Sept ans après son premier AVC, Josée Boudreault est en paix avec le fait de ne pas parler comme avant
Daniel Daignault
Il y avait au moins huit ou neuf ans que je n’avais pas croisé Josée Boudreault. On s’en souvient, en juillet 2016, l’animatrice était victime d’un AVC, puis d’un second un an plus tard. C’est une Josée dynamique et toujours aussi drôle que j’ai eu l’occasion de rencontrer chez elle en compagnie de son conjoint, Louis-Philippe Rivard.
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D’abord, Josée, comment vas-tu?
Josée: Ça va très, très bien. Ça fait sept ans, l’AVC; c’est incroyable! Ça va vite, la vie, c’est l’enfer.
En sept ans, force est d’admettre que tu as fait beaucoup de progrès!
J.: Oui! Avant je ne pouvais dire qu’un mot: «Aweille!» Ce n’était que ça durant un mois. Après coup, on a ri de ça. Parce que Louis-Philippe faisait tout, je lui disais: «Aweille!» Maintenant, je parle mieux qu’avant, jamais autant qu’avant, mais je suis en paix avec ça.
Les gens sont-ils surpris lorsqu’ils constatent à quel point tu t’es bien remise?
J.: Oui, mais en même temps, ils sont tout jeunes, ils ne savent pas qui je suis! Ils pensent parfois, quand ils m’entendent parler, que je suis sous l’effet de l’alcool (rires)! J’ai moins de mots, mais je fais avec ça, et je me dis que ça aurait pu être bien pire.
Louis-Philippe: On est chanceux malgré tout, car elle est capable de communiquer et elle a gardé son humour.
Quel bilan faites-vous de ces sept années, en tant que couple?
L.-P.: C’est drôle, parce qu’on finit par oublier qu’elle a fait un AVC et qu’elle était différente avant... C’est la vie qui continue. Son message sur son répondeur est le même qu’avant, et quand je l’entends, je te dirais que je la trouve bizarre, cette Josée-là, je l’aime moins!
J.: C’est sûr, maintenant tu peux plus parler qu’avant. (rires) Sérieusement, avant je parlais beaucoup, et là, j’écoute. J’étais bien trop high!
L.-P.: On dirait qu’on s’habitue à tout avec le temps, il faut vraiment que j’y pense, qu’elle était différente avant. Je l’aime comme ça, avec sa façon de parler.
Et les enfants?
J.: En fait, elles ont oublié comment j’étais avant. Je n’ai pas changé, je suis encore un peu rough avec elles, j’ai toujours été comme ça. C’est sûr que, parfois, j’aimerais pouvoir parler mieux avec mes filles, être capable de leur dire des choses importantes, leur parler de leurs chums et tout ça, mais je n’ai pas beaucoup de mots. Avant, j’aurais eu des conversations plus longues.
L.-P.: Oui, mais elles ne t’auraient pas plus écoutée. (rires)
Quel âge ont les filles, maintenant?
L.-P.: Chloé a 22 ans, elle est en appart à Montréal depuis peu. Annabelle a 15 ans, Flavie en a 12 et elle vient de commencer le secondaire. Elles vont à la même école. Les enfants sont résilients, ils s’adaptent facilement. Quand Josée cherche ses mots, elles roulent des yeux, elles ne sont pas différentes des autres filles avec leur mère.
J.: Je ne suis pas du genre à m’apitoyer sur mon sort, à me demander pourquoi ça m’est arrivé à moi. Maintenant, on fait quelque chose d’important pour les autres, et je suis contente. Ç’a amené un virage dans nos vies, pour le mieux!
Justement, vous avez franchi le plateau des 500 conférences, c’est un bel exploit pour vous deux!
L.-P.: Quand on regarde le chiffre, on réalise que c’est énorme. On fait vraiment tout; on arrive avec nos hautparleurs, nos boîtes de livres, il y a beaucoup de travail derrière ces 500 conférences. L’AVC est arrivé le 1er juillet2016, et on a commencé les conférences en février 2017. Ç’a quand même été rapide, il y avait une demande et on a travaillé ensemble, Josée et moi. Au début, les gens étaient beaucoup dans la pitié avec Josée et ils pensaient que la conférence était sur l’AVC, alors qu’en fait, c’est sur le bonheur, la gratitude, la résilience; ce qui fait que Josée est heureuse malgré tout. On s’accote sur l’événement pour parler d’un paquet d’affaires.
J.: On a tout le temps eu du fun à travailler ensemble. On a trois conférences différentes.
L.-P.: Il y a d’abord eu Le bonheur est en nous, puis on en a fait une sur le couple (ils ont lancé un livre en 2018 qui a pour titre Même nous on se tombe sur les nerfs... parfois), et on présente une nouvelle version, 2.0, disons, de Sois ta meilleure amie, que Josée faisait avant son AVC. Elle n’est pas capable d’apprendre des textes, alors, avant de faire une conférence, on discute beaucoup et quand je lui lance quelque chose, elle part là-dessus. Nos conférences évoluent toujours.
J.: Avant l’AVC, j’avais fait au moins 200 conférences. Puis j’ai arrêté durant un an, et j’ai suggéré à Louis-Philippe qu’on fasse ça ensemble, en me disant qu’on aurait du fun. Le monde aime encore plus ça, parce qu’ils voient qu’on a du plaisir. Pour moi, il n’a jamais été question de demeurer à la maison à ne rien faire. C’est quand même bizarre, parce que dans mon premier livre, j’avais parlé de mon AVC...
L.-P.: Dans ce livre, écrit en 2014, elle parlait de ses peurs. Et la dernière chose qu’elle mentionnait était: «Victime d’un AVC, je perds la parole.» C’était sa plus grande peur et elle s’en sort tellement bien, avec un beau sourire au visage.
J’imagine qu’il y a eu des moments difficiles après l’AVC?
J.: Le problème est qu’avec un AVC, on est tout le temps fatigué, c’est ça qui est le pire. Mais je suis fière, parce que je n’ai jamais arrêté le gym, même si au début ce n’était pas drôle. C’était un défi pour moi et aujourd’hui, je suis en forme. Et Louis-Philippe, il était fin avant, et il est encore plus fin. Il est patient, ça n’a pas de bon sens!
Il y a combien de temps que vous êtes ensemble?
J.: Trop longtemps! (rires) Bientôt 20 ans, c’est incroyable.
Qu’est-ce qui t’a étonné chez Josée, ces dernières années?
L.-P.: Après l’AVC, j’aurais pensé qu’elle aurait été plus down. C’est une communicatrice; la première chose importante pour elle était les mots. Je savais qu’elle était résiliente, mais j’ai été étonné de voir comment elle a abordé tout ça, en riant. Même si je savais qu’elle était forte, elle m’a vraiment surpris.
Vois-tu un médecin régulièrement?
J.: Seulement une fois par année, ça dure seulement 10 minutes, parce que tout est correct.
Tu t’ennuies de faire de la radio?
J.: J’aimais ça, mais c’est fini pour moi. Je pense que les conférences sont importantes pour beaucoup de monde, et c’est tant mieux!
L.-P.: Il y a des gens qui viennent nous voir et nous racontent qu’on a allumé quelque chose en eux. Pendant les conférences, il y a du monde qui rit, mais d’autres qui pleurent.
Donc, si vous continuez à présenter des conférences, on va peut-être se revoir quand vous serez rendus à 1000!
J.: On ne sait jamais, tout est possible. On a du fun et les gens sont au rendez-vous.
Pour toutes les dates de leurs conférences, on visite le joseeboudreault.com. Leur livre Même nous on se tombe sur les nerfs... parfois, est publié aux Éditions Un monde différent.