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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Risque de «trudeauisation» au PLQ

Dominique Anglade
Dominique Anglade Photo Didier Debusschere
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2021-11-27T10:00:00Z
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Dominique Anglade ne court aucun danger réel, en fin de semaine, au congrès de son parti.

Pour ce qui est de sa position en tant que cheffe, du moins. Oui, sa garde rapprochée a dû établir une « stratégie de plancher », afin de contrer une éventuelle demande, par un des 800 militants, de tenir un vote de confiance.

Mais une telle chose serait très surprenante, à un an des élections.

Même le militant de longue date Marc Montpetit, père de Marie Montpetit – récemment expulsée du caucus libéral – y a renoncé. Il l’a confié au Journal le 12 novembre.

« S’il y en a qui veulent le faire, ils peuvent », a tenu à ajouter celui qui démissionnera de ses postes au PLQ après le congrès, outré qu’il fut par la manière dont la cheffe a traité sa fille. « Ce n’est pas dans la culture libérale », pestait-il.

Quelle culture ?

Au fait, quelle est-elle la culture libérale ? Quelles sont les valeurs libérales ? Ces questions seront au cœur du congrès de Québec.

Un parti de 154 ans a forcément été tout et son contraire ou presque. Sous le même chef, Robert Bourassa, il fut social-démocrate au début des années 1970 (assurance-maladie, charte des droits, etc.), néo-libéral au début des années 1980 (l’État-Provigo plutôt que l’État-providence) et quasi souverainiste dans l’immédiat après-Meech !

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Le PLQ, foncièrement, est un parti de pouvoir prêt à se métamorphoser afin de l’obtenir et le garder.

À l’interne, actuellement, deux tendances s’opposent. Certains rêvent de refaire le coup de 2014. La CAQ au pouvoir finira par décevoir, et les « brebis égarées » reviendront au « bercail ». Le PLQ se retrouvera au gouvernement. Suffirait d’être patient.

L’autre courant, celui de la cheffe, estime plutôt qu’un changement fondamental s’est produit en 2018. La peur du souverainisme ne suffit plus. Aussi, le PLQ doit rompre avec l’ère Charest-Couillard en proposant un virage « vers le progrès ».

Début 2019, Marwah Rizqy avait été fustigée par ses collègues, notamment Marie Montpetit, lorsqu’elle avait proposé que le PLQ présente ses « excuses » pour avoir miné le « filet social » en rétablissant trop vite l’équilibre budgétaire.

Le virage à gauche que prendra le PLQ en fin de semaine donne en partie raison, a posteriori, à la flamboyante députée de Saint-Laurent.

Pas QS, PLC

« Progrès » ou « progressisme » ? Le choix des mots n’a pas été évident pour nommer la nouvelle identité que le PLQ veut se donner. On opta pour « progrès », plusieurs libéraux « expérimentés » se rebutant à ce que leur parti s’étiquette « progressiste ».

« On ne veut pas être un QS fédéraliste ! Pas besoin », dit un stratège.

Selon lui, le PLQ doit réussir à séduire les Québécois qui, aux dernières fédérales, ont voté PLC (34 %) et NPD (9,8 %).

D’où les idées ultra-vertes, la posture anti-conservatrice (conservatisme qui serait incarné par la CAQ).

Dans son opuscule sur les valeurs libérales, l’ancien chef Claude Ryan écrivait que le PLQ était sorti de la 2e Guerre avec « une crédibilité “québécoise” affaiblie ». Par la suite, il dut convaincre la population que « son premier engagement était envers le Québec ».

J’ai déjà écrit que le PLQ d’Anglade fait face à un défi du même type. Rêver d’aller chercher les votes de Justin Trudeau ne peut suffire à le relever.

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