Filière de la batterie électrique: Ottawa veut protéger le cuivre essentiel à la production
Après l’annonce d’une usine de feuilles de cuivre de Volta, Ottawa s’est dit prêt à protéger le cuivre pour des raisons de sécurité nationale.


Francis Halin
Après avoir annoncé l'arrivée d’une usine stratégique de feuilles de cuivre de la filière batterie de 750M$ de Solutions énergétiques Volta Canada mardi dernier à Granby, Ottawa s’est dit prêt à protéger l’approvisionnement de cuivre pour des raisons de sécurité nationale.
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Dix mois après avoir ordonné à trois firmes chinoises de retirer leurs billes du lithium, le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne a enfoncé le clou.
«On a même un projet de loi présentement en Chambre, qui va nous donner des outils encore plus importants pour le ministre», a-t-il résumé en serrant la vis.
«À part la Chine, c’est vraiment le Canada qui a l’ensemble des minéraux critiques non seulement pour faire des batteries, mais aussi des semi-conducteurs», a-t-il martelé.
Au Québec, quatre mines stratégiques fournissaient le précieux cuivre dans le Nord-du-Québec et en Abitibi-Témiscamingue en 2021, selon un document du ministère des Ressources naturelles mis à jour en juin dernier. (Voir tableau à la fin)
Dans l’ensemble du pays, pour la même année, les exportations de cuivre ont dépassé les 9,9G$, selon Ressources naturelles Canada.
Résidus de cuivre
Interrogée par Le Journal, Solutions énergétiques Volta Canada, qui ambitionne de produire à Granby assez de feuilles de cuivre pour 2,5 millions de véhicules, a affirmé «discuter avec plusieurs fournisseurs québécois de résidus de cuivre».

«Volta utilise exclusivement des résidus de feuilles de cuivre qui proviennent, par exemple, des industries de l'information et des télécommunications. Les résidus proviennent de produits transformés et ne viennent pas des mines», a-t-on indiqué.
«Ça ne doit pas se faire au détriment de l’environnement et de la santé publique dans les procédés de transformation des métaux», a rétorqué Rodrigue Turgeon, coresponsable du programme national Coalition «Québec meilleure mine».
Pas Canadian Royalties inc.
Au Journal, Volta a souligné qu’elle ne fait pas affaire avec Canadian Royalties inc. pour son projet d’usine de 750 millions de dollars en Estrie.
Il y a deux mois, la Chinoise Canadian Royalties est passée aux mains de la firme Canadian Assets SA, située en Suisse, mais le président et chef des opérations est resté le même, James Xiang, si l’on se fie au Registre des entreprises du Québec.
James Xiang a par ailleurs déjà été président de North American Lithium (NAL).
Canadian Royalties n’a pas répondu aux questions du Journal.
Tensions avec la Chine
En novembre dernier, la sortie du ministre Champagne ordonnant à trois firmes de se départir de leurs investissements dans des minéraux critiques avait froissé Pékin.
Le Consulat général de Chine à Montréal avait dénoncé au Journal les «obstacles [qui] sont artificiellement créés» par Ottawa.
«Nous espérons que la partie canadienne peut offrir un climat d’affaires équitable, juste et non discriminatoire pour les entreprises chinoises et celles des autres pays», avait-il déclaré.
– Avec la collaboration de Sylvain Larocque, Philippe Langlois et Yves Lévesque
Mines de cuivre au Québec
- Agnico Eagle, mine LaRonde, en Abitibi-Témiscamingue (Canada)
- Canadian Royalies, mine Nunavik, dans le Nord-du-Québec (Suisse)
- Glencore, mine Raglan, dans le Nord-du-Québec (Suisse)
- Glencore, mine Bracemac-McLeod, dans le Nord-du-Québec (Suisse)
Source: Quantités, valeurs et droits versés par mine par les sociétés en 2021 ($US), ministère des Ressources naturelles et des Forêts
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