Rosie Valland, se revisiter
Rosie Valland venait à peine de lancer l'album pop BLUE lorsque l'industrie culturelle, et le Québec tout entier, s'est confinée. De cette pause forcée est née l'envie d'un retour aux sources, question de faire vivre ses chansons autrement. Entrevue.
Décidément, le lancement de BLUE n’a pas ressemblé à celui de Partir avant (2015) ou de tes EPs... Comment as-tu vécu cette situation?
Ç’a été assez dur. BLUE est sorti le 28 février, et le 12 mars, c’était le début de la crise. Tout était annulé, on ne parlait que de ça. J’ai senti mon album, l’aboutissement de trois ans de travail, tomber dans un vide monumental. C’est dommage, parce que j’avais l’impression de vivre un renouveau sous l’étiquette Secret City Records. Mais rapidement, je me suis dit que j’étais privilégiée. J’ai de la bouffe, je suis en santé... C’est juste de la musique.
Pourtant, c’est justement la musique qui t’a occupée, si l’on en croit ton EP à venir...
Absolument! (Rires) Le confinement m’a donné le temps de créer la musique du documentaire audio Proxémie, qu’on trouve sur la Fabrique culturelle, de faire une reprise de Désenchantée de Mylène Farmer, dont les paroles décrivent si bien ce qu’on vit en ce moment... Mais je n’ai pas ressenti le besoin de composer de nouvelles chansons.
Tu as même plutôt eu envie de revisiter celles de BLUE?
Exactement. Je savais déjà que je voulais revenir à l’essence de certaines de ces pièces, très travaillées et texturées, après ma tournée. Cet hiver, j’ai d’ailleurs eu la chance de participer aux Salons acoustiques à La Chapelle, avec mon ami Jesse Mac Cormack: ç’a été très touchant de redécouvrir mes chansons de cette manière. Quand tous mes spectacles ont été annulés, j’ai décidé de me lancer tout de suite! C’est un projet qui répond bien au confinement et à la solitude, surtout depuis que j’ai un studio à la maison, à la campagne.
Est-ce que ça change ton rapport à la création?
Tout à fait! Je ne vis plus en ville, je ne peux plus travailler dans un café... Faut que ça avance! (Rires) Ça m’a incitée à dire oui à plein d’offres, notamment à celle d’être réalisatrice pour Claudelle et Véronique Bilodeau. Je m’en suis même fait un devoir malgré mon sentiment d’imposture. Je pense qu’en tant que femme, on apporte beaucoup d’empathie et de douceur en musique. J’ai entendu trop d’histoires de réalisateurs qui n’écoutent pas, qui rabaissent les autres. J’ai tellement de respect pour la drive de ces femmes. J’apprends énormément!
Est-ce que cette expérience a fait naître de nouveaux rêves chez toi?
Je suis justement dans ces réflexions, coronavirus oblige! (Rires) Je me suis rendu compte que je ne cultivais pas les «bons» rêves. Par exemple, j’aimerais gagner un Félix, mais je n’ai aucun pouvoir là-dessus. Je peux par contre tenter de faire un bon album, un bon show. J’ai envie d’avoir des objectifs sur lesquels j’ai du contrôle!
À un moment où, ironiquement, on n’en a pas beaucoup...
Effectivement! Ce n’est pas facile de rêver dans ce milieu. J’ai tellement d’amis qui changent de métier, qui sont essoufflés. De mon côté, je me sais privilégiée. J’ai envie d’être reconnaissante, j’ai une belle vie. Sincèrement, j’essaie de ne pas trop me poser de questions. Peut-être que je vais finir par consacrer tout mon temps à faire pousser des légumes dans mon jardin... On verra!
Dans les écouteurs de Rosie Valland
«Voici les chansons qui m’habitent aujourd’hui!»
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Rosie Valland lancera son microalbum acoustique prochainement. Elle sera également de la programmation du Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue (FME), qui se tiendra du 3 au 5 septembre. Pour tous les détails, c'est ici.
Cette entrevue a été réalisée en collaboration avec Clin d'oeil.