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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Situations critiques: Québec suspendra les vacances du personnel de la santé

Des avis reçus mentionnent que cela pourrait se produire en raison de la pénurie de personnel en santé

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Erika Aubin, Nora T. Lamontagne et Dominique Lelièvre

2022-01-04T00:19:18Z
2022-01-04T03:55:59Z
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Des travailleurs de la santé épuisés ont carrément fondu en larmes en apprenant lundi que leur établissement aurait à nouveau recours à des mesures comme l’annulation des vacances afin de pallier le manque criant de personnel.

• À lire aussi: Des centaines de policiers du SPVM manquent à l'appel

« Ça a l’effet d’une bombe. J’ai plein de monde en pleurs », rapporte le Dr Joseph Dahine, intensiviste à la Cité-de-la-Santé de Laval.

Le Journal s’est entretenu avec des travailleurs de la santé aux quatre coins du Québec qui ont appris lundi que le fameux arrêté ministériel 2020-007 serait à nouveau utilisé par leur employeur. 

Cette mesure adoptée lors de la première vague de COVID-19 en mars 2020 permet au gouvernement de mettre de côté une série de conditions de travail, explique Josée Marcotte, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux-CSN.

« Par exemple, en annulant des congés et des vacances, en déplaçant des travailleurs vers d’autres départements ou établissements, des temps partiels peuvent devoir travailler à temps plein », énumère-t-elle.

Le Dr Joseph Dahine, intensiviste à la Cité-de-la-Santé de Laval, voit l’impact de ces mesures sur son équipe des soins intensifs.
Le Dr Joseph Dahine, intensiviste à la Cité-de-la-Santé de Laval, voit l’impact de ces mesures sur son équipe des soins intensifs. Photo d’archives

Avec un nouvel horaire de soir...

Une infirmière de Montréal qui travaille de jour en chirurgie a récemment appris avec moins d’une semaine de préavis qu’elle sera réaffectée aux soins intensifs... avec un nouvel horaire de 15 h 30 à minuit. 

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« J’ai pleuré. C’est toute ma vie familiale qui est bousculée. Depuis le début de la pandémie, je donne tout que je peux. Je travaille plus que je suis capable, mais le système n’est jamais satisfait », confie la mère de famille, qui préfère taire son nom par crainte de représailles.

À la Cité-de-la-Santé, des employés à temps partiel devront travailler dès aujourd’hui à temps complet, indique une note interne du département de l’urgence, dont Le Journal a obtenu copie.

« Ce n’est pas humain de brûler le monde comme ça », lance une infirmière de ce centre hospitalier, qui fera maintenant du temps complet plutôt que quatre jours par semaine.

« Ce ne sont pas des numéros de permis. Ce sont des gens avec des noms et des prénoms, des gens avec des familles, qui ont des enfants, qui sont aidants naturels », renchérit le Dr Dahine.

  • Écoutez l'entrevue de Philippe-Vincent Foisy avec Joseph Dahine, Intensiviste au CISSS de Laval, sur QUB radio: 

Sorti de ses vacances

Le Syndicat des professionnelles en soins de Chaudière-Appalaches évoque plusieurs situations où des quarts de travail ont été modifiés et au moins un de ses membres a été sorti de ses vacances.

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« Ils nous appellent les anges gardiens, mais je trouve que c’est un gros manque de respect », dénonce sous le couvert de l’anonymat un infirmier auxiliaire de cette région. Une journée de congé lui sera retirée cette semaine.

Pour la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, cet arrêté est « le plus catastrophique » de ceux adoptés depuis le début de la pandémie. 

« L’employeur peut faire ce qu’il veut », et ce, au détriment de la conciliation travail-famille, résume sa présidente, Julie Bouchard.

Mal utilisé

D’autant plus que des employeurs s’en sont servi à mauvais escient lors des autres vagues pour pallier des pénuries présentes avant la pandémie ou pour éliminer des listes d’attente, selon elle.

« Une fois instauré, il a fallu se battre pour le faire enlever », appuie Brigitte Petrie, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de Montérégie-Est.

Départ hâtif à la retraite, burn-out et démissions en bloc : « C’est une mesure qui a laissé des séquelles plutôt que pallier le manque de personnel », déplore Mme Petrie. 

Le ministère de la Santé n’a pas pu confirmer lundi quels établissements font à nouveau appel à cette mesure en « dernier recours. »

– Avec Dominique Scali

Ç’a déjà commencé dans ces hôpitaux  

Cité-de-la-santé, Laval

Photo d'archives
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Hôpital de Saint-georges

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Hôpital Maisonneuve-Rosemont, Montréal

Photo d'archives
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Le bilan du jour au québec  

15 293 nouveaux cas

165 nouvelles hospitalisations

15 décès

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