Sécurité économique et tablier du pont de Québec: la CAQ dans un cul-de-sac
Etienne Grandmont, député de Taschereau, Sol Zanetti, député de Jean-Lesage
Le rapport de la CDPQ Infra donne raison aux experts, à la Ville et aux citoyens de Québec: nous n'avons pas besoin d'un troisième lien.
La conclusion de son PDG est on ne peut plus claire: « les gains de mobilité ne justifient pas la construction, pour aucun des corridors, la construction d'un lien routier ».
Malheureusement, la CAQ n'a pas fini de gratter ses fonds de tiroir à la recherche d'un argument qui tient la route.
Après l'indice du « ponts par million d’habitants » bricolé sur un coin de table, voilà que François Legault et Geneviève Guilbault s'accrochent à la notion de « sécurité économique » évoquée par des acteurs lors de la tournée de consultation de la CDPQ Infra.
Il s'agit d'un autre écran de fumée.
- Écoutez l'entrevue avec Sol Zanetti, député de Jean-Lesage pour Québec Solidaire au micro d’Alexandre Moranville via QUB :
Documentation
D'une part, le gouvernement ne prend même pas la peine de documenter sa nouvelle justification.
François Legault et Geneviève Guilbault ne disposent pas de la moindre évaluation du besoin de « sécurité économique », encore moins d'une étude d'opportunité qui permettrait d'identifier la ou les solutions à ce besoin, selon différents critères, dont les coûts, les impacts négatifs et l'acceptabilité sociale.
Est-ce que le besoin est là et est-ce que le troisième lien est la seule façon d'y répondre? Ils ne le savent pas et ils ne veulent pas le savoir. Comme d'habitude avec la CAQ, les données, qu'ossa donne?
D'autre part, ils écartent d'emblée l’idée d'abaisser le tablier du pont de Québec .
Les troupes de François Legault s'intéressent soudainement à l'état des ponts, assez pour en faire la pièce maîtresse de leur nouvel argumentaire pro-troisième lien, mais pas assez pour évaluer la possibilité d'abaisser le tablier du pont pour y faire circuler des camions.
Ainsi, ils nous privent d'une solution potentielle beaucoup moins coûteuse au prétendu besoin de sécurité économique.
Ils nous privent aussi, et ce pour des décennies, d'un réseau de SRB interrives, pourtant recommandé par la CDPQ Infra.
Éléphant blanc
La vérité, c'est qu'après six ans de volte-face de la CAQ, rien ne justifie l'éléphant blanc du troisième lien, bien au contraire.
Sur le plan de la mobilité, de la lutte aux changements climatiques et du respect du portefeuille des Québécois, tous les arguments pointent vers l'abandon définitif du projet.
Mais qu'importe: François Legault et Geneviève Guilbault ont décidé de foncer tête baissée, en dérogeant de leur propre Directive sur la gestion des projets majeurs d’infrastructures publiques.
La CAQ revient à ce qu’elle a toujours fait dans la gestion des projets de transport au Québec.
Elle gouverne à courte vue, au gré des sondages, sans se soucier des conséquences néfastes de ses choix. Et surtout, sans respecter l’intelligence des Québécois, en premier lieu l'intelligence des gens de Québec.
Etienne Grandmont, député de Taschereau
Sol Zanetti, député de Jean-Lesage