Sri Lanka: un ex-président responsable de n'avoir pas déjoué les attentats de Pâques

AFP
L'ancien président sri-lankais Maithripala Sirisena a été jugé responsable de ne pas avoir déjoué les attentats du dimanche de Pâques 2019 à Colombo qui ont fait 279 morts, a déclaré la Cour suprême dans une décision historique jeudi.
Les attentats, imputés à un groupe islamiste radical local, ont ciblé trois églises et trois hôtels dans la capitale, faisant 279 morts, dont 45 étrangers, et plus de 500 blessés.
Il s'agit de la pire attaque terroriste dont l'île d'Asie du Sud a été victime depuis la fin de sa guerre civile.
Un panel de sept juges a conclu que l'ex-président Sirisena avait fait preuve de négligence en ne prenant pas de mesures appropriées pour éviter les attentats, malgré de sérieuses alertes des services de renseignement.
La première alerte des services de renseignement indiens avait été lancée le 4 avril, près de trois semaines avant les attentats. Le groupe État islamique avait affirmé être derrière les auteurs des attentats.
Des groupes musulmans locaux avaient également mis en garde la police et les services de renseignement contre un groupe islamiste local, mais les autorités n'ont pas réussi à identifier les cerveaux.
Les juges ont condamné M. Sirisena, 71 ans, à verser 100 millions de roupies (276 000 dollars) aux familles des victimes. C'est la première fois qu'un chef d'État sri-lankais est jugé responsable de n'avoir pas empêché une attaque terroriste.
Les anciens chefs de la police, des services de renseignement et de la défense du Sri Lanka ont également reçu l'ordre d'indemniser les familles.
L'Église catholique du Sri Lanka a régulièrement critiqué l'enquête menée par le gouvernement sur les attentats du dimanche de Pâques et a demandé aux Nations unies une enquête internationale.
Le Sri Lanka a connu d'innombrables détournements d'avions, d'attentats à la bombe et de massacres de civils pendant la guerre civile qui a duré plusieurs décennies.
La guerre civile, qui aura duré 37 ans et fait environ 100 000 morts, a pris fin en 2009. Mais les dernières semaines du conflit se sont soldées, selon les estimations de l'ONU, par la mort d'environ 40 000 civils.