Immigration, Ukraine: Biden s'en prend frontalement à Trump
Agence France Presse
Joe Biden s'en est pris frontalement mardi à Donald Trump, son très probable rival à la présidentielle de novembre, qu'il a accusé de manipuler le Parti républicain pour bloquer toute réforme de la politique migratoire et toute nouvelle aide à l'Ukraine.
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«Donald Trump préfère instrumentaliser cette question (de l'immigration) plutôt que de la résoudre», a tonné le président démocrate, qui attaque rarement son prédécesseur de manière aussi ouverte, lors d'un discours depuis la Maison Blanche.
En jeu: un projet de réforme bloqué par l'opposition, qui prévoit plus de policiers aux frontières, des procédures d'asile plus strictes, et qui donne le pouvoir au président de fermer purement et simplement la frontière avec le Mexique, en cas d'arrivées de migrants supérieures à un certain seuil.
De ce projet de loi, péniblement négocié depuis des semaines par des parlementaires des deux camps, dépend aussi la reprise de l'assistance militaire américaine à l'Ukraine, interrompue depuis fin décembre, et toute nouvelle aide à Israël.
«Soutenir ce projet de loi, c'est s'opposer à Poutine. S'y opposer, c'est faire le jeu» du président russe, a affirmé le démocrate.
Joe Biden a demandé environ 60 milliards de dollars pour l'Ukraine, et 14 milliards pour Israël. Il ne les aura que si le Sénat, puis la Chambre des représentants, qui ensemble composent le Congrès, votent le texte.
«Mort-né»
À l'heure actuelle, même une adoption au Sénat, que les démocrates contrôlent, mais sans avoir la majorité qualifiée, semble compromise.
Quant à la Chambre, son président, le républicain Mike Johnson, a déjà dit que le texte était «mort-né».
Le ton n'avait cessé de monter ces derniers jours entre le démocrate de 81 ans, candidat à un second mandat, et le Parti républicain, déjà mis en ordre de bataille derrière l'ancien président Donald Trump, grandissime favori de la primaire.
Les conservateurs réclament, depuis le début du mandat de Joe Biden, un durcissement de la politique d'immigration, alors que les arrivées à la frontière avec le Mexique ne ralentissent pas - plus de 300 000 migrants ayant été arrêtés à la frontière en décembre, par exemple.
Seulement voilà, la campagne pour l'élection de novembre est déjà entrée dans le vif du sujet, puisque ni Joe Biden ni Donald Trump ne rencontrent de concurrence réellement sérieuse pour l'investiture de leurs partis respectifs.
Et l'ancien président républicain n'entend certainement pas donner de victoire politique à son rival, et se priver de l'un de ses arguments de campagne préférés.
«Empoisonner»
Donald Trump, usant d'un langage toujours plus violent contre des migrants accusés «d'empoisonner le sang» du pays, répète que le démocrate a transformé la frontière en passoire.
L'argumentaire semble porter: dans un récent sondage rendu public par la chaîne NBC, 57% des électeurs interrogées estiment que Donald Trump ferait mieux que Joe Biden pour contrôler l'immigration.
Pas question donc, pour les républicains, de soutenir un projet que Joe Biden présente comme «le plus juste» mais aussi «le plus dur» en matière d'immigration depuis des décennies.
L'exécutif américain avance par exemple que le texte a reçu le soutien d'un syndicat de la police aux frontières, qui juge qu'il n'est "pas parfait", mais que la réforme vaut mieux qu'un «statu quo». Ce même syndicat, a souligné Joe Biden, avait appelé à voter pour Donald Trump en 2020.
Le président démocrate espère retourner cette opposition de la droite en sa faveur.
«Chaque jour d'ici au mois de novembre, les Américains sauront que si la frontière n'est pas sûre, c'est uniquement à cause de Donald Trump», a-t-il asséné.
«Il est temps pour les parlementaires républicains de montrer un peu de courage», a-t-il réclamé.