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Culture

Souvent à Montréal en raison du travail, Pierre-Yves Lord s’ouvre sur sa dynamique familiale

Photo : Julien Faugere
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Michèle Lemieux

2023-06-24T10:00:00Z
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Presque chaque jour, Pierre-Yves Lord prend le temps de remercier la vie qui s’est montrée si généreuse à son endroit. Né dans un orphelinat en Haïti, l’animateur a grandi au sein d’une fratrie de trois enfants d’origines différentes, auprès de parents aimants et sécurisants. Choyé de pouvoir se déployer sur le plan professionnel, il peut compter sur une précieuse partenaire de vie qui veille à assurer une stabilité à leurs deux enfants. À tous égards, l’homme se sent profondément reconnaissant envers la vie.

Photo : Julien Faugere
Photo : Julien Faugere

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Pierre-Yves, encore une fois cette année, on vous a confié l’animation de la fête nationale à Montréal. Que nous réservera cette soirée?
Je suis privilégié d’animer cet événement. J’ai encore en tête la première Saint-Jean à laquelle j’ai assisté, en 6e année, en juin 1990. Il y avait Paul Piché, Michel Rivard, Diane Dufresne, Gilles Vigneault, Richard Séguin. J’avais été vraiment impressionné. Au-delà d’un enchaînement de chansons, il y avait un propos et ça m’a habité longtemps. Sur les Plaines, il y a aussi eu des partys célèbres, dont je ne me souviens plus! (rires) C’était un passage obligé à la fin des classes. Je pense que tout cela nourrissait mon envie de prendre le micro un jour et de participer à cette fête. Cette année, à Montréal, Garou, Isabelle Boulay, Marjo, FouKi, Souldia, Mélissa Bédard, P’tit Belliveau, Jay Jay, Justin Boulet et Lydia Képinski seront au rendez-vous. À la conférence de presse, je trouvais ça beau de voir des monuments vivants. Je me sentais privilégié d’être dans les coulisses avec eux. Je trouve ça beau, ce mélange, cette circulation d’énergie. Ça donne des foules improbables. C’est l’occasion de fraterniser et de réfléchir à qui on est, d’être un peu chauvins et de célébrer ce que nous avons d’unique en Amérique.

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Vous avez aussi accepté d’être ambassadeur de l’Office québécois de la langue française. En quoi consiste votre engagement?
J’ai exploré plein de types d’engagements en communication. Ces dernières années, je voulais que ça corresponde à certaines valeurs. Si ça met la jeunesse de l’avant, qu’on peut apprendre collectivement, que ça stimule la créativité et la curiosité, j’embarque. En tant que papa qui a envie qu’on protège notre culture, je me dis: est-ce qu’on démonise l’anglais ou on se concentre sur la beauté de notre langue? Une langue, c’est vivant. Ça me donne le sentiment de faire ma part.     

Avez-vous grandi avec des parents qui tenaient à ce que vous vous exprimiez de manière convenable?
Oui, ma mère nous corrigeait. Très tôt, elle me parlait comme à mon père, à ses amis ou à ses collègues. Tôt, j’ai eu envie de faire des phrases complètes. Oui, il y avait un souci de rigueur intellectuelle. Mon père était ingénieur, ma mère était infirmière. J’ai été élevé dans une famille stimulante intellectuellement et artistiquement. Très tôt, on nous a mis des instruments de musique dans les mains. Pour moi, exposer un enfant à différentes formes d’art, c’est un cadeau.     

En tant que père, avez-vous à cœur de créer un univers riche pour vos enfants?
Oui. Et quand Édouard et Olivia (âgés de 14 et 11 ans) étaient petits, je leur ai fait une promesse: que je n’allais jamais refuser de leur acheter des livres et des légumes, et j’ai tenu ma promesse! (rires) À la maison, il y a des livres, des globes terrestres, des cartes du monde, des schémas du corps humain, etc. Nous avons envie que nos enfants soient stimulés. Ma blonde est aussi sportive. Nous trimbalons nos enfants aux quatre coins de la région pour qu’ils puissent faire de la gymnastique, du hockey, du football. Nous pensons que c’est important dans leur développement. 

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Comment abordez-vous l’adolescence de vos enfants? La période vous semble-t-elle préoccupante?
Je peux parfois être exigeant et strict. L’enjeu, pour moi, c’est de parvenir à être stable sur le plan des règles et des directives. Étant donné ma personnalité, quand je fais la fête, je fais la fête, quand je suis heureux, je suis heureux, quand je suis contrarié, je suis contrarié, quand j’ai la mèche courte, j’ai la mèche courte. Parfois, pour une conjointe et des enfants, ça peut être difficile à suivre. J’essaie de travailler là-dessus. J’essaie de me rappeler ce que j’ai fait vivre à mes parents à leur âge. Je demande parfois à mon fils d’être reconnaissant, avenant, aidant. À 14 ans, je n’étais pas l’ado le plus aidant! Tout ce que je voulais, c’était d’aller jouer dehors, écouter la télé, parler au téléphone. Ce sont des enfants. Ils sont en santé, ils sont heureux, ils ont le bonheur facile, la maison est remplie de rires. Parfois, ils s’unissent pour nous faire suer, et ça les rend heureux. Mon fils m’apprend des choses. Lui et moi, nous pouvons nous trouver facilement...    

À quoi faites-vous allusion?
Nous pouvons nous trouver facilement dans le rire, dans le sport, dans les jeux vidéos, mais aussi dans la confrontation. Je suis plus militaire dans mon approche. Ça peut créer des étincelles, mais 15 secondes plus tard, il passe à autre chose. Il me donne des leçons sur le moment présent, sur la rancune, sur les nœuds qu’on peut dénouer, sur ce qu’on porte trop longtemps. Quand je le regarde aller, je me dis qu’il a compris. Quant aux situations relationnelles, notre fille a un regard avisé. Elle nous sort parfois des phrases qui sont d’une grande sagesse... Parfois, ma blonde et moi, nous nous obstinons sur des trucs, et les enfants tranchent pour nous. Ça peut être confrontant, mais il faut faire confiance et ne pas sous-estimer leur compréhension des situations.

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Vous formez une bonne équipe avec votre blonde?
Oui, mais une équipe atypique à cause de la distance. Je passe beaucoup de temps à l’extérieur de la maison. Une grande partie de mon travail est à Montréal, ce qui m’impose donc beaucoup d’allers-retours entre Québec et Montréal. Ma famille est habituée à me voir partir deux jours. Ça demande des efforts à ma blonde pour garder le cap, assurer une stabilité à la famille. Les enfants ont besoin d’un ancrage solide, et c’est ma blonde qui le leur offre. Je l’apprécie grandement. 

Chacun y trouve son compte dans cette vie familiale?
Oui. Ma blonde est prof. Elle travaille fort. De mon côté, j’ai un studio à la maison, où je travaille en création musicale. Je fais des trucs de DJ. En création, nous avons besoin de ne rien faire. Une partie du travail, c’est de réfléchir. Pour pondre un concept ou un documentaire, nous avons parfois besoin d’espace. Quand j’ai écrit le projet Bulletin spatial, je suis parti à Toronto, où je me suis enfermé seul pendant trois jours. Pour moi, c’est du travail laborieux. Non, je n’aurais pas pu écrire ce concept sur l’îlot de cuisine dans la routine familiale.

Photo : Julien Faugere / TVA Pu
Photo : Julien Faugere / TVA Pu

À travers votre manière de vivre, avez-vous l’impression d’enseigner à vos enfants le bien-fondé de l’espace personnel?
Oui, et je pense que, du fait des efforts que nous mettons dans le travail, ma blonde et moi, nos enfants ont développé un acharnement, une saine compétitivité dans le sport. Le désir d’accomplissement a toujours été valorisé à la maison. Je vois notre fille pratiquer la gymnastique. Je vois son désir de travailler les mouvements difficiles. J’ai vu les efforts de mon fils pour jouer au hockey bantam alors qu’il n’avait jamais joué de sa vie. Il aurait pu abandonner, je l’ai vu s’acharner. Nos enfants trouvent une satisfaction à repousser leurs limites. C’est valorisé, chez nous.      

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J’ai vu une photo de vous et de votre sœur, enfants, avec une mention: «Ta sœur et toi, vous êtes pareils.» Cela témoigne de l’éducation que vous avez reçue?
Oui, nous étions trois enfants de couleurs différentes. Mes parents, Monique et Yves, ont eu ma sœur Maryse en 1975. Ma mère a fait plusieurs fausses couches. Comme l’adoption s’ouvrait à l’international à la fin des années 1970, ils sont allés me chercher à Haïti en 1979. J’étais dans un orphelinat de Port-au-Prince. En 1980, ils sont allés chercher ma petite sœur Elizabeth dans la communauté mi’kmak à l’Île-du-Prince-Édouard.

Une famille, trois origines différentes, donc?
Oui, une crème glacée trois couleurs, comme on disait pour s’amuser. Parfois, des gens me demandent si mes «vrais» parents me manquent... Je comprends la question, mais Monique et Yves ont toujours été mes parents, Maryse et Elizabeth ont toujours été mes sœurs. C’est ma famille. Notre famille, c’est ceux qui nous ont bercés, nourris, cajolés, qui nous ont appris à rire, à aimer, à nous faire chicaner, à voyager. C’est ma famille! Si on me disait qu’on a retrouvé mes parents biologiques, je serais curieux, mais le lien, il est avec mes parents. Ma mère n’a jamais été ma mère adoptive ou pas ma vraie mère. Les liens qui nous unissent sont très forts. Ça peut être difficile à comprendre pour certains, mais ceux qui ont été adoptés ou qui ont adopté savent très bien de quoi je parle. Il n’y a pas de mot pour exprimer la force de ce lien.

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Finalement, vous avez grandi au sein d’une famille moderne avant l’heure...
Vraiment. Ça me touche quand je pense à l’adoption. J’ai gagné à la loterie de la vie. Je suis reconnaissant qu’on soit allé me chercher dans un orphelinat et que j’aie eu la chance de grandir dans une famille aimante, enveloppante, protectrice, sécurisante. J’ai eu le privilège de m’asseoir à la table avec des parents, des sœurs, de vivre une vie en famille. J’ai été gâté. Je ne sais pas ce qu’aurait été ma vie à l’orphelinat... Plein de gens l’ont vécu et s’en sont sortis. Mais je suis reconnaissant. Je fais des méditations de gratitude presque tous les jours. Une grande partie de ma reconnaissance est liée à mon parcours, mais aussi au fait d’être en vie, en santé. Je ressens de la gratitude pour tellement de petites choses...

En conclusion, Pierre-Yves, avez-vous d’autres projets professionnels à la rentrée?
Oui, j’animerai les Gémeaux, 100 génies et Plaza plaisir, une nouvelle émission à Télé-Québec. Quand j’étais jeune, tout était un prétexte pour m’amuser. C’était un défaut, car en classe et à la maison, j’étais agité. Aujourd’hui, je vois ça comme un atout dans mon métier. Je veux m’amuser partout. Les Gémeaux, c’est ça pour moi: c’est la grande fête du métier que je chéris. J’ai envie qu’on dise merci aux téléspectateurs d’être là et de nous permettre de nous amuser à longueur d’année. Pour moi, c’est aussi leur permettre de voir la crème de la télé en une seule soirée et les remercier de soutenir notre industrie.      

Pierre-Yves Lord nous invite à célébrer la fête nationale à Montréal le 24 juin au parc Maisonneuve. Le spectacle sera diffusé en direct, dès 20 h 30, sur les ondes de TVA.
À l’automne, Pierre-Yves animera la nouvelle émission musicale Plaza plaisir à Télé-Québec.

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