Série du siècle: un discours qui fut déterminant
Étienne Bouchard
Le prochain mois constituera l’occasion pour les amateurs de hockey du pays de célébrer les 50 ans de la fameuse Série du siècle, qui représente aux yeux de certains la plus grande réussite canadienne sur la scène internationale sportive.
L’histoire restera gravée dans la mémoire des partisans ayant vécu la remontée de l’unifolié aux dépens de la formation soviétique. L’équipe comprenant notamment Serge Savard, Yvan Cournoyer et Ken Dryden avait comblé un retard de 3-1-1 en remportant les trois derniers matchs de la confrontation à Moscou, le tout couronné par le but décisif de Paul Henderson avec 34 secondes à écouler à la troisième période du dernier duel.
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À l’époque, l’événement représentait un incontournable pour tout partisan de hockey, aussi jeune soit-il. Plusieurs séchaient leurs cours à l’école afin de suivre les exploits des porte-couleurs canadiens. Et, encore aujourd’hui, le tout revêt un cachet particulier et est synonyme de fierté, selon Savard, qui avait disputé cinq des huit parties.
«Si vous demandez à Ken Dryden quel est son souvenir le plus précieux, il répondra que c’est notre victoire à Moscou. Tous ceux y ayant participé ont été marqués. Et il faut rappeler qu’à l’époque, ça faisait seulement cinq ans [NDLR : sept ans] que le drapeau canadien existait et qu’il y avait de la controverse, des plaintes à son sujet. Mais après la Série, on n’entendait plus rien; 1972 a unifié le pays», a indiqué mardi l’ex-arrière en marge de son tournoi de golf au club Le Mirage.
«C’est la première fois que les professionnels représentaient le Canada à l’échelle internationale, a-t-il enchaîné avant de parler de Dryden, qui a été invité à livrer en soirée un discours sur le choc Canada-URSS. Après le but, Ken a sorti de son filet pour s’avancer, ce qu’il n’avait jamais fait. [...] S’élever aussi haut, ça ne peut pas être égalé émotivement. Il s’agit d’un événement marquant au pays, quand on en parle à certains encore en vie, les lumières s’allument. En 1972, la population canadienne était de 22 millions de personnes; 18 millions ont regardé la Série et tous se rappellent où ils étaient pendant le dernier match.»
Pour Guy Lapointe, l’un des six porte-couleurs du Canadien de Montréal faisant partie de la formation, le moment reste grandiose, inoubliable.
«C’est certainement dans mon top 3. J’avais été invité après-coup, car Bobby Orr était blessé au genou et Jean-Claude Tremblay avait été exclu. Ma présence a défini ma carrière, a souligné Pointu, qui a joué sept rencontres de la Série. On a montré qu’on formait une équipe et que l’effort collectif était notre force principale.»
«Notre émotion a fait la différence, les Russes n’étaient pas habitués à cela. Le discours de Phil Esposito à Vancouver [après la défaite au quatrième match] a été déterminant», a renchéri Marcel Dionne, invité par le Canada sans toutefois avoir joué une partie.