Sondage Léger–Le Journal–TVA: les trois quarts des Québécois tournent le dos aux États-Unis et à leurs produits

Les Québécois sont en colère et une écrasante majorité se dit prête à passer de la parole aux actes en boycottant les États-Unis, qu’ils ne voient plus comme un pays ami depuis l’arrivée de Donald Trump avec ses menaces.

Un sondage Léger–Le Journal–TVA mené entre vendredi et dimanche, alors que le président américain confirmait l’imposition de droits de douane de 25%, révèle une tendance lourde au sein de l’opinion publique.

Le sentiment antiaméricain est croissant: 76% des répondants québécois ont dit que l’arrivée du nouveau président les incitait à acheter moins de produits provenant des États-Unis et 74% sont moins enclins à visiter leurs voisins du Sud.

Une infime minorité de répondants (17%) disent que l’arrivée de M. Trump ne changera rien à leurs habitudes.

De la parole aux actes

«Ce n’est pas juste un coup de gueule: on passe de la colère à des actions véritables. Il y a un préjugé négatif à l’égard des États-Unis et un début de changement de comportement», a déclaré le sondeur Jean-Marc Léger.

Ce sentiment s’est déjà pointé le nez avec le départ annoncé d’Amazon du Québec: 35% des Québécois sondés la fin de semaine dernière vont «diminuer» leurs achats sur la plateforme américaine, tandis que 19% veulent carrément la «boycotter».

Au-delà des questions économiques, c’est la relation entre les Québécois et les Américains qui en prend un coup: 71% des répondants ne voient plus les États-Unis comme un «pays ami» depuis l’arrivée de Trump.

Les huées entendues pendant l’hymne américain à l’ouverture d’événements sportifs au Canada sont un exemple de ce nouvel état d’esprit, selon le sondeur.

Les Québécois pessimistes

Cette vive réaction trouve sa source dans les craintes par rapport à l’avenir: 83% des Québécois croient que les «tarifs» feront «mal» ou «très mal» à l’économie québécoise, contre 10% qui prédisent peu ou aucun effet.

Près d’un cinquième des Québécois (19%) se disent «assez inquiets» ou «très inquiets» de perdre leur emploi. La plupart des répondants (78%) ne le sont «pas vraiment» ou «pas du tout».

La riposte approuvée

Pendant la période du sondage, Donald Trump a réitéré, samedi, que ses droits de douane entreraient en vigueur mardi. Quelques heures plus tard, Justin Trudeau présentait les détails de la riposte canadienne, soit une réponse tarifaire d’«un dollar pour un dollar» sur une foule de produits de consommation.

Les chiffres indiquent que le gouvernement Trudeau a bien saisi l’humeur de la population: 74% des Québécois sont d’accord avec des mesures de rétorsion de 25% sur les importations américaines. Une minorité de 13% est en désaccord avec cette approche.

Lundi, le gouvernement Trudeau et la Maison-Blanche sont parvenus à un accord pour repousser d’un mois l’entrée en vigueur des droits de douane en échange d’investissements massifs d’Ottawa pour contrer le trafic de fentanyl.

Quoi qu’il en soit, 72% des Québécois sont d’avis que Donald Trump finira bel et bien par imposer des droits de douane à hauteur de 25%.