Son mari la faisait violer à son insu: ce qu’il faut retenir de la première semaine de procès

Lydia Labbé-Roy et Cheyenne Ogoyard
Une femme s’est fait droguer par son mari puis violer pendant 10 ans par des dizaines d’inconnus recrutés sur internet par son mari également, qui a tout filmé, en France. Voici ce qu’il faut retenir de cette première semaine de procès qui devrait se poursuivre jusqu’en décembre.
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Cette histoire à donner froid dans le dos a fait couler beaucoup d’encre partout dans le monde depuis l’ouverture du procès de l’homme et de ses 50 coaccusés, lundi.
Au total, 92 faits ont été comptabilisés, dont les premiers remontent à 2011 et dont les suivants se sont poursuivis jusqu’à l’automne 2020.
Le déroulement des viols
Les hommes étaient recrutés par le mari, Dominique Pelicot, sur coco.fr, un site qui est maintenant fermé. Le mari montrait des photos de la victime inconsciente dans des annonces. Il ne se faisait pas payer.

Les individus étaient donc invités à se présenter en pleine nuit, et ils devaient respecter des consignes très strictes afin de ne pas réveiller la victime, Gisèle Pelicot, maintenant âgée de 72 ans.
Ils devaient se stationner à un endroit désigné, près de la résidence, ne pas porter de parfum, ne pas avoir d’odeur de cigarette, se réchauffer les mains en les passant sous l’eau chaude et se déshabiller dans la cuisine pour éviter d’oublier un vêtement dans la chambre.
Le mari, pendant l’acte, prenait des vidéos de la victime, qui était toujours inconsciente.
Pendant 10 ans, celle-ci n’a jamais réalisé ce qui lui arrivait et a tout appris à 68 ans, lorsque l’enquête a débuté à l’automne 2020, après 50 ans de vie commune.
Comment les viols ont été découverts
Le mari de Gisèle Pelicot a été interpellé en 2020, après avoir filmé sous les jupes de trois femmes dans un supermarché. Dix ans plus tôt, en 2010, il avait été arrêté pour des faits similaires en région parisienne et condamné à une amende de 100€ (150$ CA). Son épouse n’avait jamais été mise au courant.

Les victimes ont porté plainte et M. Pelicot a été convoqué. Son cellulaire a été confisqué et les policiers ont découvert qu’il regorgeait de vidéos pornographiques mettant en scène des viols multiples sur une femme totalement intoxiquée.
Après perquisition à son domicile et au bout de deux mois d’enquête, les policiers ont finalement récolté plus de 20 000 photos et vidéos.
Les hommes accusés ont été identifiés grâce aux vidéos des viols et aux messages échangés sur le site de rencontres.
Les trois enfants du couple ont appris la nouvelle peu de temps après. La fille du couple, Caroline Darian, a reçu un appel de sa mère qui venait elle-même d’apprendre ce qu’elle avait vécu, et elle a ensuite prévenu ses frères. Le lendemain, ils étaient tous les trois devant les policiers.
Deux photos de Mme Darian, dénudée, ont également été retrouvées. Elles ont été prises sans son consentement.
Le couple a aussi sept petits-enfants.
Le procès
Le procès des 51 hommes a été ouvert lundi devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, en France.

Alors que le parquet avait réclamé un huis clos, notamment à cause du visionnement inévitable des vidéos, Mme Pelicot a demandé que le procès soit public.
Cette dernière s’est exprimée pour la première fois devant la cour jeudi. Vendredi, c’était au tour de sa fille.
L’interrogatoire de son mari est prévu pour la semaine prochaine. Le procès devrait s’étaler sur 69 jours d’audience.
– Avec les informations du Journal et de l’AFP