Sollicitée en France, Evelyne Brochu se confie sur son horaire exigeant
Michèle Lemieux
Actrice très sollicitée, Evelyne Brochu voit les beaux projets se multiplier, tant au Québec qu’en France. Les périodes de tournage sont particulièrement intenses, mais la maman retrouve son équilibre auprès de son amoureux et de leurs trois enfants. On peut la voir dans la nouvelle série In Memoriam, un thriller psychologique dans lequel elle campe Lucile de Léry, une avocate qui devra faire face à son douloureux passé lors du décès de son père, un richissime homme d’affaires.
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Evelyne, j’ai le sentiment que le personnage que tu joues dans In Memoriam représente un grand défi d’actrice. Je me trompe?
C’est effectivement le cas. Ma gang de la série Chouchou m’avait dit avoir quelque chose pour moi, un personnage à l’opposé de Chanelle. Lucile, la femme que j’incarne dans In Memoriam, a eu une vie difficile et ça l’a endurcie. Avec ses frères et sœurs,elleretourneraàlasourcede cette brisure. Les vieilles plaies vont se rouvrir. Ça m’amenait dans des zones où je ne vais pas nécessairement dans la vie, notamment la colère. J’avais l’impression d’avoir fait les Jeux olympiques des arts dramatiques! (rires) Un thriller psychologique, c’est énormément d’intensité.
Où puises-tu ton inspiration pour incarner un personnage aussi à vif?
Lucile sombre dans les profondeurs de ses blessures, mais elle essaie de garder la tête hors de l’eau. Elle est nouvellement amoureuse de Victor (Mani Soleymanlou). Ce qui m’intéressait en elle, c’est la lutte intérieure qu’elle vit. Mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit si physique. Je me couchais le soir avec l’impression d’avoir vécu quelque chose de très athlétique. La musique m’a aidée à m’amener dans ces états. J’ai écouté beaucoup de Metallica! (rires) Il fallait que je trouve du dark quelque part... Je suis chanceuse d’avoir de beaux défis à relever.
Parlant de défis, on peut aussi te voir au cinéma dans Chez les beaux-parents.
Oui, c’est un projet bonbon, une comédie romantique comme on en fait de moins en moins. Ça nous fait rire et ça nous amène dans une zone de tendresse, car la famille est très présente dans l’histoire. En fait, la famille québécoise est célébrée dans ce film. J’aurais eu envie que Luc Picard soit mon père,qu’Isabelle Vincent soit ma mère, que Charlotte Aubin soit ma sœur. Nous avons vécu dans une effervescence joyeuse pendant deux mois, et ça s’est conclu à Québec. J’avais un lien très personnel avec mon personnage car, comme moi, Sophie est en amour avec un anglo et elle vient de Québec. Elle est aussi très attachée à sa mamie, et je vais encore voir la mienne. Nous sommes allés au Carnaval de Québec récemment, et nous l’avons justement visitée avec les enfants. Par contre, mon personnage est une grande cheffe, alors que, même si je cuisine somme toute assez bien, je suis loin d’être une grande cheffe! (rires) Faire rire, c’est tout un art. Heureusement, nous étions bien accompagnés. Zach Braff est un génie de la comédie! C’était un honneur pour moi d’être l’héroïne de ce film.
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Tu aurais aussi un autre projet en France?
Oui, l’été dernier, j’ai tourné la série Dans l’ombre, qui sera disponible cet automne sur France 2. Il s’agit d’un thriller politique sur la course à l’investiture et les présidentielles dans un parti de droite en France. C’est un monde que je ne connaissais pas. Je joue la directrice des communications. J’ai aussi tourné un film québécois qui me donne des papillons: Phoenix, qui est un titre de travail. Ce long métrage m’a bouleversée de simplicité et de beauté. C’est l’histoire du réalisateur, qui est un fils de soldat. Il a vu son père partirpourl’Afghanistanetenrevenir. Ça se déroule l’été de ses 14 ans, avant que son père ne parte pour la guerre.
Et que devient Paris Police?
Je dois me rendre en France pour tourner la dernière saison. L’auteur a fait de grandes recherches; mon personnage a existé. C’est riche de penser que c’est arrivé pour vrai.
Comment gères-tu ton horaire avec les allers-retours entre les deux continents?
Je m’impose un certain rythme pour que ce ne soit pas trop dur, ni pour moi ni pour ma famille. Je vais en France environ deux semaines, puis je reviens environ une semaine. En plein milieu des tournages, j’aurai deux semaines de vacances. Dès que je le peux, je reviens. L’horaire est construit de façon à ce que je ne m’éloigne pas
trop longtemps.
Ta famille te suit-elle à l’étranger?
L’année dernière, Laurier est venu avec ma mère pendant 10 jours, car j’avais du temps même si je travaillais. Je trouvais qu’à quatre ans, il était assez vieux pour en profiter. C’est un pensez-y-bien de faire voyager trois enfants qui subiront le décalage horaire quand je dois partir tous les jours à 3h du matin etr evenir à 21h. Je ne les verrais pas tant de toute façon. Quand ils seront plus vieux, ce sera différent, tant pour eux que pour nous. Peut-être que cette année, la famille viendra en France, et probablement plus que 10 jours. Nous réfléchissons à cette question pour que ça ait du sens pour tout le monde.
Parfois, la maison reste le meilleur endroit où être...
C’est vrai, car la routine, c’est rassurant. Même s’il manque un parent, l’autre est là. Grand-maman est là.
Ce rythme te permet-il d’avoir le meilleur des deux mondes?
Oui, mais il y a toujours un aspect qui me brise le cœur... Parfois, je me dis: «Mais qu’est-ce que je fais ici?» Puis, à d’autres moments, je suis toujours à la maison. Par exemple, je n’ai pas travaillé depuis la mi-novembre, donc j’ai été super présente à la maison.J’emmagasine le plus possible la présence de ma famille et le bonheur d’être ensemble. La beauté de ce métier, c’est qu’il y a des moments d’intensité et d’absence plus difficiles à gérer, mais aussi des moments où nous pouvons être au rendez-vous à 100 %.
C’est toujours le grand dilemme d’être une maman tout en poursuivant sa carrière...
Effectivement. Professionnellement, je suis sur un beau nuage actuellement. J’ai des projets passionnants et variés. Heureusement, après mes projets, j’ai toujours une période de cocooning extrême, alors finalement tout s’équilibre sans trop que j’y réfléchisse. Nous avons une bonne étoile. J’ai un bon chum, une bonne mère et il y a une bonne communauté autour de nous. Quand je pars, je sens une grande barrière d’amour autour de ma famille, ce qui fait en sorte que je n’ai pas l’impression de laisser un trop grand trou derrière moi.
C’est aussi important de se réaliser en tant que femme, ne serait-ce que pour donner l’exemple à nos enfants.
Tout à fait, surtout pour nos filles. Il faut leur montrer qu’on peut être multiple, qu’on peut être dans la réalisation de soi, dans l’exploration de nos passions, et dans le don de soi. Nous avons le droit de tout vouloir.
Tu n’as pas travaillé depuis la mi-novembre. Comment profites-tu de cette période?
Je joue, je cuisine des muffins avec mes enfants, je vais nager avec eux à la piscine. C’est aussi une période de ressourcement: j’ai fait un mois sans alcool et je me suis mise au Pilates.
Et la musique dans tout ça?
Je serai aux Francos en juin. Il y aura plein d’invités et huit musiciens. Ce sera mon seul spectacle de l’été, alors on va tout donner!
Chez les beaux-parents est actuellement en salle.
In Memoriam est diffusée sur Crave.
Paris Police est disponible sur Tou.tv Extra.
Evelyne sera sur scène au Studio TD le 14 juin à 19 h dans le cadre des Francos de Montréal.