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L'article provient de TVA Nouvelles

Rentrée scolaire: vivre dans le déni

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Luc Papineau est enseignant de français

2022-01-11T21:52:46Z
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Plus d’un quidam se presse de demander au gouvernement Legault de s’assurer que la rentrée des classes ait lieu le 17 janvier prochain. Chacun prêche pour sa paroisse comme ce groupe de pédiatres dans une lettre publiée dans le Journal de Montréal récemment.  

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Comme il est de bon ton de citer des études dans un texte sans en donner les références pour qu’on puisse vérifier la validité de celles-ci. 

Comme il est aussi rassurant d’affirmer que les écoles sont des milieux sécuritaires sans indiquer que plus de 40% des éclosions au Québec sont survenues dans ces lieux d’apprentissage. * Dans des écoles spécialisées, même des professionnels de la santé préfèrent y travailler avec des masques N95 pendant que leurs collègues enseignants portent les simples masques de procédure qu’on leur fournit. 

Comme il est également doux d’affirmer que «le risque d’hospitalisation relié au variant Omicron est plus faible qu’avec le variant Delta, autant chez les enfants que chez les adultes» tout en oubliant que, comme ce variant est plus contagieux, il touche plus d’individus et génère plus d’hospitalisations, de morts et de situations de délestage. Suivant la logique de certains médecins qui ne relève sûrement pas de l’épidémiologie, on aurait donc pu alléger les mesures sanitaires dès l’arrivée de ce variant en décembre 2021 et le nombre de morts en augmentation que nous constatons dans nos hôpitaux est assurément une aberration statistique. 

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Comme il est enfin émouvant d’affirmer que les jeunes sont pris «en otage» tout en séquestrant le personnel de la santé à coup de temps supplémentaire obligatoire et de report des périodes des vacances parce que nos hôpitaux débordent... 

Le télé-enseignement et la fermeture des écoles que nous vivons actuellement sont-ils des recours agréables et sans conséquences? Comme enseignant qui a vécu durement ces trois tristes épisodes avec mes élèves, je n’ai pas sauté de joie le 20 décembre dernier. Je pense à mes jeunes, à leurs parents, à leur famille, à leurs proches. 

Je les côtoie virtuellement chaque jour et ils me manquent. Mais comme citoyen, je n’oublie pas qu’actuellement, dans nos hôpitaux, nous vivons une situation de guerre depuis des mois. Je sais aussi qu’il ne faut pas être devin ni pédiatre pour comprendre qu’ouvrir les écoles présentement et sans des mesures sanitaires supplémentaires à ce que le gouvernement Legault prévoit entrainera une augmentation significative des hospitalisations, des morts et des situations de délestage au cours des prochaines semaines. Il suffit de regarder la situation en France – qui a décidé d’aller de l’avant avec la réouverture des classes - pour voir la réalité qui sera la nôtre sous peu. Et on ne parle pas de ces classes qui seront refermées d’ici quelques jours ou sans enseignant avec tous les bouleversements que cela entrainera. 

Finalement, en pensant aux tragiques événements que nous vivons, je me demande si, dans un effort éducatif, au lieu de faire la morale aux enseignants, ce groupe de pédiatres n’aurait pas été mieux de souligner davantage ce que la contribution et les efforts de nos jeunes, additionnées à ceux de centaines de milliers d’autres personnes, permettent de donner à ceux qui sont faibles ou malades. Ils leur auraient ainsi montré comment on peut contribuer au vivre-ensemble et à quel point la solidarité permettent de sauver des vies et de donner un sens à son existence. Peut-être vivrions-nous moins souvent des épisodes semblables à ceux de ces influenceurs en avion qui se sont moqué de la société québécoise en ne pensant qu’à leur propre plaisir ?  

Luc Papineau, Enseignant de français

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