Rétrospective 2021: Plusieurs moments forts de la politique québécoise
Vincent Larin
Comme l’année dernière, 2021 a été marquée par la pandémie. Si la joute partisane s’est faite plus discrète en début d’année, au moment où les Québécois étaient confinés, la politique a vite repris ses droits en été. Chicanes internes, démissions, défections, annonces majeures, cette année préélectorale aura été marquée par plusieurs moments forts. En voici quelques-uns.
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6 Janvier
LE COUVRE-FEU
Aux prises avec une flambée de cas de COVID-19 occasionnée par la somme de petits rassemblements durant le temps des Fêtes, Québec se voit obligé d’employer un « traitement-choc » : plus personne ne pourra sortir de chez lui entre 20 h le soir et 5 h le lendemain. Il s’agit d’une mesure inédite, jamais utilisée à l’échelle de tout le Québec, pas même lors des grandes crises et des deux guerres mondiales.
Censé durer jusqu’au 8 février, le couvre-feu sera finalement renouvelé durant près de cinq mois, jusqu’à la fin mai, et sa levée sera célébrée par des milliers de Québécois dans des parcs, seuls endroits où il est permis de fêter en soirée puisque les bars sont toujours fermés.
23 Février
LA VACCINATION POUR TOUS EST LANCÉE
Après avoir commencé par vacciner les aînés en CHSLD et en RPA, Québec annonce le début de la vaccination pour tous. « Vous ne pouvez pas savoir, après un an, ce que ça me fait d’être ici, et d’enfin se dire qu’après certains groupes, on va passer à la population en général », déclare, visiblement ému, François Legault, au Stade olympique de Montréal. D’abord limitée aux personnes plus âgées, l’opération sera finalement étendue à tous les groupes quelques semaines plus tard. Prix d’un million de dollars à gagner, passeport vaccinal obligatoire pour entrer au restaurant : le gouvernement Legault mettra ensuite tout en œuvre pour convaincre le plus de Québécois possible de relever une manche.
18 MAI
L’ÉTÉ DES PETITS PARTYS
Les Québécois vont retrouver progressivement leur liberté et pourront bientôt organiser des « petits partys » dans les maisons, annonce le gouvernement. Le port du masque ne sera plus nécessaire dans la plupart des lieux publics à la fin du mois d’août, si 75 % des gens de 12 ans et plus reçoivent leurs deux doses du vaccin contre le virus d’ici là.
« Vacciner, ça rime avec été, mais aussi avec petits partys. Gardons ça en tête. Sérieusement, cet été de liberté, c’est vraiment mérité, personne ne l’aura volé », déclare alors François Legault.
2 JUIN
FITZGIBBON DÉMISSIONNE
François Legault perd un poids lourd de son cabinet. Visé par un nouveau rapport de la commissaire à l’éthique et à la déontologie, son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, quitte ses fonctions tout en demeurant député. Sa candidature pour 2022 est maintenant incertaine.
Après un été au purgatoire, une fois sa situation régularisée, il réintègre finalement le Conseil des ministres. « C’est le poste le plus stimulant que j’ai occupé dans ma carrière », déclare-t-il alors, tout en confirmant qu’il sera candidat au prochain rendez-vous avec les électeurs.
18 JUIN
CLAIRE SAMSON PASSE CHEZ LES CONSERVATEURS
Exclue du caucus de la Coalition Avenir Québec deux jours plus tôt, la députée Claire Samson annonce qu’elle adhère dorénavant au Parti conservateur du Québec, dirigé par Éric Duhaime.
Elle devient ainsi la première représentante de ce parti à siéger à l’Assemblée nationale en 85 ans.
Sa première sortie publique en tant qu’élue conservatrice est toutefois chancelante. Elle révèle alors ne pas connaître toutes les positions de son nouveau chef, et les deux ne s’entendent pas sur l’impératif de lever l’état d’urgence sanitaire.
9 SEPTEMBRE
« JE TROUVE ÇA DANGEREUX » : LEGAULT S’EN PREND À TRUDEAU
Lors d’une rare incursion d’un premier ministre québécois dans une campagne fédérale, François Legault appelle les nationalistes à se méfier d’un Justin Trudeau centralisateur. L’élection d’un gouvernement minoritaire conservateur servirait davantage les intérêts du Québec, lance-t-il au lendemain du second débat des chefs fédéraux où il attaque avec vigueur le programme du Parti libéral du Canada, sans épargner les néo-démocrates de Jagmeet Singh et les verts d’Annamie Paul.
« Moi, je veux que le Québec soit plus autonome, ait plus de pouvoirs, et il y a trois partis, le PLC, le NPD et le Parti vert qui veulent nous donner moins d’autonomie. Je trouve ça dangereux », déclare-t-il alors.
23 SEPTEMBRE
DUBÉ ANNONCE LES PRIMES POUR LES INFIRMIÈRES
Dans l’espoir de renflouer le paquebot de la santé, le ministre Christian Dubé annonce que le gouvernement donnera dorénavant des primes de 12 000 $ à 18 000 $ aux infirmières pour les attirer et les garder dans un réseau de la santé « dysfonctionnel », le temps qu’une « petite révolution » le rende vivable pour des employés désabusés par les heures supplémentaires obligatoires. Coût total de l’opération : 1 milliard $. « C’est beaucoup d’argent, mais on pense que la situation le justifie », explique François Legault.
19 OCTOBRE
UN DISCOURS INAUGURAL À SAVEUR ÉLECTORALE
Fierté nationale, réforme de la santé et transition vers une économie verte : François Legault donne un avant-goût de son programme électoral en prononçant un discours d’ouverture pour lancer une nouvelle session parlementaire.
Parmi les annonces qui retiennent l’attention, celle de lever l’état d’urgence sanitaire après la vaccination des enfants de 5 à 11 ans, quelque part au début de l’année 2022, retient l’attention.
« On n’est jamais à l’abri des surprises avec la pandémie, mais si tout va bien, cette vaccination devrait être terminée au début de 2022 », insiste François Legault.
21 OCTOBRE
37 000 PLACES EN GARDERIES « AU PLUS SACRANT »
Devant la grogne des parents vis-à-vis du nombre de places insuffisant en garderie et après avoir annoncé que chaque petit Québécois pourra profiter de ce service, François Legault abat ses cartes. Aux côtés de son ministre de la Famille, François Lacombe, il annonce qu’ils auront tous une place en garderie d’ici environ quatre ans. « On veut que ça démarre au plus sacrant, la construction des 37 000 places. [...] Je trouve ça long, trois ans et demi, mais on m’a promis que c’était un maximum », admet le premier ministre.
Pour y arriver, Québec doit toutefois relever un défi de taille : trouver 17 800 éducatrices supplémentaires, en pleine pénurie de main-d’œuvre.
30 OCTOBRE
CHICANE CHEZ LES LIBÉRAUX
Un conflit interne éclate au grand jour lorsque la cheffe libérale, Dominique Anglade, suspend de leurs fonctions deux de ses députés les plus en vue, Marie Montpetit et Gaétan Barrette, à la suite d’une dispute publique sur Twitter.
Quelques jours plus tard, la première est officiellement exclue du caucus après avoir fait l’objet de plaintes de harcèlement psychologique, ce qu’elle continue de nier.
Le second annoncera lui aussi peu après qu’il ne sera pas candidat aux prochaines élections, après deux mandats dont le premier fut marqué par une réforme du système de santé.
23 NOVEMBRE
UN RAPPORT EXPLOSIF SUR LES CHSLD
Rien n’a été fait pour préparer les CHSLD à l’arrivée de la COVID-19 au Québec, révèle un rapport explosif de la protectrice du citoyen qui met à mal la version donnée par l’ex-ministre de la Santé Danielle McCann à l’enquête de la coroner Géhane Kamel. Les partis d’opposition mettent de plus en plus de pression sur le gouvernement, notamment pour qu’il lance une enquête publique indépendante sur la gestion de la pandémie.
« Je pense que, si on demande aux Québécois “est-ce que vous voulez une quatrième ou une cinquième enquête ou si vous voulez qu’on agisse pour mieux donner les services aux aînés ?”, moi, je pense que les Québécois souhaitent surtout qu’on agisse », tranche François Legault, durant le bilan de sa session parlementaire.