St Andrews ou Augusta? Woods est catégorique
François-David Rouleau
Une question à 1 million de dollars : où se situe le Saint Graal des parcours de golf sur la planète ? Sur les berges de la mer du Nord à St Andrews ou à Augusta en Géorgie?
Le Old Course, le berceau du golf, ou l’Augusta National, la cathédrale du golf ? Quand on pose la question, on ne reçoit aucune réponse simple.
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Les deux endroits sont uniques en leur genre. Il faut avouer que de se promener près du 18e trou par une splendide journée de juillet alors que la cornemuse raisonne sur la vieille pierre des immeubles de la ville et que la mer du Nord s’étend à perte de vue, c’est enchanteur et frissonnant.
Mais aux yeux des plus grands puristes et des grandes vedettes du golf professionnel, le choix s’arrête sur le plus vieux parcours public au monde situé en Écosse. Exactement là où le sport est né.
Dans l’esprit de Tiger Woods, champion de l’Omnium britannique à St Andrews en 2000 et 2005, il n’en fait aucun doute. C’est même son parcours favori. Une réponse donnée mardi qu’il a aussitôt confirmée sans même sourciller.
Résister au temps
Il ne faut pas voir là un affront au mythique club de la Géorgie, son terrain de jeu de prédilection, où il a remporté cinq vestons verts. Woods a choisi le Old Course en raison du poids de l’histoire du club fondé au 15e siècle, des 30 Omniums britanniques qui y ont été disputés, des golfeurs qui y ont déambulé et des vainqueurs.
Selon lui, rien n’égale ce parcours qui a résisté à l’épreuve du temps. À chacun de ses passages au 18e, il a immortalisé sa traversée du Swilcan Bridge. Dans son bureau, il a encore cette photo de sa première visite en 1995.
«À ma première ronde de pratique, je n’en croyais pas mes yeux tellement cet endroit était stupidement difficile. J’avais joué tous les trous le vent en plein nez. Je ne savais pas où frapper sur les normales 4, et soudainement, tout changeait. Les fosses venaient en jeu, a raconté le «Tigre» avec le sourire.
«L’ingéniosité fait en sorte que ce parcours a résisté à l’épreuve du temps face aux meilleurs golfeurs. Malgré l’amélioration constante du plateau, il reste un grand défi.»
Jordan Spieth a quant à lui évoqué les conditions météorologiques particulières de St Andrews comme principal facteur de résistance lorsque le vent souffle.
Conception unique
L’Espagnol Jon Rahm croit que le Saint Graal du golf se démarque par son histoire et sa conception unique.
«Son histoire est très spéciale. Je ne crois pas qu’on peut compter plusieurs parcours où on retrouve seulement quatre verts individuels, a-t-il noté à propos des sept verts partageant deux fanions. Toutes ses allées partagées, toutes ses aires aveugles et toutes les variétés de coups possibles d’exécuter. C’est l’histoire et la signification même du sport. Et la région du premier tertre puis du 18e vert est impressionnante.»
Selon les propos de Bobby Jones répétés par Jack Nicklaus, qui a soulevé la Claret Jug à deux reprises sur le parvis du château du club Royal and Ancient, un vrai champion est celui qui réussit à gagner sur ce parcours. Seulement cinq golfeurs ont réussi à le faire plus d’une fois.
« C’est un peu exagéré, a estimé Rahm, 27 ans, mais je comprends ce qu’il veut dire. Il n’y a qu’un très petit groupe de golfeurs qui ont gagné ici. Cela permet d’amener leur carrière à un autre niveau en raison du caractère exceptionnel de ce site. Ce parcours possède une riche histoire. »
À l’autre bout du spectre, Rory McIlroy n’a pu faire un choix. Pour le champion de la Claret Jug au Royal Liverpool en 2014 et toujours en quête de son premier veston vert à Augusta, les deux parcours sont chers à ses yeux. Les deux méritent ce titre.
Quant à la déclaration de Jones, il croit que bien peu d’athlètes composent ce club sélect. Ce qui fait d’un triomphe sur cette terre sacrée le plus grand exploit dans son sport.
« Il y a plusieurs grands golfeurs qui ont remporté l’Open et qui ne l’ont pas gagné à St Andrews. Mais je crois que c’est injuste d’affirmer qu’une carrière n’est pas complète sans gagner ici. »
Alors, pour déterminer votre Saint Graal, l’histoire et la signification du Old Course ou le mythe et la perfection de l’Augusta National?
Une ville en effervescence
Depuis le week-end, St Andrews est prise d’assaut par les amateurs de golf de partout sur la planète. Les rues sont aussi bondées durant la journée que les bars le sont le soir venu. Les boutiques de golf s’alignent comme les musées de cire et les maisons de miroirs à Niagara Falls. Seul petit hic, c’est que les cuisines des restaurants ne sont pas encore arrivées à l’heure de l’Open avec toutes les difficultés amenées par la pandémie. Elles ferment majoritairement avant 2 h alors que le soleil n’est pas couché et que les scribes affamés n’ont pas terminé de tapoter sur leur ordinateur. Pas grave, il y a toujours moyen de prendre une bouchée sur le pouce avec une pinte de Belhaven Best. Un véritable nectar découvert à mon premier passage ici en 2015. Ceci dit, le premier typique fish and chips a été avalé près de l’allée du 14e, lundi. C’est une tradition qu’il ne faut pas perdre.
Rahm discret
Jon Rahm souhaiterait bien pouvoir découvrir davantage la petite ville écossaise. Mais s’il devait s’y promener avec ses chandails griffés avec les écussons de ses commanditaires, il ne ferait pas 10 pieds en sortant de son véhicule. «Il y a trop de monde. J’aimerais pouvoir découvrir certains commerces comme les librairies où je veux me procurer des livres d’histoire du golf», a soufflé celui qui se contente timidement de fréquenter les restaurants dans la tranquillité.
Un sac magnifique
L’équipementier Callaway a distribué un magnifique sac à ses golfeurs. Sur les flancs, on y retrouve le dessin d’une jeune artiste de 15 ans de St Andrews. Iona Turner a dessiné ce que représente la ville à ses yeux. On y distingue des immeubles colorés, une cornemuse, le fameux Swilcan Bridge et le monstre du Loch Ness.