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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Sauver le pont de Québec

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Photo portrait de Karine Gagnon

Karine Gagnon

2022-08-30T09:00:00Z
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Le maire Bruno Marchand doit se montrer beaucoup plus ferme quant à ses attentes dans le dossier du pont de Québec, qui figure sur sa liste d’épicerie pour la campagne électorale.

Tout en affirmant la semaine dernière qu’il fallait «que ça arrête de niaiser», Bruno Marchand s’est tout de même gardé de mettre de la pression sur le gouvernement du Québec. 

Pourtant, la position de François Legault et son équipe par rapport à ce joyau patrimonial et infrastructure essentielle est inacceptable. Elle aura des conséquences épouvantables pour toute la région.

Depuis quand le locataire refuse-t-il de payer le loyer, comme le fait le gouvernement sortant, parce que survient un changement de propriétaire?

Il faut voir bien au-delà du différend fédéral-provincial dans lequel la CAQ tente d’inscrire le débat, pour des raisons purement électoralistes.

  • Écoutez aussi l'édito de Karine Gagnon à l'émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 8 h 30 via QUB radio :

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Assurer sa pérennité 

Troisième lien ou pas, les deux ponts existants demeureront absolument indispensables pour l’économie de la région. Il faut donc voir à leur entretien et assurer leur pérennité. 

C’est précisément ce que permettra le plan d’entretien du fédéral, s’il s’en porte acquéreur.

L’accent sera mis sur les pièces non remplaçables ou difficiles à remplacer.

L’acier du pont sera remplacé lorsque l’usure sera de 30 %, plutôt que 50 % comme à l’heure actuelle. On rafraîchira la peinture sur 80 % de la structure d’ici 20 ans. 

Mais sans l’accord de Québec, l’entente qui rendrait le fédéral propriétaire du premier lien risque de tomber.

C’est d’autant plus dramatique que le gouvernement sortant se braque pour une somme supplémentaire qui se situera entre 3,5 et cinq millions par année tout au plus.

Rappelons que le gouvernement du Québec, principal utilisateur du pont de Québec, paie un loyer aux trois différents propriétaires du pont et ce, de manière ininterrompue depuis 1947. 

Ce loyer s’élevait, pour les trois dernières années, à sept millions par année. Comme le révélait M. Legault l’an dernier, la somme réclamée au gouvernement du Québec par le fédéral, qui n’a pas changé, se chiffre à 375 M$ sur 25 ans. 

Dans son rapport, dont Le Journal avait obtenu copie, le négociateur Yvon Charest prévoyait des coûts indexés à 2 % par année, dus à l’inflation. L’entente entre le CN et Québec vient effectivement à échéance le 30 septembre. Le loyer sera revu à la hausse étant donné le contexte.

À la case départ

L’autre problème, c’est que si le fédéral se retire, Québec, qui ne souhaite pas se porter acquéreur, se retrouvera seul devant le CN.

Dans cette optique, le déficit d’entretien du pont de Québec se poursuivra, avec des impacts évidents sur sa «durée de vie». On sera revenu à la case départ, sans aucune considération pour les intérêts de la région.

Il faudra voir aujourd’hui comment la position de Bruno Marchand aura évolué, avec le dévoilement de sa liste de priorités. Mais il a clairement toutes les raisons d’exiger que le gouvernement du Québec cesse son manège.

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