Sexe, genre et réalité


Mathieu Bock-Côté
Je n’ai pas l’habitude de traiter les cours suprêmes avec une déférence exagérée.
Les tribunaux se sont transformés depuis longtemps en instruments au service de l’ingénierie sociale progressiste.
L’État de droit, le vrai, est essentiel. Mais derrière ce nom, on cache trop souvent aujourd’hui une idéologie de gauche radicale agressive qui cherche à déconstruire les institutions sociales au nom des caprices «minoritaires».
Mais voilà, quand une de ces cours suprêmes semble revenir à la réalité, je ne peux que m’en réjouir.
Cela vient d’arriver au Royaume-Uni.
Délire
La Cour suprême britannique vient de reconnaître que ce qui définit légalement une femme n’est pas son ressenti de genre, comme on dit, mais son sexe biologique.
Simple bon sens, répondront ceux qui ne sont pas familiers avec les élucubrations idéologiques de notre temps. Comment a-t-on même pu un instant croire le contraire?
Me sentirais-je prune, orange, chaise berçante, cerf-volant ou Tortue Ninja que je ne serais pas prune, orange, chaise berçante, cerf-volant ou Tortue Ninja.
Le fantasme n’est pas un autre réel qu’il suffirait de décréter pour qu’il advienne.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
De même, il ne suffit pas qu’un homme se décrète femme pour l’être.
Il n’est pas non plus, quoi qu’on dise, une «femme transgenre», même s’il s’habille comme une femme ou se livre à différentes thérapies hormonales pour basculer d’une moitié de l’humanité vers l’autre.
On peut bien créer linguistiquement, certains diront même administrativement, la catégorie «femme transgenre», mais elle ne saurait donner droit au même statut que les vraies femmes.
Par exemple, une femme transgenre ne devrait pas pouvoir participer aux compétitions sportives féminines ni avoir accès aux refuges pour les femmes violentées ou aux prisons pour femmes.
On naît femme: on ne le devient pas. On naît homme: on ne le devient pas non plus.
Il n’y a que deux sexes.
On peut ensuite préférer les codes culturels associés à un sexe ou à l’autre, mais cela ne change rien à la vérité biologique.
Ceux qui cherchent à convaincre, dans les écoles, la jeune génération d’expérimenter les différentes identités de genre se livrent en fait à un travail d’endoctrinement, de propagande. Et plus encore quand cela conduit à des traitements hormonaux ou à des chirurgies.
Un jour, peut-être plus tôt que tard, on sera très sévère envers ceux qui ont participé à cette expérimentation biosociale.
Je veux bien qu’il y ait des exceptions.
J’imagine l’immense douleur d’une personne qui croit habiter le «mauvais corps», même si je ne vois pas trop ce que cela veut dire, car le corps n’est pas une enveloppe corporelle extérieure à nous-mêmes.
Réalité
Mais bon, je l’ai dit, imaginons qu’il y ait des exceptions – celles dont on parle en évoquant la dysphorie de genre. Je l’entends.
L’humanité est toujours plus complexe qu’on ne le dit.
Hélas, ces exceptions ont justifié, ces dernières années, un délire idéologique.
Il faut y mettre fin.
Le réel a ses droits.