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Réseaux sociaux : les poursuites en diffamation sont de plus en plus fréquentes

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Photo portrait de Anne-Lovely Etienne

Anne-Lovely Etienne

2022-06-23T11:00:00Z
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Prenez-vous toujours bien le temps de réfléchir avant de publier sur les réseaux sociaux? Il faudra manifestement être de plus en plus prudents, parce que les poursuites en diffamation se multiplient.  

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Publier des propos négatifs à propos de quelqu’un sur Instagram, Facebook, Twitter ou TikTok, ça peut avoir de grosses conséquences sur la vie de cette personne. Ça peut lui coûter son emploi, des amis, voir même une partie de sa santé mentale.    

Ce n’est donc pas surprenant que les gens veuillent se défendre quand ça leur arrive – et de plus en plus de personnes choisissent de le faire par la voie judiciaire.    

«Il y a une recrudescence de mises en demeure et de poursuites. Il faut être prudent sur les réseaux sociaux. Il faut faire attention à comment on présente les faits et de toujours les présenter de façon nuancée et d’éviter de faire des procès d’intention», indique Me Maryse Lapointe, fondatrice du cabinet Lapointe Legal et spécialisée en litige civil.     

«C’est sûr qu’avec une plateforme qui est publique, les gens peuvent faire des captures d’écran et ça peut se revirer contre nous», ajoute-t-elle.    

«Je pense que tout le monde doit réaliser que l’on doit faire attention à ce qu’on publie sur les réseaux sociaux. Que l’on soit un influenceur ou un PDG d’une entreprise, tout le monde doit faire attention!» renchérit Me Fady Toban, avocat au sein du groupe litige chez Langlois Avocats.   

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Des cas médiatisés  

Au Québec, par exemple, des poursuites concernant l’influenceuse Jessie Nadeau sont actuellement devant les tribunaux concernant de la diffamation liée aux réseaux sociaux. Elle-même poursuit en diffamation son ex-conjointe Marie Gagné. En parallèle, elle est poursuivie en diffamation par son ex-conjoint PH Cantin et une ancienne amie, Marie Le Bel.  

Dans ces affaires, plusieurs éléments issus des réseaux sociaux ont été déposés en preuves, par exemple des vidéos, des captures d’écran de conversations, de stories ou de TikTok.  

Les administratrices derrière la page de dénonciations anonymes «Dis son nom» sont aussi poursuivies en diffamation par l’une des personnes dont le nom apparaît sur la fameuse liste.  

On comprend donc que l’écosystème du web québécois est déjà touché par de telles histoires!

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Des échanges bouleversants 

La diffamation peut avoir des conséquences bien réelles dans la vie des gens qui en sont victimes. Des influenceurs et personnalités publiques qui disent avoir été victimes de salissage ont accepté de nous en parler sous le couvert de l’anonymat.  

Myriam*, une créatrice de contenu qui a plus de 100 000 abonnés sur Instagram, dit avoir été la cible de diffamation de la part d’une autre influenceuse, qui aurait en gros dit à ses abonnés que Myriam était hypocrite et qu’elle n'est pas aussi féministe qu’elle le prétend. «Ç’a pris des proportions auxquelles je ne m’attendais pas du tout. Durant deux semaines, j’ai reçu de la haine en pelletée sur les réseaux sociaux. J’ai passé un mois à pleurer, à ne pas feeler, à me remettre en question», raconte-t-elle. «Je croyais que c’était la fin de ma carrière. Je vis de mes réseaux sociaux et j’ai perdu de grosses campagnes. J’ai perdu au moins 20 000 $. Cette histoire a vraiment entaché ma réputation. Ç’a été tellement intense», poursuit-elle. 

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Charles* a de son côté envoyé une mise en demeure à la page «Dis son nom», qui regroupe des témoignages de personnes qui dénoncent leurs prétendus agresseurs sexuels, après être apparu sur la liste dans ce qu’il prétend être une campagne de salissage. «Ç’a été super anxiogène. J’ai commencé à consulter un psychologue. J’avais tellement peur. Je me disais “bye bye la carrière, bye bye la réputation sur la place publique”», confie-t-il, encore tourmenté par les événements. Une plainte avait également été formulée à son ordre professionnel. Il a été blanchi après une enquête.  

L’attention autour d’un cas de diffamation allégué peut être tellement intense que les gens qui continuent à suivre des personnes impliquées dans cette affaire se font à leur tour envoyer des messages désobligeants. La youtubeuse Alison* s’est notamment fait reprocher par un groupe de personnes de continuer à suivre sur Instagram des influenceurs qui faisaient l’objet de dénonciations. «Ces filles me disaient que le fait que je supportais des amis faisait en sorte que j’étais en train de perdre ma crédibilité. Le pire c’est que ç’a marché. J’ai unfollow des gens parce que j’avais vraiment peur. Je braillais ma vie. J’étais dans une culture de peur», relate-t-elle aujourd’hui. 

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Tout savoir sur la diffamation 

En quoi ça consiste, exactement, de la diffamation? Comment les réseaux sociaux viennent-ils changer la donne? On a posé plusieurs questions à Me Lapointe et Me Toban pour mieux comprendre

*Nous utilisons des prénoms fictifs car les personnes qui ont témoigné craignent des représailles. 

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