«Salut nazi»: Marchand dit croire la citoyenne, mais refuse de s’excuser
Taïeb Moalla et Vincent Desbiens
Le maire de Québec, Bruno Marchand, a refusé de s’excuser à la citoyenne qui s’est présentée mardi lors de la période des questions au conseil municipal même s’il assure la croire quand elle jure ne pas avoir effectué un salut nazi. Pour sa part, la résidente du quartier Saint-Jean-Baptiste songe à une poursuite en diffamation.
Le maire de Québec a affirmé qu’il n’adressera pas ses excuses à Vicky Lépine, mercredi, en fin de matinée, en marge d’un point de presse.
«La dame dit: “Ce n’était pas mon intention [de faire un salut nazi]”. Je la crois. Il n’y a pas de raison de douter de son intention [...] Le geste était très discutable [...] Il faut faire attention aux gestes qu’on pose», a-t-il laissé tomber.
Cela dit, M. Marchand affirme qu’il est n’est pas question pour lui de présenter des excuses. «Je ne vais pas m’excuser d’avoir interprété un geste qui se rapproche grandement de ce que d’autres font dans un contexte très délétère», a-t-il ajouté en référence au récent salut controversé du milliardaire américain Elon Musk.
«Faire attention»
Reconnaissant que le geste du bras tendu peut être interprété de différentes façons, le maire a ajouté ceci: «Quand on lève le bras à 45 degrés, qu’on ramasse les doigts ensemble et qu’on pointe vers le haut, je ne suis pas tout seul à penser que ça peut être associé à un geste qu’on ne veut pas voir».
À ses yeux, «il faut faire attention aux gestes qu’on pose dans un contexte où elle [la dame] était très chargée, très agressive».
Interrogé quant à une possible poursuite en diffamation par la citoyenne en question, Bruno Marchand a affirmé qu’il «n’a rien à dire» là-dessus.
Réactions outrées
Prenant le raisonnement du maire à contrepied, Claude Villeneuve, chef de l’opposition municipale, a plutôt soutenu que «c’est le meilleur exemple du “j’ai mal agi, mais je ne m’excuse pas”. Bruno Marchand est incapable de s’excuser. Il est incapable d’admettre une erreur. C’est contre son ADN».
Pressant le maire de «reconnaître son erreur» et de s’excuser, l’opposant a ajouté que «pour protéger [le conseiller municipal] Pierre-Luc Lachance, il a discrédité une citoyenne. C’est son style. C’est de l’intimidation».
Aux yeux de M. Villeneuve, il n’y a «personne à Québec, à part Bruno Marchand, qui interprète ça comme un salut nazi».
Jackie Smith, cheffe de Transition Québec, a admis avoir «sourcillé» en voyant le geste de la citoyenne, mais elle dit avoir «rapidement» compris que cette dernière imitait une sortie faite récemment par le conseiller Lachance. Ce geste était donc «maladroit», mais pas «haineux», croit la conseillère.
Selon Mme Smith, «il est déplorable qu’une citoyenne se trouve dans un cirque médiatique avec une étiquette de nazie [...] Il devrait s’excuser parce qu’il crée un préjudice envers une citoyenne».
Poursuite envisagée
Entraînée dans une «tempête d’émotions» après les évènements de mardi soir, Vicky Lépine affirme avoir été bombardée de messages d’appui et de conseils d’avocats qui lui suggèrent de poursuivre le maire de Québec en diffamation.
«Il y a beaucoup de personnes qui tentent de me convaincre, mais je ne veux pas prendre une décision sous le coup de l’émotion. On va laisser la poussière retomber. C’est certain que si j’ai de l’aide et que le maire refuse de s’excuser, je vais envisager une poursuite», confie la citoyenne en entrevue avec Le Journal.
Elle se dit toujours estomaquée de voir que le maire Marchand l’a accusée «sans détour» d’avoir commis un geste aussi lourd de sens. Mme Lépine persiste et signe: elle imitait l’énumération accompagnée de gestes de la main faite par le conseiller Pierre-Luc Lachance lors de la séance du 21 janvier dernier.
«Tout le monde a compris ce que je faisais sauf le maire. Comment est-ce qu’on peut qualifier une personne qui parle de frigo-partage et d’organisme communautaire de nazie? Le discours n’avait rien à voir avec l’intention perçue par M. Marchand.»
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