Saviez-vous que...? 5 grandes vérités sur le célèbre club de golf de l’Augusta National et le Tournoi des Maîtres
Acheté à 70 000$ et un un élevage de bovins ? Bien sûr...


François-David Rouleau
AUGUSTA | L'histoire du Augusta National et du Masters est d'une grande richesse. Derrière les hauts pins et le célèbre logo du plus prestigieux tournoi de golf de la planète se cachent des histoires invraisemblables, mais réelles. Qui se souvient des difficultés financières du club dans ses quelque 10 premières années, si bien qu'il était incapable de payer les premiers champions du Tournoi des Maîtres ? Ou bien à quoi a servi cette terre sacrée durant la Seconde Guerre mondiale ?
Alors, saviez-vous que ...?
Le coût d'achat de 70 000$ vaut maintenant 190M$

Dans les années 1920, quand Bobby Jones et Clifford Roberts ont entendu parler de la plantation Fruitland Nurseries qui avait cessé ses activités en 1918, ils ont décidé de déposer une offre d’achat sur la propriété de 1,5 kilomètre carré située à Augusta pour la somme de 70 000$. La philosophie du concept de Jones était d’utiliser le relief, les cours d’eau et une source pour construire un parcours de golf de rêve destiné à l’élite nationale. La parcelle de terre abandonnée depuis des années était donc un don pour y étaler un parcours. Lors de sa construction et jusqu’au milieu des années 1940, le club a d’ailleurs traversé des problèmes financiers malgré la tenue des éditions inaugurales du Masters.
Aujourd’hui, selon les registres fonciers officiels, cette terre de 1,5 km carré de l’Augusta National est évaluée à 190M$ en vertu des quelque 2,5M$ payés en taxes foncières. Par ses nombreuses entreprises immobilières, l’ANGC a fait l’acquisition de plusieurs terrains, commerces et maisons le long de Washington Road au fil des 20 dernières années. Elle a englouti des milliers de pieds carrés additionnels pour la somme de 200M$. Et l'expansion est loin d'être terminée!
La terre a été utilisée pour élever des vaches et des dindes

Difficile à croire, mais c’est bel et bien vrai. Durant la Seconde Guerre mondiale, de 1939 à 1945, le Masters n’a pas été disputé dans les trois dernières années du conflit et l’ANGC était fermé. Afin de participer à l’effort de guerre, les dirigeants ont décidé d’élever près de 200 bovins et des dindes sur la propriété construite en 1931 et 1932.
Il est raconté, dans diverses publications historiques, dont l’ouvrage The Making of The Masters et des articles du site web, que les bêtes broutaient et ensemençaient les allées, hormis lorsque l’herbe entrait en dormance, qu’elles se nourrissaient des plantes, des fleurs et des racines d’arbres... La vente des bêtes sur le marché ensuite aurait renfloué les coffres dans une période creuse.
La première diffusion à la télévision date de... 1956

La nouvelle génération branchée sur les cellulaires, les tablettes, les applications et les plateformes de diffusion en continu n’y comprendrait rien. Mais il faut remonter à 1956 pour trouver les premières images, en noir et blanc, sur une petite boîte placée dans les cuisines et les salons de l’Amérique, transmises en direct de l’Augusta National. À l’époque, seul le jeu du 15e au 18e était télévisé lors de la victoire de Jack Burke. Quatre ans plus tard, l’entrevue avec le champion commence à être diffusée à l’antenne et la Butler Cabin est utilisée comme studio dès 1965. En 1967, grâce à la BBC, le tournoi est diffusé outre-mer par satellite et c’est en 1973 que les images sont retransmises au Japon.
La diffusion des deux premières rondes débute en 1982. En 2000, lors de la victoire de Vijay Singh, le Masters devient le premier tournoi de golf présenté en direct, en haute définition, sur un réseau de télévision. Dix ans plus tard, il devient le premier événement sportif majeur à être produit et distribué en 3D et sur internet. Depuis, le temps d’antenne ne cesse d’augmenter sur les réseaux partenaires, si bien que CBS ajoute 14 heures à son programme ce week-end.
Des cadets de métier ont été remplacés après 49 ans

Jusqu’en 1983, les joueurs devaient absolument retenir les services d’un cadet de l’Augusta National. Ayant forgé leurs connaissances et leurs astuces de génération en génération depuis 1934 sur un parcours qu’ils connaissaient comme le fond de leur poche, les hommes aux célèbres combinaisons blanches fournissaient de judicieux conseils aux meilleurs pros de la planète. Le père du groupe, Willie «Pappy» Stokes, était né sur la propriété bien avant qu’elle ne devienne l’ANGC. Il a façonné l’art de lire les verts ondulés et décelé leur mystère quant au grain poussant vers Rae’s Creek qui joue de vilains tours à ceux qui doutent. Les cadets ont longtemps conservé le grand secret avant de partager leur savoir. Stokes a épaulé cinq golfeurs vers leur victoire, record dans le cercle des cadets d’Augusta qu’il partage avec Willie Peterson, qui a pistonné de trucs le grand Jack Nicklaus à ses cinq premières conquêtes. Carl Jackson est sans contredit le plus connu de tous avec ses 54 présences au Masters alors qu’il a mené Ben Crenshaw à ses deux victoires, restant à ses côtés à 39 de ses 44 présences.
Lors de l’édition 1983 du Masters, seulement 22 des 82 participants ont conservé les services des cadets du club. Ce nombre a malheureusement par la suite décliné.


Les 18 verts ont été rénovés dans de grands travaux en 1980

La direction de l’ANGC a pris l’une des plus grandes décisions de l’histoire en 1980. Deux ans après avoir converti avec succès la surface des verts du parcours à normale 3 en bentgrass, elle a fait pareil sur les 18 verts légendaires du parcours qui étaient jusque-là composés de bermuda grass. Coûtant certes une fortune, une décision prise pour augmenter la vitesse et retrouver sa pleine réputation. Dès l’édition suivante, en 1981, les joueurs ont noté la frappante différence et recommencé à craindre ces surfaces démoniaques.
«Nous pouvons les rendre si lisses qu’on devrait fournir des patins à glace sur le premier tertre», avait dit le président de l’époque, Hord Hardin.
Dans l’objectif d’accroître le contrôle des conditions du parcours, la direction a ensuite fait installer le premier système d’aération, sous le vert du 12e, en 1981. Dorénavant, ces systèmes se retrouvent aux quatre coins du parcours, sous les allées et les 18 verts.
