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Richard Béliveau, O.Q. Symbole de la lutte contre le cancer: Une entrevue exclusive avec ce docteur qui fait toute la différence!

Crédit: Gouvernement du Québec
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2024-09-26T14:00:00Z
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Docteur en biochimie, chercheur en oncologie et directeur du laboratoire de médecine moléculaire à l’UQAM, Richard Béliveau fait la fierté du Québec avec ses travaux sur la prévention et le traitement du cancer.

Son parcours exemplaire lui a notamment valu de recevoir l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec en 2023, soit la plus haute distinction honorifique décernée par l’État québécois. En ce mois dédié à la lutte contre le cancer du sein, ce grand vulgarisateur fait le point sur sa carrière, à commencer par l’avancée et l’influence de ses travaux, ainsi que sur les émotions qu’il a ressenties au moment où il a appris sa nomination.

Qu’est-ce qui vous motive à travailler à l’étude du cancer depuis le début de votre carrière? 

La quête du savoir est au cœur de l’âme humaine. J’ai pratiqué des arts martiaux dans ma jeunesse et j’ai ainsi développé une fascination pour le Japon et, plus particulièrement, pour les samouraïs. Ces guerriers voient la vie comme une fleur de cerisier (sakura). Au printemps, la floraison de cet arbre est un événement unique, qui invite les Japonais à savourer l’aspect fragile et éphémère de la vie. Très tôt, j’ai eu le désir de comprendre cette dualité entre force et fragilité. Le mot samouraï signifie «celui qui sert». Le cancer est la première cause de mortalité dans les sociétés occidentales, alors très tôt j’ai voulu servir mes concitoyens et orienter ma carrière sur ce problème de santé majeur. Ma vision de la lutte aux maladies est inspirée des vertus du samouraï, soit la bienveillance, le courage, la droiture, l’honneur, la loyauté, le respect et la sincérité.

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Quelles sont vos plus grandes réalisations jusqu’à présent?

Avec mon équipe, nous avons mis au point deux médicaments de thérapie ciblée qui font présentement l’objet d’essais cliniques aux États-Unis avec les approbations de la Food and Drug Administration (FDA). Nous avons même eu l’approbation prioritaire de développement, ce qui est très rare. Ce sont des victoires spectaculaires. Le premier médicament, qui est en phase 3, permet de traiter différents cancers, plus spécifiquement les métastases cérébrales lors de cancer du sein. Le deuxième médicament cible les cancers de l’ovaire et le cancer du sein triple négatif, l’un des plus mortels. Nous avons reçu plusieurs prix et nominations pour ce dernier. La prévention du cancer est également un volet très important de ma carrière et c’est l’aspect qui m’a fait connaître du public.

Êtes-vous optimiste quant aux perspectives de traitement de la maladie? 

Plusieurs éléments nous permettent de garder espoir. Premièrement, nous sommes à même de mieux comprendre le cancer, ses origines et ses mécanismes grâce aux outils de la biochimie moderne. Ces derniers nous permettent de mieux identifier les mutations. La deuxième chose qui a grandement évolué au cours des dernières années, c’est la nature des traitements. Aujourd’hui, nous avons accès à des traitements qui permettent d’attaquer une cible moléculaire spécifique, ce que nous appelons la thérapie ciblée, comme c’est le cas avec nos deux médicaments. Ils réduisent les effets secondaires et offrent une efficacité thérapeutique plus grande. L’autre progrès, qui est probablement le plus important des 50 dernières années, c’est l’immunothérapie. Nous avons également de nouveaux outils qui permettent de détecter le cancer de façon plus précoce. Finalement, il y a l’aspect préventif. Grâce à des organismes comme le World Cancer Research Fund et l’American Institute for Cancer Research, qui ont osé sortir des sentiers battus, nous pouvons mieux comprendre les aspects liés au mode de vie qui permettent de réduire les probabilités de développer un cancer. C’est notamment pourquoi j’ai écrit des livres, qui ont été traduits dans plus de 28 langues et distribués partout à travers le monde.

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Qui ont été vos plus grands modèles à travers votre parcours?

J’ai été élevé dans la pression de l’excellence et du combat. C’est peut-être pourquoi j’ai développé un attachement aussi fort pour les samouraïs. Les grands philosophes de l’histoire sont également une source d’inspiration pour moi. Plusieurs de leurs citations m’accompagnent au quotidien. Tout au long de ma carrière, j’ai eu le privilège de rencontrer quelques récipiendaires du prix Nobel, comme le chimiste Peter Denis Mitchell. Et à l’UQAM, il y a toujours eu des gens brillants et motivants autour de moi, comme Françoise Bertrand, chevalière de l’Ordre national du Québec, qui était doyenne à l’époque. En recherche, j’ai des collègues extraordinaires, comme le Dr Borhane Annabi, le Dr Michel Demeule et le Dr Denis Gingras. C’est un travail d’équipe. J’aime penser que j’ai appris quelque chose de chaque être humain que j’ai croisé dans mon existence.

L’an dernier, vous avez été nommé officier de l’Ordre national du Québec. Qu’avez-vous ressenti en apprenant votre nomination? 

Crédit: Gouvernement du Québec
Crédit: Gouvernement du Québec

Ça a été un moment extrêmement émotif. J’ai reçu beaucoup de nominations et de prix dans ma carrière, même à l’échelle internationale. Mais lorsque le Bureau du premier ministre m’a téléphoné, ç’a été l’un des rares moments dans ma vie où l’émotion a été plus forte que la raison. Ça donne un sens à tous les efforts que nous faisons. Ça rejoint ma notion de samouraï et de «celui qui sert». Je suis honoré de faire partie de cette sélection. Je pense que nous avons besoin d’offrir des exemples et des modèles dans nos sociétés et, sur ce plan, l’Ordre national du Québec fait un travail extraordinaire.

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Est-ce que cette nomination vous motive à poursuivre vos travaux? 

Absolument! Je pense que nous avons tous besoin d’encouragements à un moment dans notre vie, peu importe notre secteur d’activité ou notre profession. Malheureusement, c’est plutôt rare que les gens prennent le temps de remercier les autres pour leurs actions. C’est essentiel, selon moi, de le faire au quotidien ou, au moins, à l’occasion. À titre de citoyens, nous devrions offrir davantage notre reconnaissance aux autres, surtout lorsque les gens travaillent pour le bien commun.

Quel effet cela vous a-t-il fait de savoir que c’est une personne du public qui a proposé votre candidature?

Je trouve ça émouvant et absolument extraordinaire! C’est un euphémisme de dire que ça me touche. Je sais à quel point il faut beaucoup de travail pour monter un dossier et présenter une candidature. C’est un geste d’altruisme immense qui m’impressionne tellement dans notre société contemporaine.

Quels sont les projets qui vous occupent actuellement? 

Ce qui nous occupe, mon équipe et moi, ce sont les études cliniques pour les deux médicaments. La phase 1 est un moment critique, où la majorité des médicaments tombent en raison des effets secondaires. Les deux ont passé cette étape, ce qui est une victoire extraordinaire. Leur fenêtre thérapeutique est très grande. Sur le plan personnel, j’ai l’une des collections de samouraïs les plus impressionnantes au monde. Je travaille présentement sur la création d’un musée permanent qui permettrait de mettre de l’avant les vertus et les valeurs humaines de ces guerriers. J’ai toujours dit que la beauté, c’est ce qui nous sauve de la détresse existentielle. 

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En ce mois d’octobre, avez-vous un message d’espoir à transmettre aux femmes atteintes d’un cancer du sein?

Le cancer du sein touchera une femme sur huit au cours de sa vie. Les progrès de la science à l’échelle internationale nous permettent de garder espoir. Il y a des outils qui apparaissent pratiquement chaque semaine. D’ailleurs, nos deux médicaments présentement en essais cliniques permettent de traiter le cancer du sein. De façon plus globale, nous comprenons de mieux en mieux pourquoi le cancer se développe, la détection est plus précoce, les traitements sont plus efficaces et les effets secondaires sont réduits. Ce sont tous des éléments qui nous permettent de garder espoir.

Crédit: Gouvernement du Québec
Crédit: Gouvernement du Québec

L’Ordre national du Québec en bref:

  • Sa mission est de récompenser des personnes d’exception qui ont participé au développement et au rayonnement du Québec.
  • Trois différents grades sont attribués par l’Ordre, soit chevalier ou chevalière, officier ou officière, ainsi que grand officier ou grande officière.
  • Les grades peuvent être remis à toute personne résidant ou née au Québec, quel que soit son secteur d’activité.

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