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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Réseau de la santé: Québec repousse son ultimatum sur la vaccination obligatoire

Les employés non vaccinés du réseau de la santé auront jusqu’au 15 novembre pour se conformer

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Photo portrait de Patrick Bellerose

Patrick Bellerose

2021-10-13T14:56:01Z
2021-10-14T04:11:43Z
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Québec plie et reporte d’un mois la vaccination obligatoire du personnel de la santé, afin d’éviter de « foncer dans un mur » avec le départ prévu de 22 000 employés en pleine pénurie de main-d’œuvre. 

• À lire aussi: L’Ordre des pharmaciens agite la menace de suspension

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Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a pris cette décision après trois nuits d’insomnie, alors que la date butoir de vendredi approchait à grands pas. « Cette nuit, j’ai très bien dormi. Donc, ça doit être bon signe », a-t-il confié en conférence de presse, hier.  

Les conséquences de l’ultimatum imposé par son gouvernement étaient tout simplement trop importantes. Il reste 4 % des employés du réseau de la santé qui ne sont pas vaccinés du tout. 

« Quand on additionne le départ potentiel des non-vaccinés au personnel qui est déjà manquant, [...] on se retrouve à ajouter une pression qui est beaucoup trop forte sur notre réseau. Et surtout, sur les travailleurs de la santé qui sont vaccinés, qui sont au front depuis plusieurs mois », a expliqué Christian Dubé.  

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  • Écoutez la rencontre Martineau-Dutrizac avec Richard Martineau et Benoit Dutrizac sur QUB radio:   

« Les différents scénarios qu’on nous a montrés étaient trop lourds de conséquences pour notre réseau », assure-t-il, si bien que le réseau de la santé s’apprêtait à « foncer dans un mur ». 

« Ce serait irresponsable », a déclaré le ministre, d’un air grave. 

Réseau fragilisé 

À ses côtés, sa sous-ministre adjointe, la Dre Lucie Opatrny, a expliqué que 600 lits de courte durée auraient dû fermer au Québec, ainsi que 35 salles d’opération. Celles-ci seraient venues s’ajouter aux 80 salles d’opération déjà mises en veilleuse.  

Certains établissements privés (RPA ou RI) auraient également dû fermer leurs portes puisqu’environ 50 % de leurs préposés aux bénéficiaires ne sont pas adéquatement vaccinés, affirme Christian Dubé.  

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a reporté hier l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire du personnel de la santé. En conférence de presse, il a annoncé que les employés du réseau de la santé auront un mois de plus pour obtenir leurs deux doses de vaccin contre la COVID-19.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a reporté hier l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire du personnel de la santé. En conférence de presse, il a annoncé que les employés du réseau de la santé auront un mois de plus pour obtenir leurs deux doses de vaccin contre la COVID-19. Photo Agence QMI, Joël Lemay

Même en acceptant de garder les quelque 7800 employés qui ont déjà reçu une première dose, la désertion du personnel aurait été similaire à celle qui a frappé le réseau durant la première vague de la pandémie, alors qu’il manquait environ 12 000 personnes. 

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« Et imaginez-vous qu’on a un réseau qui est beaucoup plus fragile qu’il y a 19 mois », a confié le ministre Dubé.  

Photo Agence QMI, Joël Lemay
Photo Agence QMI, Joël Lemay

Une telle vague de départs aurait accru la pression sur les gestionnaires pour utiliser le temps supplémentaire obligatoire, une mesure à laquelle le gouvernement Legault cherche justement à mettre un terme.  

Conséquences financières 

Québec accordera donc un sursis aux employés, qui auront jusqu’au 15 novembre prochain pour se conformer, sans quoi ils seront suspendus sans solde. 

Après le bâton, le gouvernement Legault agite maintenant la carotte : les récalcitrants demeurés en poste perdront temporairement leurs primes COVID-19 (de 4 % et 8 %) ainsi que le bonus de 15 000 $ annoncé récemment. « Ils toucheront leurs primes seulement s’ils se font doublement vacciner au cours des 30 prochains jours », a expliqué le ministre. 

Photo Agence QMI, Joël Lemay
Photo Agence QMI, Joël Lemay

Ils devront également continuer de se faire tester au moins trois fois par semaine. 

Date butoir

Alors que le ministre s’était montré jusqu’ici intraitable sur la date butoir, il a paru moins ferme sur la nouvelle échéance du 15 novembre. « Les critères qui nous font décider ça, aujourd’hui, devraient être les mêmes critères qu’on va réévaluer dans 30 jours », a déclaré M. Dubé.

  •   Écoutez la réaction de Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal:   

D’ici là, le ministre compte sur la réorganisation du réseau de la santé (notamment une diminution du recours aux agences privées et au temps supplémentaire obligatoire), ainsi que sur une campagne pour recruter 4300 infirmières afin de lui permettre de respecter son nouvel échéancier.

Des conséquences tragiques 

Les effets qu’aurait eus l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire du personnel de la santé

  • Fermeture de 600 lits de courte durée et 35 salles d’opération
  • Réductions de services importants dans 35% des CHSLD
  • Baisse des soins à domicile pour environ la moitié des régions 
  • Un laboratoire aurait perdu quatre de ses six employés
  • Réductions de services importantes à la DPJ et dans l’offre pour la santé mentale

Sources : Cabinet du ministre de la Santé et MSSs

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