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L'article provient de Le Journal de Montréal
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République démocratique du Congo: nouvelle offensive du M23 et des troupes rwandaises, 2900 morts à Goma

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2025-02-05T18:20:47Z
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Le M23 et les troupes rwandaises ont lancé mercredi une nouvelle offensive dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où ils ont déjà pris le contrôle de la ville de Goma lors de combats ayant fait au moins 2900 morts, selon un nouveau bilan de l’ONU. 

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Quelque «2000 corps ont été récupérés dans les rues de Goma ces derniers jours et 900 corps sont à la morgue», a dit la cheffe adjointe de la mission de l’ONU en RDC, Vivian van de Perre, précisant que ce bilan pourrait encore s’alourdir. Un précédent bilan faisait état de 900 morts.

Après s’être emparé la semaine dernière de la capitale de la province du Nord-Kivu, le M23 avait décrété unilatéralement un cessez-le-feu humanitaire censé être en vigueur depuis mardi. Il avait ajouté n’avoir «aucune intention de prendre le contrôle de Bukavu ou d’autres localités».

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Mais mercredi à l’aube, les combattants du groupe armé et les soldats rwandais ont mis en œuvre d’intenses combats contre les forces armées congolaises dans la province voisine du Sud-Kivu. Selon des sources sécuritaires et humanitaires, ils se sont rapidement emparés de la cité minière de Nyabibwe, à environ 100 km de Bukavu et 70 km de l’aéroport provincial.

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«C’est bien la preuve que le cessez-le-feu unilatéral qui avait été décrété était comme d’habitude un leurre», a réagi auprès de l’AFP le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya.

En plus de trois ans de conflit, l’armée congolaise (FARDC), réputée mal formée et minée par la corruption, n’a cessé de reculer. Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont été conclus, mais jamais respectés.

Des affrontements avaient déjà eu lieu la semaine dernière dans le Sud-Kivu, mais une accalmie s’était installée ces derniers jours. Selon des sources locales et militaires, ce répit a servi aux deux camps à se renforcer en troupes et matériel.

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Mercredi à Bukavu, grande ville d’un million d’habitants, une foule fervente, bougie à la main, s’est rassemblée pour une prière pour la paix.

La communauté internationale et des pays médiateurs comme l’Angola et le Kenya tentent de trouver une issue diplomatique à la crise, craignant un embrasement régional.

«Pas d’actions»

Selon des sources diplomatiques, la progression du M23 et des troupes rwandaises pourrait affaiblir le gouvernement du président congolais Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis 2019 et réélu pour un deuxième mandat en décembre 2023.

Kinshasa a exhorté la communauté internationale à sanctionner Kigali.

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«Nous voyons beaucoup de déclarations, mais nous ne voyons pas d’actions», a déploré mercredi la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, à l’issue d’une rencontre à Bruxelles avec son homologue belge Maxime Prévot.

Félix Tshisekedi et Paul Kagame doivent participer samedi à Dar es Salaam à un sommet extraordinaire conjoint de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU doit auparavant se réunir en urgence vendredi, à la demande de Kinshasa, pour évoquer la crise. Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), qui enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, a pour sa part assuré mercredi «suivre de près» la situation en RDC.

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Parallèlement aux laborieux efforts diplomatiques, plusieurs pays voisins ont d’ores ont indiqué renforcer leurs défenses.

L’armée ougandaise a annoncé la semaine dernière qu’elle adopterait «une posture défensive avancée» pour «empêcher les nombreux autres groupes armés» opérant dans l’est de la RDC d’«exploiter la situation».

Le Burundi a pour sa part accusé le Rwanda de «préparer quelque chose» et affirmé n’avoir pas l’intention de «se laisser faire».

Dans cette région meurtrie par plusieurs décennies de conflit, Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller les nombreuses ressources naturelles.

Le Rwanda nie et affirme vouloir y éradiquer des groupes armés, notamment créés par d’ex-responsables hutus du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.

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