu. Vu que je n’en parlais pas à mes parents, ils pensaient que j’avais passé par-dessus ça. Mais oublie ça! À partir de ce moment, à 15 ans, je suis devenue le contraire de ce que j’étais. L’école, je m’en foutais... J’ai fait une dépression, autrement dit. J’étais malheureuse, j’avais le mal de vivre. Je voulais juste retrouver mon chien. Ça a été l’élément déclencheur.
SDC: Qu’est-ce qui est arrivé ensuite?
SB: J’étais une petite fille super calme. Oui, j’avais énormément de difficulté à l’école, mais j’étais calme, j’étais à ma place. J’étais pas désagréable. Mais c’est là que j’ai commencé à connaître le «retrait» (quand les profs t’envoient dans un autre local). Et j’ai commencé à loafer mes cours en secondaire 4. Jamais j’avais fait ça. Et j’ai fini par lâcher l’école en secondaire 5. Je pochais tout. J’étais vraiment pas là.
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SDC: Tu feelais pas pantoute!
SB: Non, pis j’avais pas de médication. Personne ne savait ce qui se passait avec moi. Le monde disait :«C’est sa crise d’adolescence en retard.» J’étais juste profondément atteinte mentalement. J’ai quand même fini mon secondaire 5 aux adultes, un peu plus tard. Après j'ai rencontré mon premier chum. Ma pire relation. Ça a duré un bon deux ans et demi. Ça a été vraiment le bordel et ça a fait déborder le vase. C’est là que j’ai fait mes tentatives de suicide.
SDC: Qu’est-ce qui s’est passé?
SB: J’étais vraiment vraiment vraiment pas bien. J’avais vraiment besoin d’aide. J’ai eu des antidépresseurs, des Ativan, des pilules pour dormir. Mais c’est pas ce que j’avais besoin. Je voulais juste que quelqu’un me prenne en charge. À l’hôpital, ils ne me gardaient pas. Ils ont dit: «Elle va revenir dans trois semaines anyways.» Et ils ont dit à mes parents de s’occuper de moi. Faque finalement, j’ai tombé dans le crime.
SDC: Étais-tu encore aux études?
SB: Oui parce qu'entre-temps, j’avais commencé à prendre des cours pour être infirmière. Mais quand l’école a fini en mai, j’ai commencé mes conneries, jusqu’en juin. J’ai été arrêtée le 4 août 2014. Cet été-là a été complètement fou fou fou! C’est plate à dire, mais j’étais tellement morte à l’intérieur de moi que quand on m’a proposé ça, j’ai embarqué à 110%.
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SDC: Pourquoi?
SB: Ça me procurait de l’adrénaline! Quand je ressortais et que je n’avais plus d’adrénaline, j’étais complètement morte. Mais honnêtement, me faire arrêter, ça a été la meilleure chose qui me soit arrivée parce que c’est à partir de là que j’ai été prise en charge et qu’on m’a donné l’aide dont j’avais besoin.
SDC: T’as eu le temps de réfléchir et de prendre du recul sur ce que tu avais fait?
SB: Oui. C’est là que j’ai pu apprendre sur moi et comprendre pourquoi je m’étais rendue jusque là. Je ne suis pas une mauvaise personne. Jamais je n’aurais fait ça auparavant, rentrer dans des maisons. Je n’avais pas besoin d’argent. J’étais aux études. Mes parents m’aidaient. C’était décourageant de voir que je m’étais rendue jusque là. On aurait dû faire pas mal d’autres choses avant ça, pour que ce soit évité. Mais c’est moi qui ai fait des mauvais choix. C’est pas de la faute de personne d’autre.
SDC: Comment es-tu passée à autre chose?
SB: Je me suis relevée de cette période-là en allant en thérapie à 25 ans. Depuis que je me suis fait arrêter, et jusqu’à maintenant, je vois la même thérapeute aux deux semaines. Ça me fait un bien fou! J’ai tellement fait du chemin sur moi! Je te dirais que le jour où tu comprends ton passé, que tu l’acceptes, que tu lâches prise et que tu pardonnes, tu viens de tourner la page et tu commences un nouveau chapitre. Même un nouveau livre, je te dirais!
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SDC: Et pourquoi acceptes-tu d’en parler aujourd’hui?
SB: Je pourrais rester ni vue ni connue, me trouver une job «de même» et ne pas me mettre sur les réseaux sociaux. Mais j’étais tellement mal à l’intérieur de moi. J’ai connu le viol, le deuil, la séparation de mes parents, la dépression, la drogue... J’ai connu tellement de choses que je me dis que je peux aider beaucoup de gens. Et idéalement donner un coup de pouce avant qu’ils se rendent aux crimes, comme moi.
SDC: Après ton arrestation, tu as fait de la prison?
SB: Oui. Mais parce que j’avais remboursé une couple de victimes, que j’avais fait des dons, que je n’avais pas d'antécédents criminels, je n’ai pas eu une énorme sentence parce que les risques de récidive étaient vraiment minimes. Donc j’ai eu trois mois à faire la fin de semaine. Et j’ai eu un sixième de cette sentence-là à faire, en raison de mon bon comportement. Ils m’ont sortie de là et j’étais vraiment contente. Hey mon dieu! Ça fait réfléchir en tab&*$ak!
SDC: Et par rapport au surnom de «voleuse sexy», comment t’es-tu sentie?
SB: Quand j’ai été arrêtée, je savais que j’avais des photos en bikini sur mon Facebook et j’ai voulu aller effacer mon profil, mais je n’ai pas pu. Franchement, j’aurais préféré passer dans le journal avec une photo où on me voit avec des menottes plutôt qu’en bikini. Mais une fois, quand j’étais en prison, en attendant ma libération sous conditions, les autres détenues viennent me chercher: «Heille! Viens voir ça à la télé! T’es rendue la criminelle la plus sexy de la planète!» J’étais comme: «Ah noooon. C’est pas vrai...»
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SDC: Ça a fait le tour de la planète!
SB: Y’avait des journalistes de New York qui venaient me poser chez nous, sur mon balcon, pendant que j’étais en pleine dépression. Le pire, c’est que quand j’ai été arrêtée, je venais d’avoir une opération orthodontique au palais. J’avais des broches. J’avais un appareil dans le palais. J’étais pas capable de dire la moitié de mes syllabes parce que mon appareil me bloquait la langue. Pis l’appareil m’a agrandi le palais pendant six mois, ça fait que j’avais une craque de un centimètre entre les dents, qui n’étaient même pas égales. Je m’étais fait surnommer comme ça, mais laisse-moi te dire que s’il y avait une période de ma vie où j’étais affreuse et laide, c’était là!
SDC: Tu ne te sentais pas comme la «criminelle la plus sexy du monde»?
SB: Pantoute! Moi, je me sentais comme une marde!
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SDC: Après la prison, qu’est-ce que t’as fait?
SB: Pendant mes procédures judiciaires, je suis retournée à l’école. J’ai fait un DEP en esthétique. J’ai travaillé là-dedans. Après ça, je suis retournée faire un DEP en coiffure. Après, j’ai fait une formation comme barbière. J’ai aussi été diplômée et j’ai travaillé pendant un an et demi dans un barber shop de Victoriaville. Et finalement, avec la COVID-19, j’ai fait le gros move. J’ai tout arrêté pour me concentrer sur les réseaux sociaux.
SDC: On y arrive finalement! Comment t’es-tu retrouvée sur OnlyFans?
SB: Pendant que je finissais mon cours d’esthétique, je me suis mise sur Instagram. Ça a monté vite rapidement, mais je ne pense pas que le monde a compris que c’était moi. [L’ex-voleuse sexy], à part peut-être le monde de Victo. Les gens de Montréal ou de l’Inde ne s’en rendent pas compte.
SDC: De l’Inde???
SB: Ah oui!!! J’ai plus d’abonnés en Inde qu’au Québec. Mais pour répondre à ta question d’OnlyFans, j’ai vu une fille qui en parlait dans ses stories. Je lui ai écrit pour savoir en quoi ça consistait, qu’est-ce qu’elle faisait là-dessus, et si c’était payant. Elle m’a répondu que oui, c’était payant et qu’elle avait fait 30 000$ l’année passée en faisant des photos sexy. C’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde!
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SDC: Donc tu t’es lancée?
SB: Oui, j’ai parti ça sans en parler à personne. J’ai observé, j’ai analysé pour voir si c’était de mon goût. Et ça a comme explosé. C’est vraiment vraiment bon! Je suis dans le top 1% mondial depuis plusieurs mois. Je suis vraiment satisfaite. Maintenant, je fais une pierre deux coups: j’aime faire des photos sexy et j’aime faire de l’argent. Je mets mes photos ultrasexy sur OnlyFans et le monde paie pour les voir; et sur Instagram, je mets mes photos professionnelles, qui sont sexy aussi, mais pas osées.
SDC: Qu’est-ce que tu proposes comme contenu sur OnlyFans?
SB: C’est du contenu sexy, osé. Mais je ne fais pas de porno. Je ne fais pas de nudité complète. Et j’y vais selon mes valeurs. Je ne pense pas que faire des photos sexy, c’est se tirer dans le pied par rapport à ma carrière. Par contre, si je me mets à faire des vidéos XXX, ça va à l’encontre de mes valeurs. Je n’ai rien, par contre, contre ceux qui font ça. C’est juste que moi, ce n’est pas mon objectif.
SDC: Fais-tu des vidéos ou seulement des photos?
SB: Les deux. Mais tu ne me verras pas nue. C’est vraiment plus «sensuel». J’aime mieux prioriser la sensualité que la sexualité. En privé, sur OnlyFans, tu peux me parler directement. Y’a l’option pour voir la personne. Tu peux me demander des photos un peu plus explicites, un peu plus osées, en échange de tip. Ça, je le fais.
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SDC: Beaucoup de personnes se demandent si vous payez de l’impôt...
SB: Oui, on paye de l’impôt! [rires] C’est comme tout le monde, n’importe quelle compagnie.
SDC: As-tu beaucoup d’abonnés?
SB: Je fais environ 10-15 000$ par mois. Ça fluctue parce que le nombre d’abonnés change tout le temps.
SDC: À quelle fréquence fais-tu des publications?
SB: Tous les jours. Je m’investis à fond là-dedans, pandémie oblige. Je fais des collaborations avec des photographes. J’ai tout le temps du stock à mettre là-dessus. Je réponds à des messages privés. Je suis active sur la plateforme tous les jours.
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SDC: Veux-tu faire ça longtemps?
SB: Non! Mais Instagram oui, parce que c’est une plateforme pour s’exprimer. Par contre, ça ne sera plus la même chose. Mes photos sexy vont prendre le bord! Ça va être plus des photos vers où je veux m’en aller. Et OnlyFans, je me donne encore deux ans. À 30 ans, je veux fermer cette page-là et me concentrer sur ma carrière où je vais mettre de l’avant mon parcours, mon passé, mon vécu, ce que j’ai fait, comment je m’en suis sortie, pour pouvoir aider les gens. Un jour, je veux écrire un livre. Je veux faire des conférences. Mais pour ça, je sais bien que je peux pas être sur OnlyFans et poser en déshabillé.
SDC: Penses-tu que ça pourrait te nuire?
SB: Non, parce que ça fait partie de mon parcours. Mais c’est aussi pour ça que je ne veux pas aller plus loin que le «sexy» et le «osé». À 30 ans, je vais me déconnecter de ça. Disparaître de OnlyFans. Je vais garder Instagram pour le côté professionnel, mais en supprimant les photos sexy.
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SDC: Donc le OnlyFans, c’est temporaire et c’est une source de financement pour lancer ton entreprise?
SB: Exactement! Au départ, j'adore faire des photos et j'adore faire de l'argent. Donc cette formule-là me convient. Mais je veux plus que ça. Tout l’argent que je fais, je le mets de côté. Je pense m’acheter de l’immobilier un peu parce que c’est un placement qui est sûr et à long terme, mais je garde le plus gros de mon argent pour être capable de partir mes conférences ou mini-conférences, parce que je sais qu’on ne devient pas conférencière du jour au lendemain.
SDC: Es-tu dépensière?
SB: Non. Je mets le plus d’argent de côté possible. Je le flaube pas! Je ne m'achète pas des sacoches à 3-4000 piasses! Je magasine dans les friperies. Des fois, on me donne du linge par rapport à mon Instagram, mais je ne me fais pas faire les ongles, je ne vais pas au bronzage, je n'ai pas de cils. Je suis économe.
SDC: Et le fait d’avoir été «la voleuse sexy», est-ce que ça te nuit, ça t’aide ou ça ne change rien pour ta popularité sur les réseaux sociaux?
SB: Ça ne me nuit pas, mais je pense que ça ne change rien, en fait. Y’a peut-être deux personnes qui m’ont écrit pour me dire: «Han! Je savais pas que c’était toi!» Il y a deux ans, j'ai fait une entrevue dans un journal de Victoriaville. Ça disait que je venais de m’ouvrir un compte Instagram et que j’avais 10 000 abonnés. À part ça, ça n’a pas vraiment été dit que j’étais sur les réseaux sociaux. Les abonnés que j’ai, c’est vraiment moi qui est allée les chercher.
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SDC: Mais toi-même, tu ne le caches pas. Et tu ne le mentionnes pas non plus?
SB: Je ne veux pas m’afficher en disant: «Hey! Regardez tout le monde! Je suis la criminelle sexy!» Jamais je ne vais me vanter de ça. Jamais je ne vais marcher la tête haute à cause de ça. Ça ne serait pas correct. Mais ce n’est pas moi, non plus, qui m’a donné ces titres-là! Sur mes réseaux, je ne m’en sers pas et je n’en ai pas parlé. Je m’affiche en tant que Stéphanie Beaudoin parce que c’est ce qui est écrit sur mon baptistaire.