Vol de données chez Desjardins: le principal suspect arrêté par la SQ
Sébastien Boulanger-Dorval a comparu jeudi avec quatre autres personnes; trois individus sont toujours recherchés
Jean-Louis Fortin
L’ex-employé de Desjardins soupçonné d’avoir empoisonné la vie de millions de Québécois en volant leurs données personnelles passera les prochaines nuits en prison, lui qui a été arrêté jeudi avec quatre autres complices allégués.
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Jeudi après-midi, le juge Mario Tremblay, de la Cour du Québec, a ordonné que Sébastien Boulanger-Dorval, 42 ans, reste détenu. Celui qui travaillait au département de marketing de l’institution financière jusqu’à son congédiement en 2019 fait face à de lourdes accusations criminelles, dont fraude, trafic de renseignements identificateurs et utilisation frauduleuse d’ordinateur.
Le prêteur privé à qui il aurait d’abord vendu son butin à partir de 2016, Jean-Loup Masse-Leullier, va aussi rester derrière les barreaux.
Tous deux s’étaient fait tirer du lit à l’aube par la Sûreté du Québec (SQ) et ils n’ont pas prononcé un mot hier, lors de leur brève comparution par vidéoconférence au palais de justice de Québec.
Me Geneviève Robitaille, du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), s’est opposée à leur remise en liberté afin d’assurer «la confiance [du public] envers l'administration de la justice».
- Écoutez l’entrevue avec Paul Laurier, ex-policier à la SQ et président de la firme de sécurité Vigiteck, au micro d’Alexandre Dubé sur QUB:
Ils courent toujours
Selon la thèse de la Couronne, les données personnelles ont été utilisées par plusieurs prêteurs privés et courtiers hypothécaires, qui les achetaient pour cibler des clients potentiels.
Trois de ces complices allégués, soit Charles Bernier, Laurence Bernier et François Baillargeon-Bouchard, ont également été accusés hier.
Mais trois autres suspects échappent toujours aux forces de l’ordre. Le prêteur et courtier hypothécaire Mathieu Joncas, que la SQ espérait cueillir à son domicile jeudi, s’était volatilisé et il est présentement recherché.
Quant à Juan Pablo Serrano et à Maxime Paquette, qui possèdent des antécédents judiciaires, ils sont en cavale à l’extérieur du pays et ont été placés hier sur la liste des 12 criminels les plus recherchés au Québec.
En point de presse, le coordonnateur aux communications de la SQ, Benoit Richard, a demandé aux Québécois de rester «très vigilants». Même si des accusations ont été déposées, les données de quelque 9,7 millions de clients actuels et passés de Desjardins sont toujours en circulation, notamment sur le dark web, et peuvent donc encore servir pour des vols d’identité.
«Ces listes de noms là sont toujours non sécurisées et pourraient être utilisées par la suite», a-t-il expliqué.
Enquête complexe
Le lieutenant Richard a parlé d’une enquête «de très grande envergure et de très grande complexité», qui a nécessité le travail à temps plein «d’environ 10 policiers au quotidien» pendant cinq ans.
Le coordonnateur aux communications a rappelé que l’enquête qui a abouti jeudi matin visait seulement les têtes dirigeantes qui sont à l’origine du vol de renseignements personnels.
«Il y a d’autres projets d’enquête qui roulent à la Sûreté du Québec et chez d’autres partenaires», a-t-il soutenu, ajoutant qu’il pourrait donc y avoir d’autres arrestations.
Mercredi, la police de Laval avait annoncé l’arrestation de trois hommes soupçonnés d’avoir commis des fraudes totalisant près de 9 M$ en utilisant une partie des données volées.
– Avec la collaboration de Félix Séguin, de Vincent Desbiens et de Pierre-Paul Biron
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