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Fonderie Horne: «Le maintien des émissions d’arsenic n’est pas acceptable», juge le Dr Boileau

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Félix Lacerte-Gauthier

2022-07-06T16:42:32Z
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De passage à Rouyn-Noranda, où la Fonderie Horne est pointée du doigt en raison de ses émissions de polluants, le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique, estime que le statu quo n’est pas acceptable pour la santé de la population. 

• À lire aussi: C'est quoi le problème de l'arsenic à Rouyn-Noranda?

«Pour moi, le maintien des émissions d’arsenic au niveau actuel, ce n’est pas tolérable considérant les impacts sur la santé qui sont connus. Ces émissions doivent être réduites pour atteindre des niveaux acceptables», a-t-il soutenu au cours d’un point de presse.

En juin dernier, Radio-Canada avait révélé que le Dr Horacio Arruda, alors directeur national de santé publique, avait empêché en 2019 la diffusion de données sur le cancer du poumon à Rouyn-Noranda, qui est plus élevé dans la région. Le Dr Arruda aurait alors expliqué agir à titre de «sous-ministre».

La Fonderie Horne pourrait être responsable de cette situation, selon de nombreux professionnels de la santé. Ses émissions d’arsenic dans l’air sont actuellement plafonnées, par un droit acquis, à un niveau de 100 nanogrammes par mètre cube, alors que la norme fixée par le ministère de l’Environnement est plutôt de trois nanogrammes par mètre cube.

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«Je pense qu’il y a une différence entre le niveau acceptable et le trois nanogrammes. Le trois nanogrammes, c’est une norme établie par le ministère, à laquelle se greffe un certain risque», a pondéré le Dr Boileau, qui estime que des discussions devront avoir lieu quant au risque jugé acceptable.

Davantage de cancer

Mercredi matin, l’Institut national de la santé publique a finalement publié son rapport sur la situation à Rouyn-Noranda. Si le statu quo persiste, il pourrait y avoir de 13 à 554 cas supplémentaires de cancer du poumon par million d’habitants. Des chiffres qui baisseraient à 6,7 et 288 cas supplémentaires si les émissions dans la ville étaient baissées aux normes québécoises.

Le calcul de l’INSPQ repose sur un scénario d’exposition 24 heures par jour, sept jours par semaine, pendant 70 ans.

«On dépasse largement les risques normalement acceptables et qu’on souhaite éviter quand on est exposé à de tels contaminants. Ce n’est pas parce que ces chiffres représentent des risques plus petits en termes de nombre qu’il faut esquiver l’enjeu que ça représente», a expliqué le Dr Boileau.

La Santé publique effectuera néanmoins davantage d’études au cours des prochaines semaines afin de comprendre «le plus rapidement possible» les causes de la situation actuelle, et si d’autres facteurs peuvent contribuer à ce plus grand risque de souffrir d’un cancer du poumon.

«Au cours des prochaines semaines, et des prochains mois, on va avancer dans ce dossier avec transparence, rigueur et célérité. On ne veut pas allonger le plaisir des études pendant des années pour confirmer des choses», a soutenu le Dr Boileau.

Fermeture possible

Mardi, en mêlée de presse, le premier ministre du Québec, François Legault, a soutenu qu’il n’hésiterait pas à fermer la Fonderie Horne si elle ne pouvait réduire ses émissions à un niveau jugé sécuritaire, ajoutant que des discussions étaient en cours avec l’entreprise.

«Ou ils réduisent les émissions à un niveau qui respecte la santé des citoyens, ou, malheureusement, on devra fermer l’entreprise. Ça sera un des deux. Il n’y aura pas de compromis pour la santé des citoyens», a-t-il martelé.

Le premier ministre avait également indiqué que le gouvernement pourrait octroyer une aide financière pour que l’usine puisse se mettre aux normes, mais que celle-ci devra également «investir des montants importants».

Des pressions

Depuis que la situation à Rouyn-Noranda est devenue publique, plusieurs professionnels de la santé pressent le gouvernement d’agir.

Dimanche passé, une cinquantaine de médecins avaient signé une lettre ouverte réclamant une action gouvernementale. Le Collège des médecins et l’Association québécoise des médecins pour l’environnement y ont par la suite tous deux donné leur appui.

Mardi, c’était au tour de l’Ordre des chimistes du Québec d’intervenir dans le débat, estimant que le gouvernement et Glencore avaient «des comptes à rendre» aux résidents de Rouyn-Noranda.

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