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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Rien ne va plus

Pascal Girard/AGENCE QMI
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2022-01-07T16:55:37Z
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D’emblée, je ne suis pas un antivax. Je suis adéquatement vacciné. Je crois en la démocratie et j’exerce mon droit de vote chaque fois que j’en ai l’occasion. Peut-être est-ce une fatigue pandémique qui s’installe en moi après 22 mois de virus, mais je ne suis certainement pas le seul à avoir été abasourdi par les annonces de François Legault du 30 décembre dernier. Je veux garder espoir, mais je vous avoue que c’est dur.

Je ne suis pas d’accord avec le retour du couvre-feu, parce qu’on remet une règle qui n’a fait l’objet d’aucune étude de la part du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Le véritable impact du couvre-feu?

Les effets du couvre-feu de janvier à mai 2021 n’ont pas été documentés rigoureusement. L’étude CONNECT menée par l’INSPQ lors du premier couvre-feu ne permet pas de conclure hors de tout doute que cette mesure fonctionne et qu’elle est efficace. Elle révèle plutôt que les contacts sociaux suivent normalement une «courbe saisonnière avec ou sans obligation de rester à la maison».

Les experts de santé publique comme la Dre Caroline Quach-Thanh ou le Dr Karl Weiss affirmaient aussi dans les médias qu’on ne saurait jamais l’impact véritable du couvre-feu sur la transmission du virus au Québec. De plus, dans un communiqué officiel suivant l’annonce des dernières restrictions le 30 décembre, le MSSS cite quatre études, dont l’une a été publiée dans une revue réputée où l’éditeur, cependant, est considéré comme ayant des pratiques douteuses et une crédibilité entachée. Pourtant, le couvre-feu est de nouveau appliqué. 

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Ensuite, les chercheurs Julien Simard et Emma Jean, dans un article daté du mois d’avril 2021, arrivent à la conclusion qu’un «effet clair du couvre-feu est [...] introuvable». Il est également impossible de constater avec certitude que le couvre-feu de janvier 2021 ait accéléré une tendance à la baisse du nombre de cas. Rappelons que le couvre-feu n’a pas d’effet sur les milieux critiques de contamination comme les écoles, les milieux de travail et les services essentiels. Le problème n’est que reporté. 

La liberté promise...

Ces nouvelles restrictions m’amènent à chercher la liberté que nous avaient vivement promise les autorités politiques et sanitaires, mais je ne la trouve pas. Le premier ministre avait pourtant joyeusement déclaré, au mois de mai dernier, en visant précisément les jeunes comme moi, que, vacciné, ça rime avec liberté, ça rime avec solidarité. La tranche d’âge des 18-29 ans est vaccinée avec deux doses à 83%, et à 89% avec une dose. Le groupe d’âge des 50-59 ans est vacciné à deux doses à 89%. Or nous sommes tous visés par les importantes restrictions sans égard à notre statut vaccinal. Je cherche l’équité et une justification possible, mais pardonnez-moi, je ne la trouve pas. Est-ce un excès de peur de nos gouvernants? Pourquoi punir la majorité pour une minorité de non-vaccinés? Ça me rappelle malheureusement ma classe, à l’école primaire, où l’enseignant pénalisait l’ensemble des élèves pour une poignée d’élèves fautifs. Ça me frustrait beaucoup.

Je suis également convaincu que la grande majorité des Québécois et Québécoises suivent les règles depuis le début. Ils sont patients, ils sont solidaires, ils sont surtout très résilients. Par contre, il faudra un jour ou l’autre accepter la réalité.

Ce satané virus est là pour rester. Il faudra vivre avec et ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les experts, et même le ministre Christian Dubé. Je crois plutôt qu’il faudra régler le problème à sa source, c’est-à-dire notre système de santé. C’est lui qui a besoin d’amour, qui a besoin d’attention, qui a besoin d’aide. Il faudra réparer les pots cassés des gouvernements précédents et avoir le courage politique de changer le système pour essayer de ne plus être dirigé par un nombre de lits.


Photo courtoisie
Photo courtoisie

Félix Bhérer-Magnan, Montmagny
Candidat au doctorat en science politique, Université Laval

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