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Culture

Souffrant d'anxiété, Olivier Dion a failli tout laisser tomber

Photo : Bruno Petrozza
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Patrick Delisle-Crevier

2023-07-07T10:00:00Z
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Celui qui lançait il y a quelques semaines Sur le fil, un disque introspectif et presque thérapeutique pour lui, nous parle plus ouvertement que jamais de ses angoisses et de ses déceptions face au métier. Car, bien qu’il souhaite poursuivre dans la musique, il veut le faire à sa façon. Il est aussi question d’Emy-Jade, la nouvelle femme de sa vie, et de Pancake, une adorable chienne goldendoodle que le couple vient d’adopter.

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Olivier, comment vas-tu?
Je vais bien. Il s’est passé beaucoup de choses dans les derniers mois, et en ce moment, je vis un retour à une certaine réalité. Je tente de m’habituer au confort qui vient après avoir accompli des projets d’envergure, puisque, dans les derniers mois, j’ai sorti mon nouvel album et animé l’île de l’amour. J’ai envie de profiter de ce temps plus calme et de ne pas tomber dans le pattern qui consiste à partir à la recherche d’un prochain projet et à se mettre de la pression. Je me sens bien, libre et accompli. 

J’ai l’impression que je me retrouve devant un Olivier Dion différent...
Il s’est passé bien des choses dans ma vie. J’ai parcouru le monde pour produire mon album Exposed. Et en 2019, après l’avoir lancé, j’ai dû admettre qu’il ne m’avait pas amené là où j’aurais voulu qu’il m’amène, mais là où les gens voulaient que j’aille. Je me suis donc retrouvé dans un drôle d’état face à moi-même. Je vivais beaucoup de stress en raison de la façon dont je faisais les choses à ce moment-là et aussi de l’équipe qui me gérait. Il y avait une réelle dichotomie entre ma vision et celle de mon ancien gérant. C’était donc très compliqué. Tout ça a créé beaucoup d’anxiété et d’insécurité chez moi, à tel point qu’à un moment donné je me suis demandé si j’avais envie de continuer à faire ce métier et si j’étais à la bonne place.

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À ce point-là?
Oui. J’ai même appelé mon père deux fois pour lui demander si je devais continuer ou pas. C’était rendu que même le fait de chanter m’angoissait. Je sentais tellement de tensions et de stress dans ma voix que je n’avais plus confiance en elle. Cet inconfort face à ma voix m’habite depuis longtemps: même à l’époque de Star Académie, je stressais à l’idée de chanter. À un moment donné, j’interprétais la pièce Pour exister et je n’étais plus capable de la chanter. Il y avait une note très haute dans le pont, et je n’arrivais plus à la faire, même quand j’étais à la maison. Tout ça était tellement angoissant... J’avais beau suivre des formations vocales, ce sentiment ne me quittait pas. Quand ton métier, c’est de chanter et que ça t’arrive, c’est difficile et très anxiogène. C’est la première fois que je parle de ça publiquement. 

Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

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Comment t’en sors-tu?
Quand je donne un spectacle, je me prépare parfaitement: j’arrive à trouver des méthodes pour m’aider. Mais si je dois chanter dans un court laps de temps et sans m’être préparé, c’est terrible. Par exemple, je ne peux pas chanter spontanément autour d’un feu de camp, ça me stresse trop. J’ai vu un ORL, un orthophoniste... J’ai travaillé fort et j’ai réalisé au fil du temps que tout ça était relié au stress et que je devais me laisser aller.

Es-tu un grand angoissé au quotidien?
Je suis beaucoup plus anxieux que je le pensais; je m’en suis rendu compte avec le temps. Je suis un gars très nerveux, et tout ça se reflète de différentes façons. Je fais aussi beaucoup d’anxiété sociale depuis que je suis tout petit. Ça ne paraît pas comme ça, car je suis quand même quelqu’un qui aime les gens. Mais j’analyse tout ce que j’ai dit et comment ç’a été perçu. Je me souviens qu’au début, à Star Académie, j’étais terrifié quand venait le temps de faire des entrevues. Alors, en raison de tout ça, je me suis remis en question face à mon métier. Je doutais de ma crédibilité sur le plan artistique et j’avais l’impression de ne jamais livrer quelque chose qui était à mon image. Et en même temps, je ne savais plus trop ce qu’était mon image...

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Qu’est-ce qui t’a finalement amené à décider de faire Sur le fil, ton nouvel album?
Au départ, je me suis dit que si je voulais continuer, il faudrait que je propose un projet dans lequel je raconterais tout ça. Je voulais m’ouvrir aux gens et, surtout, arrêter de projeter une fausse image trop formatée et trop lisse de moi-même. Il fallait que j’entre dans un vrai dialogue, en proposant des chansons qui raconteraient véritablement mon état d’esprit. Je pense que les gens peuvent connecter avec cet album, qu’ils vont se retrouver dans les propos qu’il contient.

Cet album est à mille lieues du précédent. As-tu l’impression que ton équipe de l’époque a voulu faire de toi un produit, une belle gueule, au détriment de l’artiste que tu étais?
Oui, c’est exactement ça. À l’époque, ce n’était jamais vraiment à propos du contenu, mais beaucoup plus à propos du contenant. C’était toujours une affaire d’image et de mise en marché. On pensait au public qu’on voulait atteindre avant de penser à ce que j’avais à raconter. On me voyait comme un futur Shawn Mendes ou Justin Bieber, et je dois dire qu’il y avait quelque chose qui m’attirait là-dedans. J’ai aimé jouer ce jeu-là. C’est euphorisant de savoir que tu t’en vas à Los Angeles travailler en studio avec le même producteur que Shawn Mendes et avec les gars qui ont écrit Stitches. Une partie de moi y a cru. Le performeur voulait tout accomplir, mais l’artiste en moi était complètement perdu. Quand tu mélanges les deux, ça donne la chienne. C’était un rôle que je jouais. Quand j’écoute l’album Exposed, je trouve que ce sont des grosses tounes pop et que c’est bien fait, mais je ne me reconnais pas là-dedans. Ça pourrait être n’importe qui. C’est très générique. J’étais fier des chansons quand je sortais du studio, mais en même temps, j’avais l’impression que ce n’était pas mes chansons. J’avais beau les avoir coécrites, c’était quand même loin de moi. J’étais avec des machines à faire des hits. 

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Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

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L’album n’a pas eu le succès escompté. Est-ce frustrant de connaître un tel échec?
Ça fait peur, en fait. Je pense que j’ai toujours été un peu trop terre à terre par rapport au métier: j’ai grandi avec l’idée que c’était un milieu difficile et inaccessible. Donc, même si je souhaite faire ça longtemps, j’ai toujours eu cette peur que ce soit éphémère et que tout s’arrête. 

Es-tu désillusionné par rapport au milieu?
Un peu. Je pense qu’un côté de moi espérait avoir LE gros hit, que ça marche du premier coup, que ça explose et que je mène une vie de star. Une reconnexion avec l’essence même de ce que je faisais a été nécessaire. 

As-tu l’impression que ta belle gueule t’a joué des tours?
Oui, ça m’a joué des tours: comme je ne me faisais pas assez confiance en tant qu’artiste, ma belle gueule a pris beaucoup de place. Je sentais que c’était plus facile pour moi de mettre mon physique en avant plutôt que l’artiste et la musique. Sur les réseaux sociaux, je mettais une photo de moi et j’obtenais des milliers de clics et de likes, alors que si je partageais ma musique, j’en obtenais beaucoup moins... 

Que ferais-tu si tu ne faisais plus ce métier?
C’est une bonne question... C’est justement pour ça que j’ai peur: je ne sais pas ce que je ferais d’autre. Tout est arrivé tellement naturellement. C’est comme Star Académie: quand je me suis décidé à participer, c’était le dernier jour des auditions. Et, à partir de là, ç’a été un feu roulant. Ensuite, la France est arrivée, on m’a choisi pour jouer d’Artagnan dans la comédie musicale Les trois mousquetaires, puis j’ai participé à Danse avec les stars. Je n’ai pas eu le temps de me rendre compte de l’ampleur de ce qui m’arrivait. Je me suis retrouvé à vivre à Paris et à tomber amoureux d’une fille avec qui c’est vite devenu compliqué. On trouve d’ailleurs deux chansons inspirées de cette relation sur mon nouvel album: On se plaît et Paris (n’est plus le même). Quand tout a commencé, j’avais à peine 20 ans. Je suis devenu une figure publique, alors que je ne me connaissais pas moi-même. Même qu’à cette époque, je n’étais plus aussi passionné par la musique. Je me dirigeais vers des études en administration des affaires. Je pensais aussi à devenir acteur. Mais avec Star Académie, la musique a pris toute la place. 

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Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

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Est-ce que Sur le fil est l’album de la dernière chance pour toi?
Peut-être... Mais si cet album ne marche pas comme je veux, je pense que je vais encore avoir envie de sortir quelques chansons ici et là. En même temps, avec ce disque, j’ai l’impression d’avoir ouvert la porte à un artiste libre. Je le produis moi-même et je sais beaucoup plus comment créer, ce que j’aime faire.

Tu as tourné le dos aux multinationales de l’industrie pour faire cet album?
Oui. J’ai commencé à l’écrire un peu avant la pandémie. Les premières chansons ont été Ma route, Mayday et Je coule, des titres évocateurs. Les compagnies de disques ont vite répondu que mes chansons étaient trop sombres, trop mélancoliques, et que ça ne jouerait pas à la radio. C’était encore le même discours: on me disait une fois de plus que ce n’était pas ça que je devais faire et partager. Mais je me suis donné le droit d’exister de façon différente et je ne pense pas que les gens n’écoutent que des chansons joyeuses.

Regrettes-tu ta carrière en France?
Non, j’en garde de super souvenirs. En même temps, j’ai parfois l’impression de ne pas avoir su profiter au maximum de tout ça. J’ai vécu du stress, et ma relation un peu toxique avec cette fille à Paris a pris beaucoup de place. Elle était plus âgée que moi, ç’a été compliqué. J’ai eu très mal durant cette relation. J’ai décidé d’y mettre fin parce que ça n’allait pas du tout. Moi-même, je n’ai pas été la meilleure des personnes dans cette relation-là. Je me suis fait tellement de mal... Mais j’avais besoin de ça. Cette peine me faisait me sentir vivant, et je cultivais ce sentiment. Souvent j’aime ce qui est inaccessible... Bon, ce n’est pas le cas avec Emy-Jade en ce moment, parce qu’avec elle tout est différent.      

Quel genre de gars es-tu en amour?
Je suis beaucoup mieux que j’étais. Mais je ne suis pas le meilleur en amour, parce que j’ai très peur de l’engagement. J’ai du mal à me projeter à long terme. Ma blonde et moi venons d’adopter un petit chien, Pancake. C’est une nouvelle étape pour moi et une nouvelle forme d’engagement. Je souhaite vraiment être en relation sur une longue période et, en même temps, ça me fait peur. Je ne sais pas si ça vient du fait que mes parents ont divorcé et n’ont pas toujours été très heureux ensemble, surtout dans les dernières années. Ça fait presque un an que nous sommes ensemble, Emy-Jade et moi, et nous discutons beaucoup de tout ça. C’est une relation qui a débuté de façon inattendue, et nous nous apportons beaucoup mutuellement. C’est la première fois que je développe une vraie relation où je sens que nous sommes des alliés. Je ne remets pas constamment la relation en question comme je l’ai souvent fait. Nous habitons ensemble et nous nous cherchons un nouvel endroit.     

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Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

Parle-moi de l’adoption de la petite Pancake...
Le rêve d’Emy-Jade, c’est d’avoir une ferme avec 26 chiens! Elle avait déjà Cooper, un petit bichon maltais, et elle souhaitait avoir un deuxième chien. Moi, je pensais que ça allait trop me freiner si je voulais me déplacer, et tout... Mais, en revenant de l’île de l’amour, je me sentais tellement bien et relax que j’ai eu envie de me lancer. On a croisé le chemin de cette belle goldendoodle de taille moyenne... La petite Pancake me fait redécouvrir l’amour que j’avais pour les chiens quand j’étais petit gars, et je m’amuse à l’éduquer.     

Veux-tu des enfants?
J’ai toujours pensé que oui, mais je n’en suis plus certain. Je pense que l’idée des enfants va venir quand j’aurai une certaine stabilité. Les années de pandémie m’ont vraiment ébranlé. J’ai besoin de reconstruire mes fondations, et mon nouvel album est une première étape en ce sens. Je dois me refaire confiance en tant qu’artiste. Si je mets un enfant au monde un jour, je veux lui dédier quelque chose, je veux ne pas avoir à me soucier de moi. Je me suis toujours imaginé avoir des enfants, mais en vieillissant, je me demande si c’est une question de pression sociale. Je n’anticipe pas trop le futur et je ne veux surtout pas me donner d’ultimatum. C’est paradoxal, parce que je me dis que j’aimerais être un papa pas trop vieux. Mais je ne suis pas dans l’urgence, j’ai 31 ans!     

Que retiens-tu de l’animation de l’île de l’amour pour la suite des choses?
Ç’a été une expérience extrêmement positive, qui m’a redonné confiance en moi. La musique m’avait causé le stress, notamment, de devoir définir qui je suis... Animer, c’est différent. Je ne suis pas du tout nerveux quand je suis devant une caméra. Je me suis senti sur mon X. Je compte continuer de faire de l’animation: j’aimerais combiner la musique et la télévision.

As-tu mis une croix sur le métier d’acteur?
Absolument pas! J’aimerais beaucoup décrocher un rôle. Je compte travailler en ce sens. Je veux faire un démo et commencer à passer des auditions. Je caresse le rêve de jouer depuis longtemps.

À plus court terme, de quoi sera fait ton été?
Je vais passer beaucoup de temps à éduquer Pancake et j’aimerais commencer à monter un spectacle. Je songe aussi à la suite... À un prochain album qui sera peut-être plus léger. J’aimerais aussi aller présenter mon album en Europe, avec ma belle Emy-Jade. 

L’album Sur le fil est disponible sur toutes les plateformes. On peut suivre Olivier sur ses différents réseaux sociaux.

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