Sports extrêmes : une hausse de popularité, même au Québec
Charles Laverdière
Les sports extrêmes ont souvent été perçus d’un mauvais œil par le public, mais cette vision semble être en voie de changer, particulièrement avec l’arrivée de certains de ces sports aux Jeux olympiques, dont la planche à roulettes et le BMX.
La grande majorité des acteurs dans ces disciplines sont d’ailleurs plus que satisfaits de l’arrivée de leurs sports sur la plus grande scène sportive internationale, eux qui ont été introduits à Tokyo.
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«C’est vraiment une super bonne opportunité de mettre de l’avant notre sport, qui est des fois reconnu un peu comme un sport de "bums", comme le skateboard, a d’abord admis Jeffrey Whaley, un spécialiste de BMX qui participera pour la première fois au festival Jackalope, qui met en valeur plusieurs sports extrêmes, et qui se tient en fin de semaine, à l’Esplanade du Parc olympique de Montréal.
«Ce sont des sports de rue, des sports urbains, qui ont une mauvaise réputation. [On pense à] des ados qui traînent dans un skatepark et ne font pas grand-chose. Ç’a permis de mettre de l’avant que, non seulement c’est un sport de compétition, mais un sport vraiment intéressant au niveau visuel pour tout le monde, que ce soit papa, maman, les grands-parents, les enfants.»
«Ça donne une meilleure image du skate au niveau public. Les villes sont donc plus intéressées à construire des skateparks, faire des cours de skate, rendre le sport plus accessible, a ajouté le spécialiste de skateboard Julien Gagnon, qui, pour sa part, a participé à chacune des éditions du Jackalope depuis sa création. Ça donne aussi une meilleure vision du sport, parce que c’est un sport de rue, c’était moins accepté dans la société, donc je trouve que c’est une bonne chose que ce soit aux Olympiques, ça démocratise le sport.»
Mieux encadrer ces sports
Si les Jeux olympiques ont permis de fournir une meilleure image des sports extrêmes, la pandémie, elle, aura permis à plusieurs jeunes de se trouver une nouvelle passion.
Autant Gagnon que Whaley ont remarqué une hausse de la pratique de leur sport parmi les jeunes dans les dernières années. Toutefois, pour devenir une puissance dans ces disciplines, les jeunes devront être mieux encadrés, estiment les deux athlètes. Il y a toutefois de l’espoir.
«Je pense qu’au Québec et au Canada, on tire de la patte au niveau de l’encadrement des équipes, des skateparks pour s’entraîner, sauf qu’on travaille pour remonter un programme canadien, a avoué Whaley, qui a mentionné être en discussion avec Cyclisme Canada pour monter ce nouveau programme. Si on y met le temps et l’énergie, c’est clair qu’il y a une relève.»
«Avec l’ouverture de plusieurs centres sportifs au Québec, on voit l’ouverture du Adrénaline Urbaine, un écocentre sportif à Trois-Rivières, c’est sûr qu’il y a un futur pour la planche à roulettes et d’autres sports comme ça. Oui, il y a beaucoup de monde qui transfère dans d’autres provinces, mais on a de plus en plus de skateparks qui se développent au Québec. À Montréal, on en a deux ou trois projets juste cet été.»
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BMX : pouvoir vivre de son sport
Jeffrey Whaley a toujours rêvé de pouvoir vivre de son sport, mais jamais il ne s’attendait à parvenir à ses fins de la façon qu’il l’a fait, soit en étant un expert du BMX pour le spectacle Volta, du Cirque du Soleil.
Pourtant, en 2017, le Montréalais et quatre autres athlètes ont proposé un numéro de BMX qui s’est avéré être celui de fermeture du spectacle.
«Le BMX, c’était la finale de ce spectacle-là, et c’était un des numéros qui marchait le mieux, c’était vraiment impressionnant», a lancé Whaley, en entrevue avec l’Agence QMI.
Les cinq spécialistes de la discipline ont donc voyagé pendant plusieurs années, totalisant plus de 1300 spectacles. La tournée a toutefois pris fin en 2020, comme plusieurs autres événements, en raison de la COVID-19.
«C’était une opportunité que, même en grandissant, je n’avais jamais imaginée. Le Cirque, venant de Montréal, je connaissais ça, mais je ne viens pas d’un "background" de cirque, a ajouté l’athlète de 26 ans. Je n’avais jamais vu un spectacle du Cirque avant de travailler pour eux.»
«C’était vraiment une belle opportunité de pouvoir vivre de notre sport, mais aussi d’être super bien pris en charge par une grosse compagnie comme le Cirque. Je compare ça à jouer au hockey dans la Ligue nationale.»
Plus d’une façon
En parlant de son histoire, Whaley espère surtout montrer aux jeunes qu’il n’y a pas un seul moyen de faire sa vie en pratiquant un sport.
«Ça montre aux jeunes qu’il n’y a pas juste une voie dans les sports comme ça. Ce n’est pas juste que tu fais des compétitions, juste que tu es commandité par Red Bull. Tu peux vivre en faisant des vidéos YouTube. Il y en a qui vivent de ça. Il y en a qui font des compétitions et qui ont des commanditaires, mais il y en a qui font des projets vidéos ou des spectacles.»
Whaley est d’ailleurs présent au 10e anniversaire de Jackalope, festival permettant de célébrer certains sports extrêmes, en fin de semaine à l’Esplanade du Parc Olympique, lui qui a déjà assisté à l’événement comme spectateur, mais qui en est à sa première participation comme athlète.