Semaine de 4 jours: 97% des entreprises qui ont participé à un projet pilote ne reviendront pas en arrière
Anne-Sophie Roy
Presque toutes les entreprises qui ont mis à l’essai la semaine de travail de quatre jours sans perte de salaire ne reviendront pas en arrière, révèle l’organisation 4 Day Week Global, qui a mené une étude.
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Plus de 30 entreprises et près de 1000 employés aux États-Unis, en l’Irlande et en Australie ont récemment conclu un programme pilote de six mois. La recherche, coordonnée par 4 Day Week Global, a été réalisée par des chercheurs de Boston College, de University College Dublin et de l’Université de Cambridge.
Les résultats sont sans équivoque: 97% des entreprises qui se sont prêtées au jeu garderont la semaine de 32 heures au salaire de 40 heures.
Les entreprises qui ont accordé à leur personnel un jour de congé supplémentaire par semaine ont observé une augmentation de leurs revenus et une diminution du taux d’absentéisme et des démissions.
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Pas de perte de productivité
Travailler quatre jours plutôt que cinq ne s'est d'ailleurs pas traduit par une perte d’efficacité, révèle l’étude. Les entreprises participantes ont évalué leur expérience à 9 sur 10, exprimant une «extrême satisfaction quant à leur productivité et leurs performances globales».
Ce n’est pas tout: le chiffre d’affaires des organisations a aussi augmenté de plus de 1% chaque mois et, de plus de 8% pendant toute la durée du projet pilote.
Ce nouveau modèle et ses avantages salariaux ont aussi convaincu les employés. Il faudrait les payer cher pour revenir en arrière: 70% d’entre eux ont déclaré qu’un employeur devrait être en mesure de leur offrir une augmentation de salaire entre 10 et 50% pour revenir à un horaire de 5 jours.
Plus d’un employé sur dix a également répondu qu’aucun montant d’argent ne suffirait à les faire revenir à une semaine de cinq jours.
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Santé et bien-être améliorés
Les participants à cette étude ont également ressenti des effets positifs sur leur santé et leur bien-être. Une «amélioration significative» sur le plan du stress, de la fatigue et des conflits travail-famille a été relevée.
«Les santés physique et mentale se sont également améliorées, tout comme la satisfaction dans de multiples domaines de la vie, ce qui peut être lié au fait que les gens dorment mieux et font plus d'exercice», explique la professeure agrégée de Boston College et coautrice du rapport, Wen Fan.
L'expérience de Jon Leland, un participant à l’essai et directeur de la stratégie de la plateforme de financement participatif Kickstarter, aux États-Unis, reflète cette tendance:
«Le personnel est plus concentré, plus engagé et plus dévoué, ce qui nous aide à mieux atteindre nos objectifs qu'auparavant [...] Non seulement on a un meilleur rendement en tant qu'organisation, mais on donne aux gens le temps de démarrer de nouveaux projets créatifs, de se reposer et d'être avec leur famille. C'est gagnant-gagnant.»
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Encore marginal au Québec
La semaine de travail de quatre jours est un phénomène encore très récent et marginal au Québec, mais il tend à prendre de l’ampleur. Pour le moment, seules quelques entreprises dans la province ont fait le saut pour permettre à leurs employés de profiter d’un week-end de 3 jours au salaire d’une semaine de 5 jours.
L’idée fait toutefois son chemin ailleurs dans le monde. La Belgique, l’Islande et le Japon ont notamment mené des essais pour mesurer l’efficacité et l’acceptabilité d’une semaine de travail de quatre jours.
L’été dernier, 70 entreprises britanniques ont mis à l’essai la semaine de travail de quatre jours sans perte de salaire pour une période de 6 mois. Il s’agit du plus important projet pilote mené à ce jour sur le sujet.